Augsbourg a reçu le grand Bayern Munich samedi dernier. L'occasion pour Kevin Mbabu de se jauger face à l'une des meilleures équipes du monde. Opportunité saisie puisque, malgré le revers 2-3 au terme d'un match complètement fou, l'international suisse a prouvé sa valeur et s'est fait l'auteur d'une passe décisive. La deuxième en deux matches après celle réalisée face au leader, le Bayer Leverkusen.
Blick a ensuite rencontré le Genevois, dans les travées de la WWK Arena, pour évoquer notamment son retour à Servette, son passage manqué à Fulham et l'équipe de Suisse. Une sélection qu'il espère d'ailleurs retrouver au plus vite, après en avoir été banni à la suite d’une futile histoire de jeux de cartes, à laquelle Murat Yakin accorde visiblement bien trop d’importance, au point de friser l’injustice et de se priver d’un latéral droit performant.
Kevin Mbabu, désireux d’apaiser la situation, n’en dira pas plus sur le sujet, mais l’incompréhension demeure totale dans l’entourage de l’équipe de Suisse, jusque chez les joueurs eux-mêmes.
Interview avec un homme qui ne rêve que d’une chose: retrouver le maillot rouge à croix blanche.
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Il y a pratiquement un an, tu rejoignais Servette en prêt pour retrouver du temps de jeu et de la confiance. Aujourd’hui, tu réalises un très bon match face au Bayern Munich. On peut dire que tout va très vite dans le football…
Ça va très vite, oui. J'étais un peu au fond du bac avec ce transfert à Fulham. Cela a bien débuté, mais au final, ce fut cauchemardesque. Il y avait des possibilités pour partir en prêt, mais le club n’avait pas réussi à trouver d’arrangement avec les équipes intéressées et il ne restait que la Turquie ou la Suisse.
Et j’imagine que tu ne regrettes pas d'avoir opté pour un retour en Suisse…
Non, cela m’a permis de retrouver le bon chemin. Ces quatre-cinq mois m’ont été très bénéfiques, tant mentalement que physiquement. Et si je retrouve ma forme, c’est en grande partie grâce à Servette et à tout le soutien que j'y ai reçu. Je ne peux que remercier tout le monde à Genève. Et en plus de tout cela, nous avons obtenu une belle deuxième place.
De l’extérieur, cette décision pouvait pourtant paraître risquée…
Je ne savais pas trop comment prendre la chose. Sans manquer de respect à Servette et à la Super League, je ne me voyais pas revenir en Suisse aussi tôt. J’estime et je veux prouver, comme je le fais actuellement, que j’ai encore le niveau pour jouer dans les meilleurs championnats. Quand j’étais venu à Young Boys, je voyais cela comme faire un pas en arrière.
Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis?
Je me suis finalement dit qu’il fallait voir le bon côté des choses. Je revenais à Genève, vers ma famille et mes amis. Dans un environnement qui me serait donc favorable. C’est un très bon choix que je ne regrette pas.
C’est une belle preuve de maturité…
Oui, ce n'est pas facile de prendre la décision de quitter la Premier League et Fulham pour aller à Servette. Ce sont deux mondes différents à plusieurs niveaux. J’ai fait de belles performances et tout a été très positif.
Pour parler de ces quelques mois à Fulham, on peut presque dire que tu es maudit en Angleterre…
C’est vrai oui... La première fois, à Newcastle, j’ai eu beaucoup de blessures. Là, les débuts se sont bien passés, j’ai fait de bonnes entrées, puis est venu ce match cauchemardesque face à Newcastle.
Peux-tu nous le raconter?
C’est ma première titularisation, nous prenons un carton rouge après quatre minutes, nous rentrons au vestiaire menés de trois buts et le coach me sort. Cela a été la fin de mon aventure avec Fulham. Le plus important est de savoir se relever de ces coups durs.
Ton passage à Fulham s'est-il uniquement joué sur ces 45 minutes?
Le ressenti que j’ai eu à la fin est que je n’étais pas le profil de joueur que le coach recherche. Je suis assez instinctif et j’ai besoin de liberté. Lui veut vraiment qu’on respecte ses schémas et ses idées. C’est quelque chose que l’on doit accepter. Il fait du très bon travail à Fulham, c’est un bon entraîneur et quelqu’un de bien en dehors. Cela n’a simplement pas fonctionné niveau football.
Cette période a dû être compliquée à vivre…
Cela fait partie du foot et j’ai dû être fort mentalement pour revenir à un bon niveau. Je suis quelqu’un qui n’abandonne jamais et c’est ce que j’essaie de montrer ici, à Augsburg, où nous faisons de belles choses avec un bon entraîneur.
La Bundesliga est un championnat qui te correspond davantage…
Oui tout à fait. J’ai eu de belles années avec Wolfsburg et maintenant j’essaie de montrer que je peux être parmi les meilleurs latéraux du championnat. Il y a encore un peu de chemin, mais je suis sûr que d'ici à la fin de la saison, j’aurai pu montrer que je fais partie de ces joueurs-là. Je suis sur une bonne série avec deux passes décisives en deux rencontres, cela me met en confiance pour revenir au meilleur niveau.
Que te manque-t-il encore pour être à 100%?
Il faut que je réussisse à nouveau à faire ces courses solitaires vers l’avant, de façon instinctive, comme à YB et à Wolfsburg. Mais j’ai confiance, cela reviendra.
Tu n’es que prêté à Augsburg, comment vois-tu les choses pour cet été?
Je prends semaine après semaine et me concentre pour montrer ce que je vaux à ici, mais aussi à Fulham, pour leur montrer qu’ils ont peut-être eu tort de me laisser partir. Je veux aussi prouver aux gens en Suisse que j’ai encore le niveau, que je mérite une nouvelle chance en équipe de Suisse, car c’est une grande fierté pour moi d’être appelé en sélection. Cela me manque.
Tu n’as plus été convoqué depuis le mois de juin 2022. L’Euro fait-il partie de tes objectifs?
Oui, j’espère y être, mais je sais que j’ai encore du chemin à faire. Je dois enchaîner les bonnes performances et grâce à elles ne pas laisser d'autre choix aux gens qui décident que de me convoquer.
Cela a dû être une grosse déception pour toi de ne pas participer à la dernière Coupe du monde…
Une immense déception. Mais cela fait aussi partie du football. Je ne jouais pas beaucoup à Fulham et cela n’étais pas suffisant pour le coach. Je dois l’accepter. J’essaie de montrer que je mérite d’être dans l’équipe et cela est la meilleure des réponses pour moi.
Murat Yakin t’a-t-il recontacté depuis?
Non, le dernier contact que j’ai eu avec lui, c’est lorsqu’il m’a dit que je n’irai pas à la Coupe du monde.
Malgré le fait que tu rejoues régulièrement à Augsburg...
C’est comme ça.
L’histoire du jeu de cartes semble peser lourd…
C’est loin derrière nous et cela ne sert à rien d’en parler.
La dernière liste avant l’Euro sortira au mois de mars…
Je veux me dire que je n’ai rien à me reprocher, que j’ai tout donné sur le terrain. Il me reste six ou sept matches pour montrer que j’ai ma place dans le groupe.
Tu as passé un diplôme à l'UEFA. Prépares-tu déjà ton après-carrière?
On peut dire ça comme ça, oui. J'aimerais rester dans le monde du foot, mais je n'ai pas encore d'idée concrète. J'ai suivi le programme «Certificate in football management» de l'UEFA, qui a duré neuf mois, pour voir si le management est un domaine qui pourrait me plaire. Ce qui a été le cas et j'ai pu obtenir mon diplôme. Je regarde maintenant ce que je pourrais faire par la suite.
Tu te vois donc davantage dans les bureaux que sur le bord des terrains...
À ce jour, oui. Cette formation m'a vraiment parlé, j'ai apprécié ces neuf mois et je veux poursuivre dans ce domaine.
Était-ce aisé de concilier études et vie en club?
Les débuts ont été faciles. Mais par la suite, j'ai dû rendre un travail durant l'été alors que nous étions partis douze jours aux USA avec Fulham pour la préparation. C'était compliqué de se concentrer sur les cours, mais j'ai tout de même pu rendre mon dossier à temps et j'ai eu une bonne note.
C'est rare de voir un joueur y réfléchir déjà à 28 ans...
Oui, c'est Gelson Fernandes, qui est comme un grand frère pour moi, qui m'a conseillé de m'y prendre à l'avance. Je veux voir dans quel domaine je sens que je pourrai être bon pour être prêt le jour où ma carrière se terminera.