Oui, cette Coupe du monde des clubs rajoute des matches au calendrier. Oui, la saturation guette en Europe. Oui, la course au fric règne. Non, la date n’est pas idéale et oui, Rodri s’est déchiré les ligaments parce qu’il joue trop. Tout ceci est vrai, je signe des deux mains. Et bien des gens affirment que pour toutes ces raisons, la Coupe du monde des clubs ne doit pas avoir lieu. Je respecte. Mais je n’adhère pas. Je défends ce tournoi pour une seule raison, essentielle à mes yeux: il permet de faire un pas dans la direction d’un rééquilibrage bienvenu entre les différentes régions du globe. Les clubs africains, sud-américains, asiatiques, nord-américains et océaniens sont invités, ils ont leur chance, ils sont là. Et c’est, pour moi, un argument massif, qui surpasse tous les défauts de cette compétition mal née, mais bien pensée.
L’Europe, c’est un fait, s’est accaparé avec arrogance les talents africains et sud-américains depuis plus de 50 ans. Il est inconcevable aujourd’hui qu’un talent comme Pelé passe sa carrière à Santos et ne signe pas au Barça, au Bayern ou à Manchester. L’Europe est devenu l’épicentre du football mondial et il est particulièrement plaisant de constater aujourd’hui que la FIFA fait un léger pas en direction du reste du monde en mettant sur pied cette Coupe du monde des clubs, qui concerne tous les continents.
Qu’on se comprenne bien: les championnats nationaux devraient toujours avoir la priorité, et je suis de ceux qui pensent que le PSG doit jouer en championnat contre Guingamp et que le Real doit continuer à affronter Huesca. Mais qu’une fois tous les quatre ans, les meilleures équipes du monde se retrouvent pour savoir qui est la plus forte, exactement comme la Coupe du monde des nations, voilà qui a un certain panache. Je le redis: une fois tous les quatre ans, pas plus, voir s’affronter Dortmund et Palmeiras, Chelsea et les Seattle Sounders, l’Atletico Madrid et Zamalek, je dis oui. Un grand oui, même.
Evidemment que Gianni Infantino n’agit pas par pur idéalisme et que les intérêts financiers derrière sont énormes, je ne suis pas encore assez naïf pour croire que la prochaine Coupe du monde des clubs sera organisée au Paraguay, en Oubékistan ou en Tanzanie. Evidemment que les milliards lâchés par l’Arabie Saoudite ne me ravissent pas et que je ne crois pas trop (allez, pas du tout) à la théorie du ruissellement que l’on nous sert depuis quelques jours. Mais sincèrement, cette Coupe du monde des clubs est un pas dans la bonne direction, dans l’universalisation du football. Elle montre que l’Europe n’est plus seule au monde. Ce message-là me plaît.
Un argument en plus: vu que la FIFA n’a pas trouvé de diffuseur, elle sera diffusée intégralement gratuitement sur DAZN. Oui, gratuitement. Avec des pubs, d’accord. Mais tout de même, alors que tout le monde gueule sur le prix à payer pour voir du «fote» à la TV, voilà un pas de plus dans la bonne direction.