Gareth Southgate ne s'en cache pas, l'été 1996 est encore bien présent dans son esprit. «J'ai passé quelques nuits difficiles...», a rappelé l'Anglais, lequel avait raté un tir au but décisif en demi-finale de l'Euro face à l'Allemagne. «J'avais été populaire à Berlin cet été-là sans aucun doute», a-t-il souri de manière un brin ironique. La Mannschaft avait fini par soulever le trophée dans le ciel de Wembley et voilà que vingt-huit ans plus tard, les Three Lions peuvent en faire de même à Berlin. Un signe du destin?
«Je ne crois pas aux contes de fées. Mais je crois aux rêves qui se réalisent pour qui travaille dur», a répondu le sélectionneur anglais à la veille de cette finale face à l'Espagne. «Ce qui est sûr, c'est qu'on veut offrir une nuit spéciale à tout le monde demain. Si nous sommes arrivés là, à Berlin, dans ce stade magnifique, c'est parce que nous avons montré beaucoup de caractère ces dernières semaines, que nous avons beaucoup progressé aussi. Nous avons marqué des buts en fin de match, nous avons gagné aux tirs au but aussi, les joueurs ont fait preuve de beaucoup de résilience. Alors oui, gagner dimanche soir, ce serait une belle histoire, mais c'est à nous de l'écrire», a enchaîné Gareth Southgate.
»La différence entre perdre et gagner est petite»
En 1996, lorsqu'il a manqué son tir au but, le défenseur des Three Lions avait été la cible des moqueries d'une partie des fans anglais. Mais il est resté debout et en tire une certaine fierté. «J'ai appris ce jour-là que la différence entre gagner et perdre était petite. J'ai appris à prendre du recul, aussi. A me dire qu'il y avait plus important que le football dans la vie, même si le football m'a apporté énormément. Il m'a permis de voyager, d'acquérir de l'expérience et j'ai pu en vivre pendant plus de 35 ans, que ce soit comme joueur ou comme entraîneur aujourd'hui. J'ai pu devenir le manager de la sélection anglaise, ce qui est sans aucun doute le plus grand privilège que j'ai eu dans ma vie.»
Que va-t-il dire aux joueurs avant d'entrer sur le terrain demain? «Sincèrement, mon message et celui du staff n'ont pas changé durant les six ou sept semaines que nous avons passé ensemble. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec ce groupe de joueurs, ils ont été magnifiques. Demain, nous avons une grande occasion de rendre notre pays fier. Vous n'avez pas besoin d'en dire trop aux joueurs, ils n'ont pas besoin de motivation. Par contre, on peut soigner les détails, faire en sorte d'être prêts. Et puis travailler un peu mentalement aussi. Il y a une chose dont je suis sûr: si nous n'avons pas peur de perdre, nous aurons plus de chances de gagner.»
Harry Kane est passé devant le trophée sans le toucher en 2021
Le capitaine et buteur Harry Kane a lui aussi relevé la «mentalité exceptionnelle» de cette équipe d'Angleterre, laquelle a frôlé l'élimination face à la Slovaquie et à la Suisse, et a marqué à la dernière minute contre les Pays-Bas. «Nous étions en finaie il y a trois ans et c'est un long voyage pour revenir. Perdre en finale contre l'Italie, passer devant le trophée sans le toucher, c'était un moment très difficile, qui m'a aidé à grandir. Je suis excité d'être de retour à ce niveau, dans une finale de l'Euro. Ce sera extrêmement dur face à cette équipe d'Espagne, mais nous voulons aller au bout cette fois.»
Voit-il un favori dans cette finale? «C'est à vous les journalistes et aux fans de décider qui est favori. Depuis le début de l'Euro, l'Espagne a été la meilleure équipe, la plus constante, et a sans doute mérité d'être favorite, mais on a montré du caractère, de la résilience. Et on a prouvé qu'on pouvait gagner contre tout le monde.» Place au terrain!