La Suisse s'est inclinée à Leskovac, tout au sud de la Serbie, ce samedi et Murat Yakin a vu, à juste titre, une différence fondamentale entre les deux équipes: l'envie de se faire mal.
«Regardez leur 2-0, la balle allait sortir et Aleksandar Mitrovic est allée la chercher. Il a mis un but magnifique. Ce genre d'actions nous a manqué», a regretté le sélectionneur de la Nati, qui a vu une équipe de Serbie plus combative que la sienne. «Ils ont été plus agressifs dans les duels, plus mordants.»
Le symbole a donc été ce deuxième but, avec un ballon qui semblait perdu côté gauche et qu'Aleksandar Mitrovic est allé chercher avec énormément de détermination malgré sa relative lenteur. Alors que 99% des spectatrices et spectateurs pensaient que le puissant attaquant allait arriver trop tard, il a pu le sauver d'une sortie en touche et a repiqué au centre avant d'abuser aussi bien Manuel Akanji que Gregor Kobel. Un but splendide, dans l'attitude et dans la finition.
Dans les duels défensifs aussi, l'arrière-garde serbe a montré qu'elle n'était pas là pour rigoler, notamment Nikola Milenkovic et Strahinja Pavlovic, qui ont fait très mal à Breel Embolo à plusieurs reprises, sans jamais dépasser les limites. Les Serbes ont été costauds, les Suisses fragiles, voilà tout.
Des faits de match dans le mauvais sens
Les Orlovi l'ont donc emporté sur le terrain de l'agressivité, dans le sens le plus noble du terme. Pour ce qui est du jeu avec ballon, sur une pelouse jugée compliquée, ce qui a fait sourire son homologue Dragan Stojkovic («Il me semble que c'était bien pire à Genève pour Suisse-Espagne...»), Murat Yakin n'était pas totalement négatif malgré la défaite 2-0.
«Nous avons eu une grande partie du match sous contrôle, nous avons joué de manière dominante. Mais nous n'avons pas converti nos chances. Nous avons encore encaissé un but sur autogoal, nous avons manqué un penalty... Il y a beaucoup de choses qui tournent en notre défaveur récemment. Ce n'est pas une question d'organisation défensive défaillante, car avant cette ouverture du score inutile sur coup de pied arrêté, nous n'avions pas été mis hors de position», a-t-il regretté.
Non, la Nati n'a pas perdu la flamme
L'équipe de Suisse, défaite trois fois en trois matches lors de cette Ligue des Nations, a-t-elle perdu la flamme née pendant l'Euro? Murat Yakin ne veut pas s'aventurer sur ce terrain. «On ne peut pas comparer l'euphorie d'un Euro avec ces matches. Mais c'est vrai que ça m'énerve un peu de voir que nous n'arrivons pas transposer sur le terrain ce que nous avons travaillé. Nous avons généré beaucoup d'enthousiasme cet été en Allemagne, mais il ne faut pas croire que l'équipe a moins de joie. Au contraire! Les gars ont du plaisir à venir et quand je vois d'autres nations qui n'arrivent pas à convaincre leurs meilleurs joueurs de venir pour cette Ligue des Nations, je constate que ce n'est pas notre cas. L'ambiance est top dans l'équipe, les joueurs ont envie de bien faire. Simplement, il faut bien accepter que les événements ne tournent pas dans notre sens.»
Si aucun joueur n'a réussi à surnager ce samedi, Dan Ndoye et Gregor Kobel exceptés, Murat Yakin s'est dit satisfait de l'attitude de Granit Xhaka, dans un contexte compliqué sur le plan individuel. «Il a cherché à proposer des solutions, comme on le connaît. Il a pris des bonnes décisions, mais ce n'était pas simple sur le plan technique non plus, l'adversaire a fait un marquage individuel sur lui.» En plus de la pression mise par le public serbe en début de match, laquelle a bien vite disparu d'ailleurs.
Qui est le tireur de penalty? La réponse est: personne
Enfin, dernière question, pas la moindre: qui devait tirer le penalty manqué par Breel Embolo? Comme au Danemark pour le premier match post-Shaqiri, Murat Yakin a expliqué que le plan était... de ne pas avoir de plan.
Dans les faits, Granit Xhaka et Manuel Akanji ont la responsabilité, sur le terrain, de savoir qui va tirer. Le sélectionneur laisse les joueurs libres de s'organiser, en fonction du déroulement du match, du ressenti et de la confiance de chacun. Peut-être serait-il judicieux pour les prochaines rencontres de décider d'une stratégie en amont au vu de l'échec de Breel Embolo ce samedi et, surtout, du léger flou qui a précédé le tir. «Il a voulu forcer le destin et faire tourner les choses du bon côté pour lui. Il a raté, mais personne ne peut lui en vouloir. Il s'est excusé auprès de l'équipe», a expliqué Murat Yakin. sans dire s'il allait désormais désigner un tireur ou non. Le bon sens voudrait qu'il le fasse.