Ricardo Rodriguez dresse le bilan
«Nous n'étions pas à la hauteur contre le Portugal»

Le latéral gauche de la Nati Ricardo Rodriguez revient sur la défaite contre le Portugal, les critiques de ses coéquipiers et le rôle de Granit Xhaka en tant que capitaine. Interview.
Publié: 12.12.2022 à 11:45 heures
1/6
Après la défaite 6-1 contre le Portugal en huitièmes de finale, Rodriguez et la Nati ont atterri à Kloten jeudi dernier.
Photo: keystone-sda.ch
Michael Wegmann

C'est peut-être l'une des plus grosses surprises au niveau suisse lors de cette Coupe du monde. Au Qatar, Ricardo Rodriguez a vécu une nouvelle jeunesse. En phases de groupes, il a été impérial contre le Cameroun, le Brésil et la Serbie. Puis, comme tous ses coéquipiers, il s'est écroulé en huitièmes de finale contre le Portugal. Le latéral du Torino tire le bilan de ce Mondial. Interview.

Ricardo Rodriguez, continuez-vous à regarder les matches de la Coupe du monde?
Depuis notre élimination, je n'ai plus regardé aucune rencontre. Je vais maintenant passer quelques jours à la montagne avec ma famille. Mais pour la finale, je serai probablement devant ma télévision.

À quel point êtes-vous encore frustré par la déroute contre le Portugal?
La frustration est encore profonde. C'est douloureux d'être éliminé de la sorte. Nous nous étions tous imaginés les choses différemment. Mais nous ne pouvons plus rien changer.

Après 2014 et 2018, c'est votre troisième échec en huitièmes de finale d'une Coupe du monde. Est-ce que c'était la plus dure?
C'était la plus limpide. Contre la Suède il y a quatre ans, nous aurions dû mieux faire. Et contre l'Argentine en 2014, nous étions à mes yeux la meilleure équipe et aurions mérité de passer. C'est pour ça que l'élimination en 2014 a été la plus amère.

Après la claque contre le Portugal, une grande discussion tactique a été lancée. Murat Yakin s'est-il trompé en passant à une défense à trois?
Non. Nous encaissons les premiers buts sur une remise en jeu et sur un corner. Cela n'a rien à voir avec notre tactique. Et après le passage à une défense à quatre après la pause, nous en avons encaissé quatre.

Vous ne semblez pas être contre une défense à trois.
Non, pourquoi le serais-je? Je joue à trois au Torino et je m'y sens très bien. Mais la défense à quatre me convient aussi. Je peux faire les deux.

Certains de vos coéquipiers ne voyaient pas les choses de la même manière que vous et ont critiqué la tactique...
Ils se sont exprimés ainsi juste après la fin du match. C'est leur opinion, pas la mienne.

Vous n'aimez pas trop parler en zone mixte après les matches. Pourquoi?
Je n'aime pas trop donner d'interviews de manière générale. Encore moins juste après un match, surtout si nous avons perdu 6-1.

Alors pourquoi la Nati a-t-elle été si malmenée? La Suisse a-t-elle était très mauvaise ou le Portugal a-t-il été très bon?
Les Portugais étaient certainement dans un grand soir. Mais nous n'étions pas à la hauteur. Ils étaient plus en forme, plus intelligents, meilleurs. Nous aurions pu jouer avec n'importe quel système…

Certaines voix se sont élevées, disant que Granit Xhaka ne méritait plus le brassard. Qu'en pensez-vous? Votre ami est-il un bon capitaine?
Oui. Mais pas parce que c'est mon ami. Granit va toujours de l'avant, il a du courage, il est sûr de lui, il parle à tout le monde et dit ce qu'il pense. Son talent est également indiscutable: il est titulaire à Arsenal.

Que se passerait-il si on lui retirait le brassard de capitaine?
Cela ne changerait rien. Granit reste Granit, il se comporterait exactement de la même manière.

Pourquoi est-il toujours en première ligne lorsqu'il y a des provocations?
Il faut lui poser la question. Tout ce que je sais, c'est que c'était un match avec un fort enjeu (ndlr: celui contre la Serbie). La pression était énorme, sur nous tous. Mais surtout sur Granit et Shaqiri. L'émotion monte très vite sur le terrain, peu importe ce que l'on a décidé de faire avant le match.

Quels étaient les objectifs de Xhaka pour ce match?
Nous avons beaucoup parlé ensemble. Il voulait, comme nous tous, rester calme. Et cela a d'ailleurs beaucoup mieux fonctionné qu'il y a quatre ans. Nous étions tous plus calmes. Je n'ai dû retenir Granit qu'une seule fois (rires).

Si vous comparez cette Coupe du monde à celle de Russie, quelles étaient les différences?
Nous sommes plus expérimentés qu'il y a quatre ans et nous avons été mieux accompagnés et soutenus par la fédération qu'en Russie. Notre staff était plus grand. Dans l'ensemble, ce Mondial a été plus harmonieux et plus calme. Cela m'a beaucoup plu. L'hôtel était excellent, les conditions que l'on nous a offertes, à nous les joueurs, étaient idéales. De plus, nous étions moins isolés qu'il y a quatre ans.

Avec Xhaka et Shaqiri, vous êtes désormais le recordman suisse en matière de matches de Coupe du monde. Qu'est-ce que ça vous fait?
Plus de 104 sélections, 12 matches de Coupe du monde. Cela sonne déjà bien. Je suis toujours très fier lorsque je peux porter le maillot de la Nati.

Allez-vous encore jouer un match de Coupe du monde?
Je ne pense pas encore à prendre ma retraite internationale, si c'est ce que vous voulez savoir. La prochaine Coupe du monde est dans quatre ans, j'aurai alors 34 ans. Si je reste en forme et en bonne santé, qui sait? Pourquoi pas? Le Portugais Pepe a déjà 39 ans — et il a même marqué contre nous...

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la