Pia Sundhage dégage une certaine autorité naturelle, qui lui vient, sans doute, de son immense expérience et de son parcours très riche. La Suédoise n'a pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre et sa force de persuasion réside dans son discours, pas dans la tonalité ou la vigueur de celui-ci. La technicienne le sait: en venant en Suisse, elle se retrouve en position de force au sein d'une sélection qui a plus besoin d'elle que le contraire. Certes, l'Euro arrive et elle se réjouit de le vivre en tant que coach de la nation hôte, mais Pia Sundhage a beaucoup à apporter au football suisse et elle en est parfaitement consciente.
Ainsi, vendredi, après la débâcle 0-6 subie face à l'Allemagne, elle a cherché les moyens d'aider son équipe à relever la tête et à arriver en confiance en Angleterre trois jours plus tard. Une mission pas forcément simple, car le risque d'une nouvelle claque était grand. Les Lionnes, chez elles, sont capables de dévorer tout le monde et deux gifles pour finir l'année 2024 n'auraient pas été la meilleure manière de préparer 2025, l'année la plus importante du football suisse féminin avec cet Euro à domicile. En une phrase comme en mille: il fallait resserrer les boulons, sous peine de perdre la confiance emmagasinée face à l'Australie (1-1) et la France (2-1) lors du précédent rassemblement.
Se relever sans élever la voix
Alors, boss, comment fait-on pour se relever d'un 6-0 à l'heure d'aller défier les vainqueures du dernier Euro chez elle? La réponse de Pia Sundhage a été plus tactique que psychologique. Ou disons qu'elle a misé sur le fait de progresser dans le QI football pour soigner les têtes que l'inverse. «On a beaucoup travaillé tactiquement ces trois jours», révèle Smilla Vallotto, excellente à mi-terrain du haut de ses 20 ans. «La coach a beaucoup insisté là-dessus», enchaîne la Genevoise, ce que Pia Sundhage confirme bien volontiers.
«Le match contre l'Allemagne nous a donné un feedback clair: il fallait mieux défendre. Et cette équipe a envie d'apprendre, ces filles sont déterminées et à l'écoute», assure la Suédoise, qui a opté pour un 5-4-1 d'entrée, plutôt que pour un 5-3-2 avec deux attaquantes comme contre l'Allemagne. Très décevante vendredi, Alisha Lehmann est allée s'asseoir au bout du banc mardi, mais ce changement n'explique pas à lui tout seul la bonne tenue de l'équipe. Surtout qu'en ayant encaissé le 1-0 après 8 minutes à Sheffield, le risque était grand de s'écrouler à nouveau, même face à une Angleterre B.
«La clé, c'est de toujours trouver l'équilibre entre le courage et l'intelligence. Avoir envie, c'est bien, mais il ne faut pas être naïves, il faut essayer de bien contrôler la partie. En première période, nous avons joué trop bas. Après la pause, c'était mieux, on a pressé plus haut, on a mieux attaqué, on a mieux gardé le ballon. Je suis quelqu'un de toujours heureuse et optimiste, et j'ai des raisons de l'être ce soir», s'est réjouie Pia Sundhage.
Des ajustements ont même eu lieu à la pause, détaille Smilla Vallotto. «On a regardé des vidéos à la pause, on a vu quoi travailler et améliorer en deuxième période et ça a payé», assure la milieu de terrain, satisfaite du contenu après la pause, malgré la défaite 1-0. Comme quoi, Pia Sundhage a su faire grimper le niveau de ses joueuses sans élever celui de sa voix.
Les jeunes ont saisi leur chance
La sélectiionneur, justement, rappelait que de nombreuses joueuses étaient absentes, y compris des cadres comme Lia Wälti, mais que la Nati avait tout de même livré une prestation plus qu'encourageante. «Je vais vous répéter quelque chose que nous disons souvent aux jeunes: 'Ce soir, nous vous donnons une chance. Prenez là!' Plusieurs l'ont fait ce soir.» Comme par exemple Iman Beney, la grande gagnante de la bataille de Sheffield, bien sûr, mais aussi Noemi Ivelj, laquelle a également été très convaincante en deuxième période. Une satisfaction d'autant plus grande que le cadre pouvait être intimidant dans ce stade de Bramall Lane, haut-lieu du football anglais, quasiment à guichets fermés ce mardi. «C'était cool, cette ambiance et cette atmosphère. C'est très bien aussi pour nous préparer à l'Euro chez nous», assure Pia Sundhage, laquelle, comme tout le monde du côté de l'ASF, espère que les stades suisses seront tout aussi remplis en juillet prochain.