Après la spectaculaire victoire 3-2 contre la Serbie vendredi, le comportement de Granit Xhaka faisait au moins autant parler que la qualification pour les huitièmes de finale. Le capitaine de la Nati a de nouveau provoqué les Serbes.
Une fois la victoire et le billet pour la phase à élimination directe acquis, la Nati se laisse aller à la fête sur le terrain du Stade 974 de Doha. Granit Xhaka est au cœur des festivités. Le capitaine et leader de l'équipe a réalisé une performance solide. Elu homme du match, le milieu d'Arsenal a permis à la Suisse de retrouver sa stabilité après une première mi-temps confuse.
Granit Xhaka communie avec les fans suisses après le coup de sifflet final, portant le maillot de son coéquipier Ardon Jashari avec le numéro 26. Un choix pas forcément anodin.
Adem Jashari: un héros au Kosovo
Les premières interprétations ont rapidement jailli sur internet. L'action de Granit Xhaka y est interprétée comme une provocation politique envers les Serbes, en rendant hommage au héros populaire kosovar Adem Jashari.
Ce dernier est le cofondateur de l'organisation paramilitaire UCK et l'un des protagonistes de la lutte du Kosovo pour l'indépendance vis-à-vis de la Serbie. L'aéroport de Pristina, la capitale kosovare, porte d'ailleurs le nom d'Adem Jashari.
Le père de Xhaka a été torturé en prison
La famille de Xhaka est marquée par la guerre des Balkans. Son père Ragip est arrêté dans les années quatre-vingt dans la Yougoslavie de l'époque durant une manifestation. Raison invoquée: rébellion contre l'État. Il est emprisonné et torturé quotidiennement pendant six mois. Lorsqu'il est libéré, il s'enfuit en Suisse, où Granit voit le jour en 1992.
L'histoire, et les événements de 2018 en Russie, ont-ils rattrapé le capitaine de la Nati au Qatar? Sa célébration avec l'aigle bicéphale en Russie, comme réponse aux provocations serbes, avait provoqué une affaire d'Etat après le premier duel contre la Serbie.
La Nati avait ensuite perdu le fil de son tournoi, éliminée en huitièmes par les modestes suédois. Les choses risquent-elles de se gâter à nouveau en 2022?
Xhaka: «Aucune arrière-pensée politique»
Interrogé sur son maillot floqué au nom de Jashari, Granit Xhaka s'est défendu en conférence de presse vendredi soir: «Il n'y a absolument aucune pensée politique derrière cela. Ardon [Jashari] est un garçon que j'apprécie beaucoup et avec lequel je passe beaucoup de temps tous les jours. A son âge, j'étais presque au même stade que lui et il prend beaucoup de conseils auprès de moi. Je lui ai promis que si je marquais un but ou si nous gagnions, je mettrais son maillot.»
Pendant le match, le capitaine de la Nati est longtemps resté calme. Après une bonne heure de jeu, les émotions sont montées pour la première fois. Un attroupement se forme devant le banc serbe à la suite d'une faute adverse. Granit Xhaka est dans la mêlée. Il provoque les remplaçants adversaires et se touche les parties génitales.
La FIFA ne réagit pas... pour l'instant
Le ton monte encore dans les arrêts de jeu, lorsque Xhaka et son adversaire Nikola Milenkovic se retrouvent front contre front. Le capitaine de la Nati s'en tire avec un avertissement.
Peu de temps après, le coup de sifflet final retentit. La Nati est en huitièmes de finale de la Coupe du monde, les joueurs jubilent. Granit Xhaka aussi - avec un maillot qui fait débat. Reste à savoir si ses actions auront des conséquences. Pour l'instant, la FIFA n'avait pas encore réagi samedi matin.