Après quatre ans à la tête de l'équipe de Suisse, Nils Nielsen ne prolongera pas son contrat, même si la Nati venait à se qualifier pour la Coupe du monde ce mardi contre le Pays de Galles. «J’espère que je pourrai vibrer l'année prochaine devant ma télévision, avec le maillot de l’équipe nationale», sourit le Danois.
Nils Nielsen quitte donc la Suisse alors qu'une qualification au Mondial est encore très probable. A-t-il voulu devancer l'Association suisse de football, qui n'aurait sans doute pas prolongé son contrat en cas de non-qualification à la Coupe du monde? Le Danois fait signe que non. Il rentre au pays pour sa famille: «Ma fille pleure parce qu’elle ne me voit qu'à travers un écran le matin.»
Des frais de crèche trop élevés à Berne
Sa femme, sa fille de 3 ans et son fils de 4 ans sont tous au Danemark. Vivre à Berne a été un échec pour la famille: «Ma femme voulait aussi travailler ici. Mais nous avons constaté que la crèche aurait coûté environ 5000 francs par mois. C’est ce que ça coûte au Danemark pour une année!»
Le sélectionneur était-il donc sous-payé? «Je ne peux pas me plaindre de mon salaire. Mais ma femme aurait dû gagner plus de 5000 francs pour que ce soit rentable.» Nils Nielsen reste fidèle à lui-même. En 2018 déjà, il avait quitté son poste en Chine pour sa famille, car son fils respirait mal dans la ville de Pékin frappée par le smog.
Désormais, c’est la Suisse qu'il va quitter. Que la Nati se qualifie ou non pour la Coupe du monde ne joue pas un rôle décisif dans son bilan: «Un résultat isolé ne dure jamais. Mais je retiens que l’attitude des uns envers les autres a complètement changé. Et j’en suis très fier.»
Nils Nielsen assure que l’atmosphère a changé dans tous les domaines. Que ce soit au sein de son équipe, de la relève féminine ou de la Women’s Super League: «Avant, dans la ligue, on ne travaillait souvent pas ensemble. Tout ça est à présent terminé.»
En tant que successeur de la plutôt stricte Martina Voss-Tecklenburg, Nils Nielsen a exigé une grande communication entre ses joueuses de l’équipe nationale: «Aucune ne doit avoir peur d’être renvoyée de l’équipe si elle aborde un problème.»
Nielsen a éliminé la peur
Ce qui est moins connu, c’est la grande influence du Danois dans le domaine de la relève. «Nous avons investi beaucoup de temps. Et depuis, les résultats sont visibles», s'exclame-t-il fièrement. L’équipe nationale des moins de 17 ans a battu l'Islande et la France lors des qualifications pour l’Euro et est leader de son groupe.
Nils Nielsen raconte qu’il a fait face à une culture de la peur chez les juniors: «Au début, les filles du centre de formation de Bienne étaient mortes de peur lorsque je franchissais la porte. Maintenant, elles me prennent dans leurs bras et ne m’appellent plus Monsieur Nielsen.»
Lors des tests de performance, il y aurait souvent eu des larmes. «L’opinion dominante était que si on n'avait pas de bons résultats, on serait renvoyé de l’équipe nationale, se souvient le sélectionneur. Les filles n’ont pas compris que nous avions besoin de ces données pour les aider à progresser. Aujourd'hui, elles ne pleurent plus.»
Mais Nils Nielsen a aussi vécu des moments difficiles. En 2019, la joueuse de l’équipe nationale Florijana Ismaili est décédée dans un accident de plongée. «J’étais en Serbie pour un projet de l’UEFA, où Flori a joué son dernier match pour nous», se souvient le Danois. Ses yeux se remplissent de larmes. «Je suis un type sensible, reprend-il. J’essaie toujours de penser à elle avec le sourire. Mais à l’époque, c’était un choc. Nous avons dû commencer les qualifications pour l’Euro avec des discussions sur comment traiter son décès. La façon dont l’équipe a géré la situation était incroyablement forte.»
Envies de démission à cause de l’Euro
La Nati a vécu un traumatisme sportif dernièrement lors de l’Euro en Angleterre. Elle a raté le match d’ouverture contre le Portugal: «Je ne regrette rien de ma période à la tête de l'équipe de Suisse. Sauf ce match. Ça m’énerve encore aujourd’hui de ne pas avoir assez tenu compte des changements tactiques de l’adversaire.»
Le Danois révèle même qu'à l’époque, il a pensé à tout plaquer. «Mais les parties contre la Suède et les Pays-Bas nous ont énormément renforcés en tant qu’équipe. Si cela ne s’était pas produit, j’en aurais tiré les conséquences avant les matches de qualification pour la Coupe du monde en septembre.»
Quid du futur?
À quoi ressemblera l'avenir du sélectionneur? «Je travaille depuis 30 ans dans le football. Mais mon futur reste ouvert. Peut-être que j’entraînerai à nouveau des femmes. Peut-être que je ferai autre chose. Mais cette fois, il faut que ce soit compatible avec ma famille.»
Nils Nielsen ne prévoit pas de se rendre à la fédération danoise pour trouver un emploi. Il va continuer à gagner un peu d’argent en collaborant à des projets pour la FIFA et l’UEFA. Il a également des idées de livres — et un rêve: sa femme travaille en tant que coach mental et physique, et un poste auprès d’un même club ou d’une même fédération serait envisageable.
Mais Nils Nielsen ne prendra pas (encore) congé de la Suisse ce mardi. L’équipe nationale disputera en novembre un match amical à Schaffhouse, qui n'est pas encore officiellement programmé, contre le Danemark, son pays d'origine. Histoire peut-être de fêter en beauté la qualification à la Coupe du monde et la der du sélectionneur.