Défaits en Roumanie dans le match décisif, les M21 ne disputeront pas l'Euro 2025! L'échec sportif est considérable, le dégât d'image aussi. Mais cette élimination a également des conséquences financières. Blick fait le point avec Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales.
Pierluigi Tami, les M21 se sont classés derrière la Roumanie et même la Finlande lors des qualifications pour l'Euro. L'échec est considérable.
Nous sommes très déçus. Nous avions très bien commencé cette campagne, mais en septembre et octobre, nous n'avons remporté qu'une seule victoire en quatre matches. C'est trop peu. La qualification était tout à fait possible. Le gros problème, c'est que les performances n'étaient pas toujours au rendez-vous. Pas seulement les résultats.
Comment en est-on arrivé là?
Nous allons analyser cela dans les prochaines semaines avec l'entraîneur Sascha Stauch et son staff. Si l'on regarde les statistiques, les résultats devraient être meilleurs. Il y a plusieurs choses qui n'ont pas fonctionné. Et cela indépendamment du fait fait qu'une équipe M21 perde ses meilleurs joueurs au profit de l'équipe A au cours d'une campagne. Dans le cas présent, il s'agissait de Fabian Rieder, sans compter les blessures du capitaine Leonidas Stergiou et de Becir Omeragic.
On ne comprend pas comment la Suisse a pu perdre deux points contre une équipe aussi faible que l'Arménie, ce qui nous coûte au final les barrages. On a entendu après ce 0-0 que ce n'était pas si grave, qu'il restait beaucoup de matches... Mais le fait est que c'était grave, car ces points ont manqué à la fin.
J'étais sur place. Il n'y avait pas de détermination devant le but, pas d'instinct de tueur. Nous avons eu beaucoup d'occasions, mais nous n'avons pas fait preuve d'assez d'envie. Et l'efficacité n'était pas là.
La défaite à domicile contre l'Albanie entre dans la même catégorie.
Absolument. Nous avons eu des occasions et nous les avons manquées. Comme contre la Finlande. On ne peut pas se le permettre. Et on se retrouve éliminés.
Bien sûr, tous les joueurs ne peuvent pas être au même niveau dans une équipe M21, mais tout de même, le talent est présent. A-t-on tout fait pour les faire jouer ensemble?
Nous avons des individualités très fortes dans l'effectif. Mais l'équipe n'a plus réussi à jouer en tant qu'équipe. Et l'évolution a été négative. C'est ce que nous devons analyser. Quand la pression a augmenté, le niveau a baissé.
C'est la responsabilité du sélectionneur.
Sascha a fait sa première expérience en tant qu'entraîneur en chef des M21. Il connaissait déjà la catégorie M21 en tant qu'assistant. Il travaille de manière très méticuleuse, sérieuse, avec beaucoup d'engagement.
Est-il toujours le bon entraîneur?
Oui. Nous misons sur la continuité dans notre travail. C'est pourquoi il n'y a pas de discussion concernant l'entraîneur.
Que signifie le fait de manquer la phase finale?
En 2019, nous avions perdu beaucoup de crédit en Europe en chutant à la 27e place du classement des M21. La conséquence: nous avons très mal vendu nos meilleurs jeunes à l'époque. Et puis, juste après la qualification pour 2021, de nombreux grands clubs se sont intéressés à nos talents, ce qui est encore le cas aujourd'hui. Nous sommes maintenant huitièmes. La plus grande vitrine internationale est la phase finale. Cela signifie que sans cette vitrine, les clubs de Super League perdent des millions. C'est pourquoi l'équipe nationale la plus importante pour la Suisse est celle des M21. Manquer une fois l'Euro est supportable. Une deuxième serait fatale.
Les M19 ont, eux aussi, manqué la phase finale de l'Euro. Certes, de justesse. Y a-t-il un problème au sein de notre relève?
Nous avons des problèmes avec les M19. Car les joueurs viennent tous de la troisième, de la quatrième, voire de la cinquième division en Suisse. Chez les autres nations, ils viennent souvent de la deuxième division. Nos jeunes arrivent en M21 après leur formation. Et où jouent-ils? En Promotion League, la majorité en 1re ligue Classic et certains même en deuxième ligue interrégionale. Et pas en Challenge League. Et pourtant, ils devraient y jouer. Améliorer le niveau de nos M19 passe par une réforme de notre football.
Laquelle?
Nous avons besoin de plus de place pour les jeunes dans le football professionnel. Nous sommes le seul pays à avoir plus d'équipes en première division qu'en deuxième division. Il y a donc beaucoup trop peu de places pour l'avant-dernière étape, celle du semi-professionnalisme, avant de devenir pleinement professionnel. Lorsque 200 joueurs d'une classe d'âge atteignent la fin de la période junior et qu'il n'y a de la place que pour dix d'entre eux dans les ligues supérieures - certains sont de plus étrangers -, c'est un problème. Nous disons que nous sommes une ligue de formation. Mais pour former, il faut des places. Or, celles-ci font défaut. Il faut donc peut-être agrandir la Challenge League. Nous formons les jeunes talentueux de manière professionnelle. Mais pas jusqu'à la dernière étape. Car nous n'avons pas de place pour les mettre en valeur.
Concrètement, quelle est votre proposition?
Nous devons chercher et élaborer des solutions ensemble, la SFL et l'ASF, afin de franchir une nouvelle étape dans la réforme. De la Challenge League à la 2e ligue. Par exemple avec deux groupes de Challenge de dix équipes chacun. L'ouest et l'est. Dix-huit matches dans la première moitié de la saison. Ensuite, un tour de promotion et un tour de relégation. Et l'argent de la télévision n'irait qu'aux équipes qui jouent pour la promotion.
C'est pourquoi on ne voit pas de nouveaux Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri à l'horizon?
Il y a quelques joueurs suisses qui ont fait une très grande carrière via la Challenge League. Prenons l'exemple de Fabian Schär. Quand je l'ai sélectionné pour l'équipe olympique, il jouait à Wil. Personne ne le connaissait. Mais il s'est imposé. Et il a fait une grande carrière. S'il avait joué en 1re ou en 2e ligue, il n'aurait pas eu cette carrière. Manuel Akanji à Winterthour et Yann Sommer à Vaduz ont également eu ce parcours. Celui-ci a été très important pour leur développement. Je suis sûr que Yann Sommer n'aurait pas fait la même carrière s'il avait joué avec les M21 du FC Bâle au lieu de jouer au Liechtenstein. Si nous amenons trente joueurs dans les deux ligues professionnelles au lieu de dix, les chances d'avoir de nouveaux Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri augmenteront.