Lorsque Patrick Foletti a pris le train qui le ramenait en Suisse depuis Milan, le soir du 2 août, il avait déjà tout compris. «Je me rappelle très bien m'être dit que Yann allait arrêter. Il ne l'avait pas officialisé, mais c'était clair pour moi», explique l'entraîneur des gardiens de l'équipe de Suisse. L'annonce n'est tombée que le 19, au cours d'une conférence de presse organisée par l'ASF et son gardien emblématique, celui qui gardait les cages de la Nati depuis dix ans en tant que numéro 1. Mais «Fox» l'avait déjà senti, en premier, dans un hôtel milanais, dix-sept jours avant.
Ce jour-là, Patrick Foletti est «missionné» par Murat Yakin pour aller trouver Yann Sommer et parler de l'avenir. «Murat est le sélectionneur, le patron. Comme l'était Vladimir Petkovic et comme l'était Ottmar Hitzfeld. Mais je suis entraîneur des gardiens et il a décidé de m'envoyer vers Yann pour avoir cette conversation.» Patrick Foletti prend donc le train en direction de Milan et retrouve Yann Sommer dans un hôtel. La conversation est longue, riche, franche.
Aurait-il été numéro 2?
Que se disent-ils exactement? Patrick Foletti ne dévoile pas la conversation dans le détail, mais probablement les deux hommes évoquent-ils la petite phrase de Murat Yakin, lâchée en plein milieu d'une interview accordée à Blick dans la foulée de l'Euro. Ce jour-là, le sélectionneur dit clairement que le gardien qui sera dans les buts à la rentrée de septembre sera le même que celui qui sera chargé d'amener la Nati à la Coupe du monde 2026. Yann Sommer aura alors 37 ans... Le message est clair. Mais il ne sera jamais officialisé, même si l'information fuite chez Blue, peut avant ce fameux 19 août: Murat Yakin a fait son choix, le nouveau numéro 1 s'appelle Gregor Kobel.
Afin de ménager les egos, cette information n'a jamais été confirmée. Officiellement, Yann Sommer prend sa retraite de son plein gré, au sommet de son art, et Gregor Kobel lui succède parce qu'il arrête. Cette version est celle qui restera dans les livres d'histoire. Est-elle conforme à la réalité à 100%? Ou la retraite de Yann Sommer découle-t-elle de la volonté (supposée? fantasmée?) de Murat Yakin de faire de Gregor Kobel son numéro 1? D'autres «insiders» veulent croire, ou font en tout cas passer le message, qu'un deal secret avait été passé en mars et que tout était déjà arrangé... ce qui expliquerait la bonne humeur de Gregor Kobel à l'Euro, vu qu'il savait, toujours selon ces rumeurs, qu'il serait le numéro 1 dès la fin du tournoi.
Quelques petits détails qui interpellent...
En une phrase comme un mille: personne ne le saura jamais à l'exception des principaux intéressés. Et le principal, au fond, est qu'aucun clash n'ait éclaté et que la solution trouvée convienne à tout le monde, du moins en surface. La transition s'est faite en douceur, mais deux micro-événements viennent toutefois faire un léger accroc dans la version idyllique. Tout d'abord, la réaction glaciale de Yann Sommer lors de sa conférence de presse lorsqu'il a été question de son successeur. Et la réponse de Gregor Kobel ce mercredi à Copenhague sonne également étrangement. Après les compliments d'usage au sujet de Yann Sommer, le Zurichois a indiqué ne pas avoir été encore en contact avec lui depuis l'annonce de sa retraite. Pas un message, pas un téléphone, pas un like sur Instagram. Rien. Si la transition se fait en douceur, elle ne se fait pas, disons, avec chaleur.
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Qu'en pense Patrick Foletti, d'ailleurs? «Yann a choisi le bon moment, ce qui est très dur pour un sportif. Il y a 1000 exemples de sportifs qui laissent passer le bon moment pour arrêter. Et je parle aussi d'autres sports, pas juste de football. Il sort par la grande porte. D'un côté, je suis heureux, parce qu'il a choisi le bon moment. Et de l'autre, je suis triste, parce qu'on ne balaie pas dix ans de travail commun comme cela.» A lui maintenant de construire sa relation avec Gregor Kobel, un homme avec lequel il assure avoir une «communication honnête et franche».
Au pied, cela ne changera rien, assure Patrick Foletti
Sur le plan purement technique, la Suisse va-t-elle devoir s'adapter au style de son nouveau gardien? Moins performant au pied que Yann Sommer, moins précis, Gregor Kobel est un gardien extrêmement dominant, mais avec lequel la Nati pourra peut-être moins construire depuis derrière. Patrick Foletti ne partage pas forcément ce constat. «Je pense que cela ne va pas changer grand chose. Gregor a beaucoup progressé au pied et cette saison, les schémas de relance sont similaires à Dortmund et en équipe de Suisse. Granit Xhaka et Remo Freuler vont continuer à venir chercher les ballons comme ils le faisaient avec Yann. Il n'y a pas de raisons que cela change.»
Plus grand, plus puissant, Gregor Kobel amènera en oute une arme supplémentaire à l'équipe de Suisse: son jeu long. «Oui, il va nous apporter une certaine capacité à sauter les lignes, à jouer long directement en zone 3», se réjouit Patrick Foletti. A vérifier dès ce jeudi à Copenhague, dès 20h45!