Jusqu'en 2014. pour schématiser, l'équipe de Suisse était une équipe jouant de septembre à avril. Depuis la Coupe du monde au Brésil, elle est une habituée du mois de juin et 2021 a marqué un tournant: pour la première fois, la Nati a eu le droit d'entrer sur un terrain de football au mois de juillet, ce qui était réservé jusqu'alors à ses grands voisins. L'Espagne a mis un terme au rêve le 2 du mois et, trois ans plus tard, la Suisse a déjà gagné quatre jours puisque c'est le 6 juillet 2024 qu'elle défie l'Angleterre.
Cette date entrera-t-elle dans l'histoire du football suisse ou restera-t-elle un regret, peut-être éternel? Le fait est que cette Angleterre semble prenable, mais, comme la France, elle est encore en course dans cet Euro, solide à défaut d'être brillante. Il ne faut pas s'y tromper: si battre l'Italie en 8es de finale relevait avant tout de la logique au vu des rapports de force, ce qui en dit long sur les progrès du football suisse en sélection, l'Angleterre reste un cran au dessus. Un cran, pas deux.
L'Angleterre, un défi gigantesque
La Suisse n'a en effet rien volé en arrivant en quarts de finale, au vu de ses prestations, mais aussi de la constance de ses joueurs au plus haut niveau. Il a beaucoup été évoqué, à juste titre, la solidité de la colonne vertébrale avec, dans chaque ligne, un champion national (Yann Sommer, Manuel Akanji, Granit Xhaka), mais le plus remarquable est peut-être qu'aujourd'hui, tous les titulaires de l'équipe de Suisse évoluent dans un championnat de bon niveau. Tous ne sont pas des titulaires indiscutables, mais tous, sans exception, sont confrontés chaque semaine à l'exigence de la Premier League (Fabian Schär), de la Serie A (Ricardo Rodriguez, Dan Ndoye, Remo Freuler, Michel Aebischer), de la Bundesliga (Ruben Vargas, Silvan Widmer) et de la Ligue 1 (Fabian Rieder, Breel Embolo). Murat Yakin le sait, l'Europe le voit aussi: cette équipe de Suisse évolue et, on l'a souvent souligné aussi, l'énorme travail de formation effectué depuis une vingtaine d'années porte ses fruits.
L'Angleterre est un défi gigantesque, même si elle joue mal, mais elle ne représente pas un obstacle insurmontable. Ou plus. Et pouvoir oser l'écrire avant le match sans trembler est déjà une belle victoire. La Suisse n'a besoin d'avoir peur de personne, mais elle sait aussi qu'elle n'a aucune marge. Personne ne peut avoir oublié les matches face au Kosovo et à la Biélorussie, ils font aussi partie de la réalité de cette Nati, et ils ne sont pas si loin dans le calendrier. Mais, comme les grandes nations du jeu, la Suisse peut se permettre d'oublier ce qu'elle a mal fait en novembre pour briller en juillet. Et même à mi-juillet? Là, pour le coup, ce serait vraiment entrer dans une autre dimension, vertigineuse.