Selon l'ex-président Sepp Blatter
«La FIFA veut quitter Zurich»

Il a beau ne plus en être le président, Sepp Blatter n'est jamais à l'abri de lâcher une «bombe» à propos de la FIFA. Dernière affirmation en date du Valaisan? Il assure à Blick que, malgré les dénégations récentes, l'instance mondiale veut quitter Zurich.
Publié: 20.11.2022 à 13:37 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2022 à 13:44 heures
Le siège de la FIFA sur le «Züriberg» sera-t-il bientôt vide?
Photo: Keystone
Tobias Marti

Le «Züriberg», monticule qui surplombe le centre-ville de Zurich, est connu pour son zoo mais surtout pour abriter le siège social de la FIFA, la puissante Fédération internationale de football. C'est depuis là que l'instance dirigeante du ballon rond a toujours communiqué.

Alors, lorsque le courrier semble ne plus provenir du Züriberg, cela met la puce à l'oreille d'un individu qui connaît très bien l'instance: l'ancien président de la FIFA Sepp Blatter, le pape déchu du football. Même s'il s'apprête à suivre pour la première fois une Coupe du monde depuis son salon, le Valaisan reçoit encore quelques informations internes.

«Les documents officiels relatifs au congrès électoral de la FIFA ont été envoyées aux fédérations nationales depuis Doha, explique Sepp Blatter à Blick. C'est intéressant, puisque cela n'a pas transité par le siège principal de Zurich.»

Voilà qui ne va pas faire taire les rumeurs insistantes sur un éventuel déménagement. Le président actuel, Gianni Infantino, a beau assurer en public que ce n'est pas à l'ordre du jour («La FIFA reste à Zurich!»), Sepp Blatter est convaincu du contraire. «Le fait qu'Infantino veuille quitter Zurich est un secret de polichinelle», assure l'octogénaire.

Transfert en cours aux États-Unis

C'est bien plus qu'une rumeur, parce que beaucoup sont déjà partis. À commencer par... le président lui-même: comme l'avait révélé Blick, Gianni Infantino a déplacé son activité au Qatar. Et toute sa famille l'a suivi.

Le département compétition de la FIFA est lui aussi parti direction Paris. À l'Hôtel de la Marine, un luxueux bâtiment. «Il appartient d'ailleurs à l'Emir du Qatar», glisse volontiers Sepp Blatter.

Faut-il y voir le signe d'un déplacement dans la capitale française? Dans l'entourage de la FIFA, on y croit pas. Parce que l'instance mondiale du football craint la protection rigide des salaires dans l'Hexagone. Les employés de la FIFA bénéficieraient alors de postes quasi inamovibles, alors que l'association a fait de la fluctuation à ses postes importants une spécificité.

Blanchi cet été par la justice suisse (comme Michel Platini), Sepp Blatter n'a pas perdu sa verve.
Photo: AFP

Et ailleurs? Des cercles bien informés rapportent ainsi que le secteur sponsoring et marketing devrait être délocalisé aux Etats-Unis, dès l'année prochaine. Longtemps, New York a été évoqué, mais l'Etat du Delaware, à la fiscalité avantageuse, serait désormais privilégié. Les contrats de travail des collaborateurs de la FIFA auraient déjà été modifiés pour les Etats-Unis, selon nos informations.

Interrogé à ce sujet, le service de communication ne veut rien dire. On peut imaginer une justification similaire que celle de Gianni Infantino lors de son transfert au Qatar, puisqu'il avait expliqué qu'il devait être sur le lieu de la prochaine Coupe du monde. Or, l'édition 2026 se déroule aux États-Unis, en plus du Mexique et du Canada.

On prête au successeur de Sepp Blatter, qui sera très probablement réélu l'année prochaine sans avoir à combattre — il est le seul candidat —, une relation difficile avec sa patrie d'origine. Faut-il y voir une explication dans son discours enflammé de samedi? «Je suis le fils de travailleurs immigrés. Mes parents ont travaillé dur, en Suisse. J'étais roux avec des tâches de rousseur et j'ai été rudoyé («bullied»).»

«Si cela ne vous plaît pas, allez au Qatar»

Les observateurs attentifs n'ont pas manqué de constater à quel point Gianni Infantino aimait souligner son italianità en tant que secrétaire général de l'UEFA. Beaucoup pensaient — entre autres à cause de son nom — qu'il était Italien.

Las pour le résident de Doha, il est bien Suisse, et c'est avec notre justice qu'il a maille à partir. Une procédure est encore en cours à Berne. Mais certains, dont l'expert en matière de lutte contre la corruption Mark Pieth, ne croient pas que cela va aboutir à quelque chose. «On peut oublier la justice suisse, elle fait partie du problème», affirme-t-il cette semaine dans la «Schweizer Illustrierte».

Le «chasseur de corruption» raconte d'ailleurs une anecdote sur les envies de déménagement de la FIFA. Il y a dix ans, alors qu'il siégeait au comité d'éthique, il avait lancé à l'adresse des fonctionnaires de la FIFA ce qui était alors une moquerie: «Si le droit suisse ne vous plaît pas, il ne vous reste qu'à déménager au Qatar.» La réalité l'a rattrapé.

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