Hommage au «Beckham soleurois»
Nicolas Schindelholz avait conquis tous ceux qu'il a croisés

Nicolas Schindelholz a joué pour Thoune, Lucerne et Aarau, alors que ses anciens compères des M21 de Bâle ont connu de grandes carrières. Mais «Schindi» aurait pu gagner le titre de l'homme le plus attachant.
Publié: 21.09.2022 à 10:13 heures
À Bâle, Aarau ou Lucerne comme ici, Nicolas Schindelholz a toujours fait l'unanimité autour de lui.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus
Sebastian Wendel

Lorsque deux personnes se rencontrent, il y a deux options: soit ça colle, soit ça ne colle pas. Tous ceux qui ont côtoyé Nicolas Schindelholz l'attesteront: avec le Bâlois, c'était toujours la première option.

Dans un monde du football gangrené par l'égoïsme, le garçon de Dornach (SO), dans la banlieue bâloise, faisait figure d'exception. D'abord l'équipe, ensuite les besoins individuels: telle était la devise de Nicolas Schindelholz.

Le joueur décédé dimanche à 34 ans ne s'est pas contenté de la prôner, il l'a toujours appliquée. Un exemple? En juillet 2020, il appelle le directeur sportif du FC Aarau pour lui dire qu'il souffre d'un cancer du poumon. Il ajoute une requête à la fin de son appel: «Ne le dis surtout pas à mes coéquipiers. Je veux qu'ils profitent de leurs vacances.»

Nicolas Schindelolz n'avait que 16 ans lorsqu'il a gagné sa place en première équipe de son club de toujours, le SC Dornach. Il ne fait pas long en 1ère ligue, puisque sa maîtrise en défense centrale est repérée par le grand FC Bâle. Il rejoint Yann Sommer, Fabian Frei ou encore Timm Klose dans les M21 des «Rotblau».

«Schindi» en devient même le capitaine. Mais, alors que ses potes deviennent presque tous des internationaux et écrivent l'histoire de l'équipe de Suisse, lui n'a pas cette chance. Il ne s'en est jamais plaint. «Ce sont tous mes amis. Je me réjouis de chacun de leurs succès, et moi je me contente de ce que j'ai.»

Blessé à Thoune et à Lucerne

En 2009, la chance semble tourner: Murat Yakin le fait venir au FC Thoune et, ensemble, le duo vit une belle promotion en Super League en 2010. Mais Nicolas Schindelholz, dans son chemin vers le plus haut niveau, va se retrouver face à un nouvel adversaire: les blessures.

Déchirure du tendon d'Achille, rupture des ligaments croisés, déchirure de faisceaux musculaires, nombreuses déchirures de fibres musculaires, fracture des zygomatiques — la liste est longue et oblige «Schindi» à ne jouer «que» 96 matches de Super League pour Thoune et Lucerne jusqu'en 2018.

En 2018, Patrick Rahmen le fait venir au FC Aarau parce qu'il le connaît très bien: il a entraîné celui qui était encore un blondinet chez les M21 de Bâle, puis à Lucerne et à Aarau. Et Patrick Rahmen est un ami proche de Stefan Schindelholz, le père de Nicolas. Les deux familles habitent à Dornach, dont Stefan est président du club.

Le «Beckham soleurois»

Le passage à Aarau s'accompagne d'un retour à la maison, à Dornach, de la famille Schindelholz. Avec son épouse Burcin, Nicolas a quatre enfants, dont le plus jeune est venu au monde après le diagnostic de l'été 2020. Jusqu'à la fin de sa carrière il y a deux ans, sa famille n'a raté presque aucun match.

Au FCA, le fait qu'il s'adresse à tous ses coéquipiers sans exception en les appelant «Brüder» («Frère») est rapidement devenue une running joke. Un jour, Gianluca Frontino, un de ses coéquipiers, a déclaré: «Il ressemble à David Beckham, mais avec en permanence un œil au beurre noir, une plaie ou une fracture du nez. Même s'il faisait du ping-pong, ce ne serait qu'une question de temps avant qu'il ne fonce dans le mur. Il est sensationnel.»

S'il n'a pas atteint le plus haut niveau sur le terrain, Nicolas Schindelholz était un homme de classe mondiale sitôt la pelouse quittée. Il n'y a qu'à voir le flot de réactions à son décès. «Schindi» n'a pas eu la plus grande carrière, mais il creuse assurément le plus grand vide dans le football suisse.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la