Dimanche, l’équipe nationale devra sauver sa place à l’Euro. La victoire est donc impérative à Bakou, face aux jeunes turcs (18h).
Suisse – Turquie. Il suffit d’évoquer cette affiche pour être plongé 16 ans en arrière. Dans cette nuit infernale où les joueurs helvétiques avaient arraché à Istanbul leur qualification pour la Coupe du monde 2006. Les hommes de Köbi Kuhn avaient sprinté vers les vestiaires dès le coup de sifflet final pour échapper à la violence des Turcs. Ils avaient alors été agressés dans l’étroit couloir par une foule enragée.
Frappé par-derrière à l’entrejambe, Stéphane Grichting avait été sérieusement blessé. Le Valaisan, retraité en 2015, n’a rien oublié de cette soirée stambouliote. Comme il n’a pas oublié l’élimination subie à la maison lors l’Euro 2008 contre la même sélection de Fatih Terim.
A quelques heures d’un nouveau choc décisif contre la Turquie, l’ancien défenseur attend que l’équipe actuelle lave définitivement l’honneur de la Nati.
Stéphane, on pense forcément à vous quand on parle de Suisse - Turquie.
Au fil des années, on oublie un peu. Je ne veux pas toujours ressasser ces souvenirs. Mais ces moments sont gravés en moi, comme ils sont gravés dans la mémoire de cette génération qui a vécu les incidents de 2005.
Gravé en vous, dans votre corps aussi?
Totalement. Il y a des cicatrices superficielles, d’autres qui ont de la peine à se refermer aussi bien dans mon corps que dans ma tête. Mon urètre avait été sectionné. Aujourd’hui encore, j’ai des séquelles. Ce sont des douleurs et des gênes qui m’accompagnent dans mon quotidien.
C’est pénible qu’on vous reparle toujours de cette rencontre?
Non, je ne veux pas renier l’histoire. Mon nom sera toujours associé à ce match. Cela fait partie de ma carrière mais je préfère bien sûr parler de souvenirs plus heureux et de football surtout.
Depuis 2005, vous avez revu le match?
Pas du tout. Cela ne m’intéresse pas de revivre cela. Tout ce que je retiens, c’est qu’on s'était qualifiés pour la Coupe du monde ce soir-là. Mais, je n’oublie pas non plus que la Turquie nous a éliminés à l’Euro 2008. Nous avons donc un compte à régler avec eux. Dimanche, ce ne seront pas les mêmes joueurs, mais le même pays.
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Vous pensez qu’une victoire et une qualification pourraient constituer un évènement fondateur pour cette sélection suisse?
Oui, cela avait été le cas en 2005 après notre qualification. Nous étions entre deux générations et cela avait uni le groupe au-delà de nos différences. Cela fait plusieurs années qu’on attend beaucoup de choses de cette équipe nationale actuelle. On dit d’eux qu’ils sont talentueux, à raison, mais on veut toujours plus. Dimanche, ils devront faire preuve d’un supplément d’âme pour passer.
Est-ce que le contexte hostile, un peu comme en 2005, avec 30’000 spectateurs turcs qui les siffleront, peut aider Xhaka & co. à se sublimer?
C’est sûr que le contexte ne sera pas facile. Le stade sera acquis à la cause de la Turquie. Au-delà de ça, l’aller-retour entre Rome et Bakou ajoute aussi de la fatigue, alors que les Turcs ont eu un calendrier plus avantageux. Mais peu importe la logistique, peu importe l’ambiance, c’est le moment ou jamais pour la Nati de répondre présente.
Sur le papier, est-ce que la Suisse est favorite?
Oui. On ne peut pas jouer les petits bras dans un tel groupe. Je m’attendais à autre chose dans cet Euro de la part des Turcs, notamment parce qu’ils avaient ennuyé la France récemment. Ils peuvent s’appuyer sur une jeune génération talentueuse. Cela dit, la Suisse doit gagner. Si l'équipe est étrillée par l’Italie, qu’elle est incapable de battre le Pays de Galles et la Turquie, alors elle n’a rien à faire parmi les 16 meilleurs d’Europe.
Au lendemain de la défaite à Rome, l’ASF a envoyé les remplaçant Vargas et Zuber s’exprimer devant la presse. Les leaders étaient absents. Cela vous choque?
Je ne dirais pas que c’est choquant, mais c’est un manque de professionnalisme. C’est bien de protéger les joueurs mais il faut aussi assumer quand cela ne se passe pas comme espéré. En match, Xhaka est trop esseulé. Seferovic a toujours autant de peine. Gavranovic a un rôle de joker mais lui doit amener plus. Et j’en passe. Bref, ce sont les joueurs qui ont disputé les deux premiers matches qui auraient dû prendre la parole jeudi.