La plongée dans les archives est aussi vertigineuse que savoureuse. Il faut remonter à 1992 pour retrouver trace d’une victoire de la Suisse face à la France, adversaire qu’elle défiera en huitième de finale de l’Euro lundi à Bucarest.
Cela fait donc 29 ans que les Bleus font la loi. Sur les sept derniers matches, ils restent sur trois victoires pour quatre matches nuls. Les deux dernières confrontations n’ont pas suivi le scénario. Les Suisses avaient tenu le choc, contrairement à leur maillot, lors du match à Lille au dernier Euro (0-0). Deux ans plus tôt, les Tricolores avaient par contre étrillé la Nati à la Coupe du monde au Brésil (2-5).
Un Bonvin millésimé
C’est 27 mai 1992, pour être précis, que les Suisses ont obtenu leur dernier succès en date (2-1). La France, alors entraînée par Michel Platini, préparait l’Euro 1992 en Suède. Dans une Pontaise remplie de 21’000 spectateurs à Lausanne, elle a été surprise dans ce match amical par la sélection menée par l’Anglais Roy Hodgson.
Christophe Bonvin avait revêtu ses habits de lumière ce soir-là. Le Valaisan a d’abord fait oublier l’ouverture du score de Fabrice Divert (20e) en égalisant rapidement. L’attaquant de Neuchâtel Xamax a faussé compagnie au Marseillais Basile Boli, profitant d’une ouverture d’Alain Geiger, pour tromper Bruno Martini (28e).
Un gardien français encore une fois bien esseulé sur un corner de Georges Bregy en deuxième mi-temps. Au deuxième poteau, Christophe Bonvin n’a pas tremblé pour réussir un doublé (73e). Au grand désarroi du duo Thierry Roland et Jean-Michel Larqué qui commentait déjà le match sur TF1.
Deschamps et Platini étaient là
Ce lundi, cela fera 10’624 jours que le football suisse attend de revivre un pareil frisson. Une mission qui s’annonce impossible (ou presque) face à la France championne du monde en titre et à ses stars.
Clin d’œil du destin, l’actuel sélectionneur Didier Deschamps avait été titularisé au milieu du terrain en 1992 à la Pontaise. Il avait cédé sa place à la mi-temps pour permettre l’entrée en jeu de Luis Fernandez.
Le football français n’a pas gardé un souvenir mémorable de cette année 1992. Quelques semaines plus tard, les Bleus ont été éliminés au premier tour de l’Euro. En Suède, ils n’ont pas remporté la moindre victoire en trois rencontres (deux nuls et une défaite mortifiante contre le Danemark). Un échec qui a coûté son poste à Michel Platini.
Remplacé par Gérard Houllier sur le banc, l’ancien joueur de la Juventus s’est alors lancé dans une carrière de dirigeant. Un parcours qui le mènera notamment à la tête de l’UEFA (de 2007 à 2015). C'est d’ailleurs le Français qui a mis sur pied la formule de cet Euro à 24 équipes, reparties dans plusieurs villes hôtes sur le continent.