Comment devient-on immortel à St. Pauli? De nombreuses figures décalées ont marqué l'image du club culte de Hambourg: Volker Ippig, autrefois gardien de but et squatter à la fois, le fumeur à la chaîne Walter Frosch, le rustique Holger Stanislawski. Ils savent jouer au football, mais le club, qui se considère comme la bonne conscience du football allemand, a toujours exigé d'autres qualités. Les sentiments? Au moins aussi importantes que le succès sportif.
Vendredi soir (18h30), l'entraîneur suisse de St. Pauli Fabian Hürzeler peut lui aussi inscrire son nom dans les annales du club. S'il gagne au Volkspark de Hambourg chez le rival local, le FC St. Pauli sera promu en Bundesliga – et le HSV devra définitivement faire une croix sur la montée, selon le résultat du match en parallèle Düsseldorf - Nuremberg.
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La promotion dans un derby dans le stade du rival de la ville, ce serait le plus grand triomphe possible pour le club de quartier. Et peut-être la pire défaite pour le Hambourg SV dans la fière histoire du club fondé en 1887. Le fils du dentiste qu'est Fabian Hürzeler – dont le rayonnement et l'apparence ne correspondent pas au type de personnage culte de St. Pauli – serait probablement le premier à égratigner le statut de légende du club uniquement grâce à ses mérites sportifs.
Un football qui n'a encore jamais existé à Saint-Paul
«Son plus grand mérite est d'avoir changé le football à St. Pauli», déclare Roger Stilz. Le directeur sportif de Saint-Gall connaît les deux clubs: il a travaillé au HSV comme entraîneur assistant et à St. Pauli entre autres comme responsable de la relève. «Avant, à St. Pauli, le ballon était plus longtemps en l'air qu'au sol. Maintenant, ils font des matches extrêmement soignés. C'est une révolution footballistique.»
Avec l'approche méthodique de Fabian Hürzeler, le succès est venu, en 52 matches sous la direction de l'Américano-Germano-Suisse, St. Pauli a obtenu 2,17 points en moyenne, passant de candidat à la relégation à leader de la Bundesliga 2. «C'est amusant, avec un style très serein et froid. St. Pauli défend désormais en ayant le ballon, explique Roger Stilz. Même si ce club est tellement émotionnel, tellement orienté vers les sentiments.»
Hambourg s'est trop longtemps pris pour un grand
Même si cela ne devait pas encore fonctionner vendredi: la montée ne peut guère être enlevée à St. Pauli. Et son rival de Hambourg? Le vainqueur de la Coupe d'Europe 1983 se retrouvera pour la toute première fois de son histoire derrière son rival local au classement. Notamment parce que l'on s'est cru trop longtemps encore un très grand club. «Le HSV a été très longtemps dans le passé, explique Roger Stilz. On y a trop longtemps vécu comme si on était encore grand.»
En 2018, les Rothosen ont été relégués pour la première fois en Bundesliga. Et depuis, ils n'en sont plus sortis, laissant échapper la montée de manière parfois dérisoire, faisant parler d'eux pour des faits divers indignes. «Alors que le petit voisin a désormais une identité footballistique en plus de son identité sociale, le HSV a un peu perdu la sienne.»
Au plus tard depuis le licenciement de l'entraîneur Tim Walter, qui donnait tout de même un visage au club offensivement, l'équipe du défenseur suisse Miro Muheim est définitivement déséquilibrée. Le successeur de Tim Walter, Steffen Baumgart, fait malgré tout preuve d'optimisme: «Gagner le derby et se hisser à la troisième place» sont ses derniers objectifs de la saison. Et Fabian Hürzeler? Il reste tranquille. «Nous devons trouver un équilibre entre les émotions positives et la pensée rationnelle», promet-il. Tout en sachant qu'il pourrait bientôt avoir le statut de légende à St. Pauli.