Kevin Bua aurait dû faire ses débuts sous le maillot du FC Sion, ce dimanche à Bâle. L’histoire aurait été belle pour le Genevois qui a joué pendant quatre ans au Parc Saint-Jacques (entre 2016 et 2020). Malheureusement, un couac administratif et un protêt rhénan de dernière minute lui ont coupé l’herbe sous les pieds. L’équipe valaisanne avait oublié d’inscrire son nom sur la liste Covid qui permet de rentrer dans les vestiaires et sur la pelouse.
«Lorsque nous avons appris le protêt du FCB, nous n’avons pas eu cinq minutes pour décider de ce qu’il fallait faire, a regretté le vice-président Gelson Fernandes. Nous avions deux options: aligner Kevin malgré tout et risquer une défaite par forfait ou le retirer de l’équipe par précaution.» Sion a opté pour le deuxième choix par précaution.
Il n’y aurait pas eu de défaite par forfait
Était-ce la bonne décision? «Avec un peu de recul, je peux dire que non, reconnaît Gelson Fernandes. Malheureusement, nous n’avons pas obtenu les clarifications nécessaires à temps. Nous n’aurions pas écopé d’un forfait, mais tout au plus d’une amende, parce que cette liste n’a aucune valeur juridique.» On se trouve dans le même cas de figure que les amendes distribuées la saison dernière pour les échanges de maillots ou les célébrations de buts exagérées.
Ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est qu’il incombe au club hôte – le FC Bâle dans ce cas – de vérifier la liste Covid de son adversaire. «L’équipe qui reçoit est responsable du bon déroulement du match et du respect du concept de protection, confirme Philippe Guggisberg, porte-parole de la Swiss Football League. Pour des raisons financières, nous ne pouvons pas dépêcher un représentant officiel de la ligue à chaque match. L’UEFA le fait lors des rencontres européennes mais nous n’avons pas les mêmes moyens.»
Une question se pose donc immédiatement: pourquoi Bâle a-t-il quand même laissé Kevin Bua entrer dans la zone rouge si le FCB était chargé de veiller à ce que seuls les joueurs figurant sur la liste puissent le faire? Le club rhénan se défend en affirmant qu’ils ont fait comme tous les autres clubs: faire confiance à leur invité. Le fameux document est vérifié et contresigné par le responsable Covid de l’équipe visiteuse.
A partir du 4 août, les certificats seront obligatoires
Marco Walker, actuel entraîneur du FC Sion et ancienne légende bâloise, a parlé du «culot absolu» des Rhénans. Contacté, le FC Bâle a refusé de commenter l’affaire dans les détails. Le club nous a fait la déclaration suivante par écrit. «Le FCB peut confirmer que le nom de Kevin Bua ne figurait pas sur la liste Covid. Mais comme le joueur était ensuite inscrit sur la feuille de match, nous avons déposé un protêt avant le coup d’envoi. La décision de retirer Kevin Bua du terrain a été prise indépendamment par le FC Sion. Après le match (ndlr: et une écrasante victoire 6-1), notre protêt a été retiré.»
Il reste une zone d’ombre dans ce dossier. L’affaire aurait pu se régler simplement si le FC Bâle n’avait pas déposé de protestation officielle auprès de l’arbitre. Le timing interpelle aussi, en communiquant leur décision peu avant le début du match. Mais si ce questionnement est légitime, la responsabilité première incombe au personnel du FC Sion, qui a oublié d’inscrire Kevin Bua. «Bien sûr, c’est notre faute, admet Gelson Fernandes. Mais désormais, toute notre attention est tournée vers le prochain match de championnat, samedi contre YB à domicile.»
La frustration des Valaisans sera encore davantage renforcée par un hasard du calendrier. Dès mercredi, tous les joueurs et membres du personnel devront présenter un certificat Covid dans l’élite. Exit donc la célèbre liste. À trois jours près, l’affaire Kevin Bua n’aurait pas existé.