La Slovénie a créé une petite sensation dimanche, tenant en échec le Danemark (1-1), demi-finaliste du dernier Euro. Le moyen de remettre le football slovène sur le devant de la scène, 24 ans après sa première et dernière participation à un Euro. C’était en 2000, en Belgique et aux Pays-Bas. Ermin Siljak, ancien buteur du Servette FC (38 matches, 10 buts), faisait partie de cette sélection slovène, qualifiée surprise pour la compétition.
L'exploit de l'Euro 2000
«L’Euro 2000 était un grand succès pour nous. Un pays de deux millions d’habitants qui joue dans une grande compétition», se souvient l’ex-buteur de la Slovénie. Un exploit pour ce pays, alors presque inconnu sur la scène internationale. «Tout le monde nous confondait avec la Slovaquie», raconte-t-il. D’autant plus que l’Euro se disputait à 16, à l’époque. «C’était vraiment uniquement les meilleurs qui participaient», tonne Ermin Siljak.
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Mais la sélection slovène est vite sortie de son anonymat. Pour son entrée en lice, elle affronte la Yougoslavie, ou plutôt ce qu’il en reste (Serbie et Monténégro). La Slovénie, elle, l’a quittée en 1991, date de son indépendance. Avant ça, le football slovène était peu considéré en Yougoslavie. Les footballeurs slovènes étaient même traités de «skieurs», l’un des (nombreux) sports roi du pays.
Ermin Siljak se souvient bien du 13 juin 2000. «On jouait à Charleroi. J’étais sur le banc pour ce match», relate celui qui avait 27 ans à l’époque. «On a fait un très bon match. On a surpris les adversaires et on a mené 3-0, avec une occasion pour mettre le quatrième. Après, on a bloqué psychologiquement. En neuf minutes, on a encaissé trois buts», résume-t-il. Un match nul, donc, mais un exploit majuscule, tant sur le plan footballistique que symbolique face aux Yougoslaves.
Comme la Suisse
Après l'exploit de l'Euro 2000, la Slovénie a participé à deux Coupes du Monde (2002 et 2010), mais plus jamais à un Euro… jusqu’à celui de cette année. Mais alors, quelles sont les différences entre l'époque d'Ermin Siljak et celle d’aujourd’hui? «Le niveau du championnat slovène était meilleur. La Slovénie mettait plus d’argent dans le football», détaille le principal intéressé. Même s’il concède que les infrastructures se sont améliorées, et notamment le stade national (stade Stozice), inauguré en 2010.
Au global, le niveau des «petites nations» s’est drastiquement amélioré. On le constate d’ailleurs en ce début d’Euro avec la Géorgie, l'Albanie ou la Slovaquie. «Tout le monde est prêt physiquement», appuie Ermin Siljak. Surtout que la Slovénie est consciente de ses limites. «La Slovénie ressemble un peu à la Suisse. On sait qu’on est petit, qu’on doit travailler plus que les autres», avance-t-il. Un petit pays, qui ne peut pas s’appuyer sur les talents des pays voisins. Même s’il en possède, évidemment, aussi. À l’image de Jan Oblak, Josip Ilicic ou Benjamin Sesko, pour ne citer qu’eux.
En parlant de ce dernier, l’actuel attaquant de Leipzig a quitté son pays natal à 16 ans. «On participe à l’Euro parce qu’on a des jeunes joueurs qui se sont développés à l’étranger et qui viennent en équipe nationale», explique Ermin Siljak.
Le foot pas encore No 1
Si «dans les six dernières années, on travaille bien dans le football slovène», dixit l’ex-attaquant du Servette FC, la Slovénie souffre aussi de son succès dans les autres disciplines. En effet, le football n’est pas le seul sport dans ce pays.
Rien que dans les sports individuels, la Slovénie compte plusieurs des meilleurs athlètes du monde: les phénomènes Tadej Pogacar et Primoz Roglic en cyclisme, la légende retraitée Tina Maze en ski alpin, le champion olympique de saut à ski Peter Prevc ou encore l’octuple championne du monde de grimpe Janja Garnbret. Sans compter les sports collectifs, où les basketteurs ont été champions d’Europe 2017 – avec notamment Luka Doncic et Goran Dragic –, et dans lesquels les hockeyeurs et handballeurs sont loin d’être ridicules.
Un réservoir impressionnant dans un pays d’à peine plus de deux millions d’habitants. «En trente ans d’indépendance, on a performé dans tous les sports. Ça veut dire qu’on a des qualités, du talent», s'enthousiasme Ermin Siljak. Mais pas forcément un cadeau pour le football. Pour que le football grandisse encore, il faudrait que «le foot soit No 1 et le basket No 2, comme en Espagne», martèle l'ancien buteur.
Pour autant, les résultats de la Slovénie (2x à l’Euro, 2x à la Coupe du Monde) depuis son indépendance montrent que le football se fait une place. «On est des phénomènes, s’enthousiasme Ermin Siljak. Si on était 10 millions, on gagnerait l’Euro!»
Avant de penser à cela, il faut surfer sur le bon résultat du premier match face au Danemark. Car jeudi s’annonce un match décisif pour espérer sortir des poules, face à la Serbie (15h). Pour un match aussi marquant qu’à l’Euro 2000?