«Nous rejetons en bloc ces affirmations, à la fois décevantes mais pas surprenantes», a pour sa part commenté le Comité suprême d'organisation du tournoi dans un communiqué mercredi, faisant référence aux critiques portant sur le pays qui se sont intensifiées à l'approche du coup d'envoi, dimanche.
Parmi les quelque 200 Indiens (pour une vingtaine d'Anglais seulement) venus accueillir la sélection anglaise devant son hôtel d'Al Wakrah, au sud de Doha, mardi soir, les discussions portaient essentiellement sur les commentaires sur les réseaux sociaux et les articles de presse britanniques, espagnols et français les qualifiants de «faux supporters».
Selon Sajidh, 29 ans, les Indiens du Qatar sont «indignés» qu'on imagine qu'ils aient été payés pour participer à un défilé sur le front de mer de Doha, qui a réuni quelque milliers de personnes vêtues essentiellement de maillots de l'Argentine et du Brésil, vendredi.
«C'est purement et simplement de la désinformation et je voudrais dire haut et fort qu'aucun d'entre nous n'a été payé de quelque manière que ce soit, clamait Sajidh. Nous sommes des fans inconditionnels de l'Angleterre. Depuis l'enfance, mon joueur préféré est David Beckham. Nous avons des fans de Wayne Rooney, des fans de Michael Owen…»
«Les gens choisissent l'équipe qu'ils veulent»
«Ça nous a fait beaucoup de mal», ajoutait Anas, qui suit la Premier League «tous les week-ends». «Les gens ne réalisent tout simplement pas l'importance du foot au Kerala», l'Etat de la pointe sud de l'Inde dont étaient originaires la plupart des supporters présents devant l'hôtel des Three Lions.
Lors de la dernière Coupe du monde, une effigie de 25 mètres de l'attaquant Harry Kane avait même été érigée dans une ville de la province! «Nous venons d'Inde, mais notre pays n'est pas qualifié, les gens choisissent donc l'équipe qu'ils veulent soutenir», terminait Anas.
Les supporters qui ont participé au défilé de vendredi affirment en avoir entendu parler sur les réseaux sociaux et sur la messagerie WhatsApp.
Chaque matin depuis son ouverture mi-octobre, des dizaines de personnes font la queue devant le principal point de vente de billets de match dans le quartier central de West Bay. Parmi eux figurent de nombreux migrants originaires d'Asie du Sud, la population du Qatar comptant 750'000 Indiens et 400'000 Bangladais (sur 2,9 millions d'habitants).
«Messi est le plus célèbre»
Dimanche, à la mi-journée, un jeune Bangladais en sortait les mains vides. Il ne souhaitait pas donner son nom, mais expliquait tout de même n'avoir rien acheté «car il n'y avait pas de billet pour voir Lionel Messi», alors que l'Argentine devait atterrir mercredi soir à Doha.
Pour Aron, un Indien vivant au Qatar, Messi est la star de la Coupe du monde. «S'il peut gagner, il sera définitivement le meilleur! Il est très connu au Qatar car il a été l'ambassadeur de (ndlr: l'entreprise de télécommunications) Ooredoo», a expliqué l'adolescent de 16 ans, rencontré en centre-ville mardi.
«Cristiano Ronaldo est célèbre ici et Neymar aussi, mais Messi est le plus célèbre», abondent deux Népalais vivant au Qatar, Dipendra Shah, 36 ans, et Rakesh, 33 ans (qui ne souhaite ne pas donner son nom de famille).
C'est le coût qui les a retenus d'acheter des billets. «800 riyals qataris (ndlr: environ 210 euros), c'est trop cher. Mais nous reviendrons car les prix changent d'un jour à l'autre», disaient-ils.
Dans un magasin d'articles de sport du centre commercial tout proche, une vendeuse confirmait dimanche l'intérêt des locaux pour «les T-shirts de l'Argentine et du Brésil surtout», ainsi que de quelques grandes équipes européennes. Le choix des touristes, ajoutait-elle, se porte plutôt sur le Qatar «pour ramener un souvenir».
(AFP)