«Oh wie ist das schön!» Sur cette terrasse d’un quartier populaire de Cologne, pas loin de l’Université, elles et ils sont plusieurs dizaines à reprendre ce chant venant des tribunes munichoises en ce vendredi soir. Le son est à fond sur les deux écrans de télévision installés à l’extérieur de ce bistrot et le voisinage, on l’espère, ne portera pas plainte pour tapage. Il est passé 22h et les Allemands ont décidé de faire du bruit dans tout le pays!
Est-ce la faiblesse de l’Ecosse ou l’efficacité de l’attaque allemande qui a permis à la Mannschaft de dynamiter la Tartan Army? Peut-être un peu des deux, mais le fait est que Toni Kroos, le patron du milieu de terrain, et ses coéquipiers ont pris le départ idéal dans cet Euro, faisant immédiatement naître une grande euphorie. «On va gagner l’Euro!», s’enflamme ainsi un sympathique trentenaire à Cologne, complètement sous le charme du duo Musiala-Wirtz.
«Pour moi, on a le meilleur milieu de terrain du monde, le plus complémentaire aussi. Bien sûr que nos deux jeunes sont formidables. Mais on a l’expérience nécessaire avec Toni Kroos et Ilkay Gündogan. Ils veillent sur nos deux artistes», continue celui qui se prénomme lui-même Toni et enquille les chopes comme la Mannschaft enfile les buts dans les cages écossaises. Sur le terrain, dans les tribunes et dans la rue, l’Allemagne a pleinement réussi son début d’Euro.
Le récital de «Wusiala»
Jamal Musiala et Florian Wirtz, donc, tous deux âgés de 21 ans, ont livré un récital ce vendredi, gagnant même un surnom au passage: ils sont les «Wusiala», ce qui sonne un peu ridicule, mais dit bien l’ampleur que ces deux hommes sont en train de prendre dans l’inconscient collectif.
Interrogé en conférence de presse après le match, Jamal Musiala a commencé par mettre Toni Kroos en avant. «Il contrôle notre jeu. Jouer avec lui, c’est un honneur.» Et en ce qui le concerne? A-t-il réussi le match de sa vie, ce vendredi, lui a qui tout a réussi? «Disons que c’est le match où je me suis senti le mieux. Je suis tout simplement heureux que nous ayons marqué autant de buts et que nous puissions aborder les prochains matches avec le plein de confiance. Mais nous pouvons encore mieux jouer.» Une promesse qui sonne comme une menace pour la Hongrie et la Suisse, les deux prochains adversaires de l’Allemagne.
Kai Havertz est lui sous le charme du duo «Wuziala». «Ils ont un potentiel incroyable. Nous pouvons être fiers qu’ils jouent tous deux dans notre équipe», a dit l’attaquant, lequel profite des caviars de ses deux jeunes coéquipiers, mais travaille également pour leur fournir des espaces. Car cette équipe d’Allemagne semble avoir une grande qualité sur ce début d’Euro: l’esprit de sacrifice.
Il faut maintenant confirmer
Tout aussi talentueux qu’il soit, le magicien Jamal Musiala a en effet fait preuve d’un sens collectif admirable, multipliant les courses vers l’arrière et n’hésitant jamais à défendre. Son sens de la passe est soyeux, sa technique aussi, mais il n’a jamais rechigné à venir donner un coup de main à Toni Kroos derrière lui et à effectuer des transitions d’une rapidité incroyable en zone offensive. Bref, un match complet, dès la première seconde, jusqu’à la dernière qu’il a passée sur le terrain.
Sorti à la 74e minute sous les ovations du public, en grande partie debout (!), Jamal Musiala a marqué les esprits ce vendredi, lui qui a été enlacé par son sélectionneur Julian Nagelsmann à sa sortie. Le technicien a eu un grand mérite: faire confiance à son joyau et tout faire pour le mettre dans les meilleures dispositions possibles, même après une Coupe du monde très décevante au Qatar. Pour l’instant, c’est réussi, tant le milieu offensif du Bayern s’est montré flamboyant et décisif ce vendredi. Mais le plus dur arrive dans le football, comme toujours: la vérité éternelle de ce sport est qu’il faut confirmer et que le prochain match est toujours plus important que celui qui vient de se terminer.