Les vacances de Pâques touchent à leur fin. Dominique Blanc, le président de l’Association suisse de football (ASF), a dû passer des belles Fêtes pascales. Je lisais il y a quelques jours dans «Le Temps» une interview de Tatjana Hänni, ancienne directrice du football féminin à la fédération: l’idée d’une candidature suisse pour l’Euro 2025, c’est lui qui l’a eue.
J’aimerais d’emblée être absolument clair. Il ne s’agit ici en aucun cas de minimiser le travail immense abattu par Tatjana Hänni pour le football féminin dans notre pays, puis par Marion Daube qui lui a succédé dans ce rôle avant de porter le projet jusqu’à la ligne d’arrivée.
Une chose est certaine en revanche: toutes deux ont pu compter sur le soutien inconditionnel d’un monsieur vaudois de 73 ans, élu en 2019 à la tête de notre football malgré le slogan le plus ennuyeux du monde: «évolution, pas révolution».
Des Trois-Sapins à la Coupe du monde au Qatar
Au final, il nous a bien eus. Le candidat du monde amateur, dont beaucoup attendaient un mandat sans vagues, est arrivé dans son nouveau bureau comme aux entraînements de l’équipe nationale: sac à dos sur l’épaule et guidé par l’enthousiasme sincère d’un passionné pur de ce sport.
On ne peut pas être un tricheur lorsqu’on a passé toute une vie sur des terrains cabossés ou les talus qui leur servent de tribunes. Pendant des décennies, c’est à la verrée suivant l’AG de l’Association cantonale vaudoise ou à la buvette des Trois-Sapins qu’on pouvait faire santé avec Dominique, pas à la zone VVIP (si si, ça existe) de la finale de la Coupe du Monde des clubs.
Un autre projet d’envergure: le centre national
À son accession à la tête du football suisse, les chantiers ne manquaient pas. Ils avaient été mis en lumière par le rapport Heusler, constat sans pitié d’une fédération ayant oublié d’évoluer avec son temps, aveuglée qu’elle était par les résultats de son équipe nationale masculine.
Dominique Blanc n’en a pas oublié les conclusions, notamment celle de la nécessité absolue pour le football suisse de bénéficier de son centre national, son Clairefontaine. Une vieille idée. S’il est réélu le 3 juin prochain, la faire devenir réalité constituerait, après l’Euro 2025, un héritage concret de plus de son passage. Pas mal pour une «évolution».
L’anti-Noël Le Graët
Dominique Blanc n’est pas un président parfait. Certains mots parfois mal choisis, par exemple, dans les mois qui ont précédé la Coupe du monde au Qatar l’ont vu être pris en étau entre la «realpolitik» propre au football globalisé et ses valeurs.
Vous noterez qu’un autre président de fédération, pas très loin d’ici, a fait la preuve que ces mêmes valeurs, on pouvait finir par les oublier complètement. Dominique Blanc, au final, incarne mieux un autre slogan, que ses pairs sont nombreux à rabâcher, à défaut de le mettre en œuvre: servir son sport, et non s’en servir.