«Je me suis dit que ce n'était pas possible», dit Taulant Xhaka en évoquant le moment où le tirage au sort a révélé l'un des trois adversaires de la Suisse en Ligue des Nations: la Serbie. Son frère Granit va donc devoir jouer en Serbie face au pays-hôte pour la première fois, après les duels houleux lors des Coupes du monde de 2018 en Russie et 2022 au Qatar, et cette nouvelle été accueillie avec inquiétude par sa famille. Taulant Xhaka était lui-même sur le terrain à Belgrade en 2014, lorsque le match de l'équipe nationale albanaise contre la Serbie a été interrompu. «J'ai vécu de l'intérieur combien de pression et d'émotions il faut supporter lors de ce match».
C'est pourquoi le frère aîné a pris son téléphone juste après le tirage au sort, comme il le confie à Blick. «J'ai proposé à Granit de parler à l'entraîneur Murat Yakin et peut-être de laisser tomber ce match - mais nous connaissons tous mon frère, il veut jouer tous les matches pour la Suisse», explique Taulant Xhaka. Le milieu de terrain de 33 ans espère en premier lieu que les rencontres ne seront pas aussi émotionnelles et chaotiques que lors des duels précédents. «Ce n'est pas facile de rester maître de soi pendant 90 minutes quand ça devient à ce point émotionnel. Granit doit rester calme, jouer au football, gagner et ignorer les provocations. C'est facile à dire, mais au final, il ne s'agit que de cela: jouer un match de football et gagner».
«Granit Xhaka est perçu chez nous comme un provocateur»
À l'Association suisse de football, on veut limiter le plus possible le sujet. «Ce sont de vieilles histoires. C'est un match comme un autre», déclare le directeur de la Nati Pierluigi Tami. L'opinion est similaire lorsqu'on se renseigne auprès des footballeurs en Suisse. «Je m'attends à un match de football normal et je pense que les deux parties ont tiré les leçons du passé», déclare l'ancien joueur de l'équipe nationale Admir Mehmedi.
Le capitaine de GC Amir Abrashi, qui se trouve actuellement avec l'équipe nationale albanaise et qui a été sélectionné en 2014 aux côtés de Taulant Xhaka, porte le même jugement sur la situation. «Cela ne sera plus aussi chaud que par le passé. De plus, il n'y a plus que Granit - lors des deux derniers duels, beaucoup de choses tournaient encore autour de Xherdan Shaqiri», explique Amir Abrashi.
Et comment voit-on le sujet en Serbie? «Granit Xhaka est perçu chez nous comme un provocateur, quand on voit comment il s'est comporté lors des matches précédents», explique le journaliste de football serbe Velkjo Ivanović de Sportal.rs, qui appartient comme Blick à Ringier. Comme lorsqu'il s'est touché l'entrejambes devant le banc serbe ou a brandi le maillot de Jashari lors de la Coupe du monde au Qatar. Ou quatre ans plus tôt lors de la célébration de l'aigle bicéphale lors de la Coupe du monde en Russie. «Mais c'est à peu près tout», ajoute Veljko Ivanović.
L'entraîneur de la Serbie aime ses qualités de footballeur
Après deux duels entre la Serbie et la Suisse qui ont fait les gros titres en dehors du terrain, les Serbes sont d'avis que «nous ne voulons plus nous occuper de choses qui n'ont pas grand-chose à voir avec le football». Comme par exemple de l'histoire de la famille Xhaka: ses parents sont d'origine kosovare et son père a été emprisonné pour des raisons politiques dans l'Etat multiethnique qu'était alors la Yougoslavie.
Il est clair que le capitaine suisse doit s'attendre à des sifflets et de la pression samedi au stade Dubocica de Leskovac. «Mais en Serbie, on reconnaît aussi l'excellent footballeur qu'est Granit Xhaka», assure Veljko Ivanović. Dragan Stojkovic, le sélectionneur de la Serbie, a également fait une nouvelle fois l'éloge du capitaine de la Nati devant les médias locaux: «C'est un grand joueur qui joue depuis de nombreuses années à un niveau de classe mondiale. Je l'apprécie beaucoup».