Tout comme Murat Yakin et Pierluigi Tami, le sélectionneur serbe Dragan Stojkovic ne veut pas faire de ce match entre la Serbie et la Suisse autre chose qu'une affaire footballistique. L'ancien génial numéro 10 s'est exprimé à la veille d'affronter la Nati, dans le joli petit stade de Leskovac, tout au sud du pays, et, à l'en croire, les Suisses seront bien accueillis en dehors du terrain... mais aussi dessus pendant les 90 minutes de la partie!
«La Suisse se qualifie depuis près de vingt ans pour tous les grands tournois, ils ont une qualité individuelle et collective remarquable. Et comme vous le savez, nous nous connaissons très bien», a souri «Piksi» Stojkovic, en faisant référence aux matches de 2018 et de 2022 qui avaient tous deux débouché sur des victoires suisses, mais aussi des polémiques à foison.
«Granit Xhaka, l'alpha et l'omega du jeu suisse»
«Quand je dis que nous nous connaissons bien, je parle de tactique et de système. Il n'y aura pas de surprise. Pour le reste, la Suisse est tellement forte que ce sera un beau défi pour nous. Nous espérons les battre dans une belle atmosphère et faire plaisir à nos fans», a encore dit le sélectionneur serbe, qui se savait cependant attendu sur un autre terrain, celui des relations très fraîches entre certains de ses joueurs et Granit Xhaka. Il n'a pas esquivé le sujet, d'ailleurs.
«Concernant Granit Xhaka, j'ai déjà dit que c'était un des meilleurs milieux de terrain d'Europe. Je le redis aujourd'hui. Il est l'alpha et l'omega du jeu suisse, donc si nous voulons avoir une chance de faire un bon résultat, il faudra le stopper. Et pour cela, nous devons nous concentrer sur le jeu, trouver les bons moyens pour limiter son influence. J'appelle tout le monde au fair-play, à ce qu'il n'y ait aucun problème pendant le match. J'en ai parlé à mes joueurs, je leur ai dit que nous n'avons pas besoin de faire preuve de provocation et j'espère que ce sera le cas d'un côté comme de l'autre. Nous devons nous concentrer sur le jeu.»
«Oui, il y aura un problème Xhaka samedi»
Est-il inquiet de potentiels débordements avec Granit Xhaka, comme lors de la Coupe du monde 2022 alors qu'il était sélectionneur? La réponse fuse. «Ce qui m'inquiète avec Granit Xhaka, c'est que c'est un grand joueur. Oui, il y aura un problème Xhaka samedi, mais ce sera un problème footballistique pour nous. Le reste, tout ce à quoi vous pensez, on ne doit pas s'en approcher, ce n'est pas utile», a enchaîné Dragan Stojkovic.
Interogé sur l'absence de Xherdan Shaqiri, qui a pris sa retraite internationale, l'ancien numéro 10 de la grande équipe de Yougoslavie a complimenté «Shaq». «Il a eu une grande carrière, c'est un super joueur, mais tout a une fin. Il a pris la décision d'arrêter, comme certains de nos joueurs», a répondu Dragan Stojkovic, sans en rajouter.
Il est vrai que l'équipe de Serbie a passablement changé après son Euro raté. Il a longtemps été question de la démission du sélectionneur, mais il est finalement resté. Dusan Tadic a arrêté, Sergej Milinkovic-Savic n'est pas là, et Dusan Vlahovic n'a pas été sélectionné, lui qui avait manqué le dernier rassemblement pour «raisons familiales». Tant mieux pour la Suisse, tant le buteur de la Juventus semble en forme. «Nous avons la moitié de l'équipe absente, mais je n'en fais pas une excuse. Les joueurs qui sont là méritent d'être là et ont leur chance», a appuyé le sélectionneur serbe, qui n'a pas fait de commentaire particulier sur le «cas Vlahovic», qui suscite pourtant de nombreux commentaires depuis plusieurs jours.
Il sait déjà qui va jouer d'entrée
«Les joueurs dont je peux parler sont ceux qui sont là. Je suis satisfait de comment ils ont travaillé cette semaine, comment ils se sont comportés. Nous n'avons aucun blessé, tout le monde est prêt. Je sais d'ailleurs exactement qui sera titulaire, les joueurs aussi... mais je ne vais rien vous dire aujourd'hui». a souri le technicien serbe.
Un joueur qui est bien là, et qui sera capitaine d'ailleurs samedi face à la Suisse, s'appelle Aleksdandar Mitrovic (30 ans), lequel a pourtant manqué le dernier rassemblement et les deux matches face à l'Espagne et au Danemark. L'avant-centre d'Al-Hilal (Arabie saoudite) a-t-il boycotté la sélection, comme Kylian Mbappé avec la France, prétextant une blessure légère, voire inexistante? Il n'a pas fui la réponse.
Aleksandar Mitrovic: «Je ne veux me justifier devant personne»
«Je comprends que les journaux et la télévision parlent de toutes sortes de choses, et que les clics sont importants financièrement. Je ne veux et ne dois me justifier devant personne. Je sais qui je suis, ce que je suis et combien j'ai donné pour l'équipe nationale. Il est important pour moi que l’entraîneur et les supporters le sachent. J'ai eu une blessure que j'ai traînée pendant longtemps et je devais la soigner. J'ai eu 30 ans et vous pouvez regarder combien de rassemblements j'ai manqué. Je suis ici et je veux aider l'équipe à gagner le match de demain», a assuré l'avant-centre.
Des belles promesses de part et d'autre
Que lui inspire le fait de jouer contre la Suisse, lui qui s'était vu refuser un penalty qui semblait indiscutable face à Fabian Schär à Kaliningrad lors de la Coupe du monde 2018? Lui non plus n'est pas tombé dans le piège de la petite phrase qui allumerait une étincelle. «On espère gagner, c'est tout.» Coup d'envoi à 20h45 samedi pour voir si toutes ces belles promesses de se concentrer uniquement sur le football seront tenues de part et d'autre. Y compris dans le public du bouillant petit stade (8000 places) de Leskovac.