Il y a le feu à Marseille! Alors que l'entraîneur Marcelino a annoncé son départ, et qu'un match d'Europa League va se dérouler ce jeudi soir à Amsterdam dans l'indifférence générale, l'OM brûle en coulisses.
Son président Pablo Longoria ainsi que trois autres membres du directoire se sont ainsi «mis en retrait» après une séance très houleuse lundi avec les représentants de certains groupes de supporters. Le dirigeant espagnol s'est senti menacé et a accordé une longue interview à La Provence où il se livre sur son état d'esprit, sans préciser s'il s'apprête à quitter le club ou non.
Il est toujours officiellement président de l'OM
«Ce qui est arrivé lundi est inadmissible. Ce qui s'est produit est la conséquence de choses qui se passent depuis longtemps. Les limites ont été dépassées», a-t-il déclaré à La Provence, en glissant toutefois qu'il était toujours officiellement le président de l'OM et qu'il n'avait pas formellement démissionné. Le propriétaire Frank McCourt a simplement reçu sa «mise en retrait».
Pablo Longoria a très mal vécu cette réunion, lors de laquelle son intégrité a été remise en cause. «La saison dernière, des insinuations selon lesquelles j’avais volé de l’argent avec les transferts sont arrivées jusqu’au groupe McCourt. Pour me protéger, j’ai dû demander au groupe McCourt d’auditer toutes nos opérations par un cabinet indépendant, pour démontrer qu’on était transparent. J’ai donné tous mes comptes bancaires, mes téléphones, mes e-mails, tout… Il en est sorti qu’on était clean! J’ai tout donné, jusqu’à des conversations privées avec ma mère», a-t-il révélé.
La limite repoussée?
« Tous ces mouvements sont basés sur le fait de faire peur», estime-t-il, avant de détailler le mécanisme derrière ces intimidations.
«Si tu fais ça, on va te calomnier, on va sortir un dossier sur toi», lui auraient déclaré plusieurs fois les membres de cet «environnement marseillais» si particulier. «Vous savez combien de fois je l’ai vécu ces derniers mois? Beaucoup. C’est pour ça aussi que j’ai décidé qu’on ouvre un audit parce que je voulais donner à mon propriétaire de la confiance, lui montrer qu’il n’y avait rien. J’ai compris que ça avait dépassé la limite. On s’est posé la question: où est la limite ? Lundi, je me suis dit qu’elle était encore beaucoup plus loin que ce que je pensais.»
«Cela avait commencé par des insinuations et ça arrive jusqu’à la menace. Je ne peux pas accepter ça, je ne peux pas entendre qu'à Marseille c’est comme ça. C’est pour cela que l’on a dit mardi que dans les conditions actuelles, il était impossible de travailler. Vous me comprenez maintenant, non? Ce n’est pas normal qu’un dirigeant de football soit menacé. Qu’il soit critiqué oui, on est payé pour ça. Mais menacé… »
«J'ai pu parler deux minutes, puis on m'a coupé et ça a dérapé très vite... On nous a dit: +Démissionnez tous les quatre, sinon c'est la guerre. Les limites ont été dépassées. En 2023, un dirigeant de n'importe quel club ne peut pas subir ces menaces. Je ne les accepte pas. Je n'ai pas eu peur, mais j'étais choqué, je considère que ce n'est pas normal», a-t-il encore témoigné.
Des compétents à tous les postes, pas du copinage
Concernant les accusations de copinage, il s'en est âprement défendu. «Quand je suis devenu président, j'étais seul, sans aucun collaborateur. J'ai cherché à donner de la continuité, comme dans tous les clubs dans lesquels je suis passé. Il faut analyser les gens en place et les respecter. Mais je me suis ensuite rendu compte que des gens à l'intérieur du club ne disaient pas la vérité. J'ai donc voulu trouver un groupe de collaborateurs d'experts et de confiance: ça, c'est du copinage?», s'est interrogé Pablo Longoria.
Concernant une éventuelle démission, Pablo Longoria a insisté sur son rôle et sa responsabilité: «Je représente une institution. J'ai un mandat donné par le propriétaire et le conseil de surveillance. Je dois assumer mes responsabilités.»
Il a cependant estimé qu'il était «impossible de travailler avec le statu quo actuel» et qu'il fallait que «tous ceux qui aiment le club aillent dans une direction qui le fasse devenir un club de football qui, tout en gardant son ADN, puisse fonctionner avec un minimum de normalité».
Les responsables des groupes de supporters nient les menaces de mort
Des responsables de groupes de supporters ont cependant nié mercredi toute menace de mort ou demande de démission de Marcelino, et demandé à rencontrer Frank McCourt afin de lui exposer leur version des faits.
A noter que plusieurs pétitions ont été lancées ces dernières heures pour demander le maintien en place de Pablo Longoria, que beaucoup d'observateurs et de supporters estiment être le meilleur président de l'Olympique de Marseille depuis le mandat du regretté Pape Diouf.