De 32 millions de francs lors de la saison 2022/23 à 914 millions de francs la saison suivante. L'évolution des dépenses de la Saudi Pro League est vertigineuse. C'est une croissance quasi exponentielle, comme celle que nous avons connue avec le nombre de cas à l'époque du Covid. Et les dépenses de la saison en cours pourraient encore augmenter.
Ces sommes n'incluent pas les salaires parfois astronomiques avec lesquels de nombreuses stars ont été attirées en Arabie saoudite. Trois joueurs touchent des salaires qui illustrent à eux seuls les moyens démesurés à disposition des clubs de la péninsule: Cristiano Ronaldo (190 millions de francs annuels), Neymar (160 millions) et Karim Benzema (55 millions). En tant que musulman pratiquant et vainqueur du Ballon d'Or 2022, l'attaquant français constitue à lui seul un symbole important du projet saoudien.
Le monde saoudien s'effrite
Mais Karim Benzema vient d'être exclu de la liste des joueurs d'Al-Ittihad convoqués pour un camp de préparation. La raison à cela: l'attaquant vedette a manqué la reprise de l'entraînement. Sur le plan sportif, la déception est toute aussi grande. Champion en titre, Al-Ittihad a passé l'hiver à une décevante septième place. Avec neuf buts en championnats,«KB9» ne rivalise pas avec les meilleurs attaquants. Cristiano Ronaldo, par exemple, est en tête du classement des buteurs avec 20 buts à son actif. Le Français est également devancé par Firas Al-Buraikan (11 buts), international saoudien, dont la valeur marchande est estimée 4 millions de francs. Le désamour des fans saoudiens envers Karim Benzema est croissant et les critiques pleuvent sur le lauréat du Ballon d'or 2022.
Il se murmure que de grands clubs européens étudient la possibilité de recruter l'attaquant français. Mais contrairement à Jordan Henderson, dont l'aventure dans le désert est en train de se terminer par un fiasco financier, un départ de Karim Benzema dès cet hiver est considéré comme très improbable. Perdre l'une de ses figures de proue après si peu de temps serait très dommageable pour l'image de la Saudi Pro League.
En revanche, les Saoudiens ont laissé partir l'Anglais Jordan Henderson vers l'Ajax Amsterdam après seulement six mois. L'ex-joueur de Liverpool voulait pourtant contribuer à développer le football dans le pays, avant que son aventure dans le Royaume ne tourne au fiasco. En Angleterre, on craint désormais que les clubs saoudiens deviennent plus prudents au moment d'engager des joueurs, rapporte le «Telegraph». C'est compréhensible du point de vue des conseillers et des agents: nulle part ailleurs dans le monde, les commissions ne sont aussi lucratives. Pourtant cette crainte n'est pas fondée: un initié de la Ligue saoudienne a qualifié la situation d'Henderson de «maladie infantile» et a rejeté l'idée que les Anglais puissent être ignorés à l'avenir lors du mercato.
Un international brésilien vers l'Arabie Saoudite
Cette déclaration montre à elle seule pourquoi l'engouement pour l'Arabie saoudite ne retombera pas aussi vite que la mode éphémère qui avait touché la Chine. Le projet du Royaume saoudien est conçu sur le long terme avec des ressources financières quasiment inépuisables. Le fait que deux des premiers arrivants aient des difficultés n'y changera rien. Peut-être que certains joueurs réfléchiront plus attentivement avant de prendre le chemin du désert. Mais les footballeurs qui ne trouvent pas leur bonheur dans leur nouvelle équipe sont également nombreux en Europe.
Renan Lodi ne s'est en tout cas pas laissé décourager par les exemples de Karim Benzema et de Jordan Henderson. L'international brésilien de 25 ans quitte l'Olympique de Marseille et rejoint Al-Hilal pour environ 23 millions de francs. Dans la cité phocéenne, il sera remplacé par le très décrié Ulisses Garcia en provenance de Young Boys. Avec Renan Lodi, les Saoudiens s'offrent leur premier achat de l'hiver à plusieurs millions, et certainement pas le dernier.