Suisse dépassée à l'Euro
Le silence assourdissant de Vladimir Petkovic

«Vladimir Petkovic a progressé dans sa communication». Formulée lors du camp d'entraînement de Bad Ragaz par le directeur des équipes nationales Pierluigi Tami, cette phrase sonne bien creux au lendemain de la déroute de Rome.
Publié: 17.06.2021 à 17:20 heures
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Dernière mise à jour: 18.06.2021 à 07:43 heures
Photo: DUKAS

Au lendemain de la défaite face à l'Italie (3-0). De nombreuses questions se posent concernant l'équipe de Suisse et sa manière de communiquer. D'ailleurs le sélectionneur national n'a pas daigné se présenter jeudi devant la presse pour revenir sur une défaite qui plonge tous les supporters de l'équipe nationale dans un profond désarroi. Il n'a pas témoigné du même bon sens de son prédécesseur qui avait, en 2014, assumé pleinement ses responsabilités devant l'opinion publique vingt-quatre heures après le 5-2 de Salvador contre la France. Le 21 juin 2014 à Porto Seguro, Ottmar Hitzfeld ne s'était pas dérobé.

A quoi sert le directeur des équipes nationales ?

Personne, apparemment, au sein de l'imposante délégation de l'Association Suisse de Football (ASF) n'a rappelé Vladimir Petkovic à ses obligations. Le silence du sélectionneur jeudi fut assourdissant. Il renvoie surtout à l'absence d'une véritable hiérarchie au sein de l'équipe de Suisse. Comme ses prédécesseurs Ernst Lämmli, Peter Stadelmann et Claudio Sulser, Pierluigi Tami peine à imposer un cadre strict à l'entraîneur et aux joueurs. Imagine-t-on une seule seconde Didier Deschamps autoriser son capitaine à faire venir un coiffeur par avion pour une nouvelle teinture au lendemain d'une contre-performance?

Il est vrai que l'aura d'un Didier Deschamps est incomparable. Son palmarès comme joueur et comme entraîneur en impose. L'autre différence entre le double Champion du monde et Vladimir Petkovic réside dans le pragmatisme. Didier Deschamps place l'équipe de France en-dessus de tout, ce qui l'amène à relancer Adrien Rabiot et Karim Benzema que l'on croyait «blacklistés» à jamais. En Suisse, rien ne pousse Vladimir Petkovic à sortir des rails, ni le manque de temps de jeu de Fabian Schär, de Ricardo Rodriguez et de Xherdan Shaqiri et ni les 23 buts inscrits par Pajtim Kasami lors des deux dernières saisons de Super League.

Des mots très forts

Bien sûr, Vladimir Petkovic aura beau rappeler ces prochaines heures que rien n'est perdu. Qu'une victoire dimanche à Bakou contre la Turquie ouvrira, en principe, les portes des huitièmes de finale de l'Euro à son équipe. Il ne dira sans doute pas que l'immense chance de la Suisse sera d'affronter une équipe encore plus mal en point. Il doit prier pour qu'une qualification gomme comme par magie tout ce qui s'est produit depuis samedi dernier, que les mots forts mercredi soir de Kevin Mbabu - «tout le monde n'a pas tout donné pour l'équipe» - et de Granit Xhaka - «Nous n'avions pas sur la pelouse beaucoup de joueurs qui voulaient le ballon. Avec un tel état d'esprit, ils doivent s'interroger si cela valait peine de jouer ce match» - déchirent son vestiaire.

En 2014, Ottmar Hitzfeld avait été «sauvé» par Xherdan Shaqiri. Son triplé contre le Honduras avait atténué le revers contre la France qui demeure toutefois aux yeux des Romands comme la mère de toutes les défaites. Sept ans plus tard, Xherdan Shaqiri sera-t-il capable de réussir à Bakou le même festival qu'à Manaus? Il est malheureusement permis d'en douter.

(ATS)

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