De battre, le cœur de Michaël Perrier s’est arrêté. C’est donc un miracle de pouvoir le retrouver sur une terrasse lausannoise, de lui parler, d’échanger à propos de l’avenir, de son futur heureux événement et de son désir de retrouver les terrains. «Je suis revenu du monde des morts», résume le Valaisan en haussant les épaules, comme pour s’excuser.
Le joueur du Stade-Lausanne-Ouchy a été victime d’un arrêt cardiaque en mai dernier. Ce qui devait être une sortie récréative entre coéquipiers a viré au drame. Michaël Perrier s’est effondré au volant de son kart, sur la piste de Payerne. Ce qui a suivi fait froid dans le dos. Massage cardiaque, défibrillation et évacuation en hélicoptère. «Les gars m’ont vu partir», explique le footballeur. Enfin, il relate plutôt ce que les témoins de la scène lui ont raconté. «Je n’ai aucun souvenir, donc aucun traumatisme. Mais j’ai effrayé beaucoup de monde. Je leur ai fait vivre un cauchemar et j’en suis sincèrement désolé.»
Une petite fille attendue lundi
Le mauvais rêve n’a pris fin qu’après trois jours de coma et des heures d’angoisse. Parmi les personnes qui se sont relayées à son chevet, Michaël Perrier a pu compter sur sa femme Nadia. Le couple attend un heureux événement. Leur première fille doit pointer le bout de son nez ce lundi. «Avoir survécu et devenir bientôt parents, c’est extraordinaire. Les médecins me l’ont dit: je suis un miraculé.» Des étoiles dans les yeux, pour tellement de raisons, Michaël Perrier compte bien «profiter à fond» de la deuxième chance que le destin lui accorde.
En plus de cette naissance imminente, le milieu de terrain attend avec impatience de pouvoir retrouver les terrains. «Jouer, c’est mon objectif numéro un, martèle le joueur qui compte près de 400 matches dans les meilleures ligues du pays. Je me sens aussi bien qu’avant l’accident. Je ne ressens aucune séquelle, aucune gêne. C’est aussi ce qui me rend confiant pour l’avenir.»
Le Valaisan s’est fait poser un défibrillateur sous-cutané, le même que le Danois Christian Eriksen qui avait inquiété le monde entier durant l’Euro. Michaël Perrier ne sait pas encore si le règlement suisse lui permettra de jouer avec un tel dispositif. Pas toujours facile d’être un «pionnier». Il devra aussi passer des tests sous effort au mois de septembre et espère que le corps médical lui donne le feu vert.
Le vaccin et des doutes
Si les planètes s’alignent, le joueur va retrouver de l’embauche au Stade-Lausanne-Ouchy. Des discussions étaient en cours au mois de mai pour prolonger son contrat avec le club lausannois. «C’est cruel mais le destin en a décidé autrement. La situation du SLO est compréhensible. C’est compliqué de signer un joueur qui ne pourra peut-être plus jamais jouer. Malgré tout, le club m’a beaucoup soutenu durant ces trois derniers mois et continue de le faire. Nous sommes prêts à collaborer pour l’avenir si ça confirme.»
L’équipe du sud de Lausanne lui avait rendu hommage en affichant son maillot numéro 26. Michaël Perrier suit de près ses coéquipiers et se rend souvent aux entraînements ou à leurs matches. Son malaise a laissé des traces dans les têtes des Stadistes, freinant même la vaccination du groupe. «Vu que j’avais déjà eu le Covid, je n’avais besoin que d’une dose. Je l’ai reçue quelques semaines avant mon arrêt cardiaque, explique-t-il. J’ai souffert d’une myocardite mais les médecins ne savent pas encore pourquoi. Nous n’avons pas de certitude. L’explication du vaccin reste sur la table.» Le doute s’est insinué dans l’esprit des joueurs vaudois et beaucoup refusent désormais de se faire inoculer.
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Même s’il a été directement touché dans sa chaire, Michaël Perrier n’a pas changé d’avis sur ce sujet. «Il faut savoir que le vaccin comporte des risques. Mais ils restent minimes et mon cas est extraordinaire. Il ne faut pas avoir peur malgré tout. C’est le seul moyen de s’en sortir.» Le SLO est à l’arrêt cette semaine. Plusieurs joueurs ont contracté le Covid et le pensionnaire de Challenge League s’est retrouvé en quarantaine.