Murat Yakin a essuyé les plâtres avec la Nati ce vendredi. Difficile de faire plus somptueux comme plâtres tant l’Hôtel de Ville de Bâle est de toute beauté. C’est dans ce cadre magique, dans sa ville natale, que le nouveau sélectionneur a dévoilé ses premiers choix pour l’équipe de Suisse.
«Muri» avait décidé de se passer de costard, pour ne pas rajouter une énième couche de pompeux. Il a débarqué décontracté, en jeans et survêtement. Mais plutôt que de trancher avec le décorum, cela n’a fait que renforcer l’impression que l’aîné Yakin était chez lui, dans son salon même. Le responsable de la communication de l’ASF Adrian Arnold l’a encore souligné, avant qu’un élu bâlois n’adresse un (long) message vidéo à l’audience: Willkommen in Basel!
Une défense en chantier
La prise (légitime) de pouvoir de Murat Yakin ne s’est pas arrêtée aux symboles. Le Rhénan a d’entrée dévoilé une carte tactique. Le sélectionneur veut révolutionner la disposition de la défense suisse. Une volonté incarnée par la venue du néophyte Cédric Zesiger.
Depuis 2018, Vladimir Petkovic s’était appuyé sur une défense à cinq, avec trois hommes en charnière centrale et deux éléments sur les côtés. «Fertig», a décidé le nouveau patron qui misera sur un quatuor à plat.
Pourquoi pas. Après tout, Murat Yakin a toujours fait ainsi en club. «Il a confiance en ce dispositif tactique», soulignait à raison son ancien coéquipier Antonio Esposito. Mais le consultant de la TV tessinoise n’est pas complètement serein pour autant. Sa (légitime) inquiétude porte un nom: Ricardo Rodriguez.
L’heure de Lotomba?
Le champion du monde M17 a été très bon à l’Euro… dans une charnière centrale à trois. Il sera exporté dans le couloir gauche dans un système à quatre. Son manque de vitesse va rapidement poser problème. Plus inquiétant encore, les alternatives actuelles n’apportent pas de garantie. Loris Benito se fait tailler par la presse française et sa place est menacée à Bordeaux malgré Vladimir Petkovic.
Autre option, le droitier Jordan Lotomba n’a pas joué une minute au championnat d’Europe. Le Lausannois de 22 ans (2 sélections) est bourré de talent mais il doit encore lutter pour s’imposer à Nice. Manque de bol pour lui, sa superbe passe décisive contre Marseille a été balayée par l’envahissement du terrain. L’heure de l’ancien défenseur du LS a peut-être sonné avec la Nati. Pour ce faire, il devra rapidement montrer convaincre son nouveau sélectionneur.
Tant dans la forme que dans le fond, Murat Yakin s’est mis en lumière et en danger ce vendredi à Bâle. Son panache et ses choix tactiques vont subir un test ultime dimanche prochain déjà face aux Italiens. Ça promet.