Près de 30 ans après, Christophe Bonvin n’a pas oublié cette nuit de folie où il a réussi un doublé contre les Français de Michel Platini. «Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on fait un truc comme ça, s’amuse celui qui s’est reconverti dans la vigne. La preuve, on m'en parle encore des années après.»
Le Valaisan de 56 ans (qui a joué à Sion, Xamax et Servette) a inscrit huit buts en 47 sélections avec l’équipe de Suisse. Ces deux goals face aux Bleus ont permis la dernière victoire en date de la Nati dans cette confrontation. C’était le 27 mai 1992.
«Le plus fou, c’est que je marque les deux fois du droit, alors que je suis gaucher. Ça ne m’arrive jamais. Le premier est vraiment pas mal (ndlr il dépose Basile Boli puis sort une belle frappe croisée). Sur le deuxième par contre, soyons honnête, je n’ai pas vraiment fait exprès.»
Après cette victoire de prestige, Christophe Bonvin n’a pas vraiment eu le temps de trop se vanter de son exploit. «J’étais un peu fanfaron en arrivant le lendemain au petit-déjeuner, se souvient-il. Mais ma femme m’a très vite ramené sur terre. Elle était contente pour moi mais elle m’a aussi dit, qu’à ses yeux, il y avait des choses plus importantes, comme la famille par exemple. Elle avait complètement raison.» Un recul et une modestie qui ont jalonné toute la carrière du Romand.
Au début des années 2000, l’ancien attaquant a revu Michel Platini - sélectionneur tricolore de l’époque - à une conférence. Les deux hommes ont échangé et le Français est ensuite revenu plusieurs fois en Valais pour manger la raclette et déguster du vin chez le joueur qui l’avait battu à la Pontaise.
«Les Suisses ont besoin d’un grain de folie»
Lundi à Bucarest, la Suisse retrouve la France. Une équipe touchée par de nombreuses blessures ces derniers jours. Didier Deschamps sera sur le banc français. En 1992, l’ancien milieu de terrain avait disputé la première mi-temps à la Pontaise. Notre interlocuteur s’en souvient bien. «J’hésite à lui lancer un coup de fil pour lui foutre la pression, rigole-t-il. Je pourrais lui rappeler qu’on avait gagné à Lausanne. Le seul problème, c’est que je n’ai pas son numéro. Vous pourriez m’aider à le trouver.»
Optimiste, Christophe Bonvin veut croire que la Nati a un coup à jouer dans ce huitième de finale. «S’ils osent, s’ils ajoutent un grain de folie dans leur jeu, alors ils ont une chance. Par contre, il ne faut surtout pas entrer dans le jeu de la France. La Suisse doit prendre des risques.»
Le Valaisan a prévu de regarder le match avec Marc Hottiger. Son ancien coéquipier avait lui aussi joué tout le match contre la France en 1992. Le duo aura quelques bons souvenirs à échanger.