Le défenseur de Boca Lucas Blondel (28 ans) est depuis longtemps dans le viseur de la Nati. Fin janvier, Murat Yakin (50 ans) s'est forgé une opinion après un voyage de 30 heures et a fait la connaissance d'un «joueur sympathique» au centre d'entraînement de Boca.
«Il incarne la grinta», a déclaré le sélectionneur suisse, convaincu du courage et de la détermination du joueur. «Son agressivité positive va nous faire du bien», ajoute Murat Yakin. Avant même cette rencontre en tête à tête avec Lucas Blondel, le sélectionneur national avait régulièrement analysé les données des matches et les principales séquences vidéos du défenseur.
Sur le terrain, il est prêt à parcourir des kilomètres
«Lucas est un défenseur très bien formé techniquement, capable de réaliser des passes intelligentes. Il sait quand il peut et doit intervenir dans les phases offensives», a déclaré Murat Yakin à Blick après le match contre Rosario Central (1-0) début mars. «Sa gestion des transitions est sa véritable marque de fabrique.» On ne sait pas encore combien de minutes le sélectionneur national offrira au joueur de Boca Juniors contre l'Irlande du nord et le Luxembourg. Mais il sera prêt à donner son maximum, a assuré Lucas Blondel lors de la rencontre à Buenos Aires.
Christian Gimenez, ancien attaquant argentin et champion avec le FC Bâle, suit la carrière de Lucas Blondel depuis un certain temps: «La plus grande force de Lucas est sa polyvalence – il peut évoluer à droite en défense, mais aussi dans l’axe. Avec son contrôle du ballon et sa propension naturelle à aller de l'avant, il possède des qualités qui peuvent être précieuses pour l’équipe nationale suisse», estime-t-il. Les matches en Irlande du Nord et contre le Luxembourg «seront importants pour lui, afin de comprendre comment joue l’équipe suisse et ce que Muri attend de lui», ajoute Christian Gimenez.
«D’une importance fondamentale»
Depuis son échange direct avec Murat Yakin, beaucoup de choses ont changé pour Lucas Blondel. Ses douleurs musculaires (consécutives à un coup reçu à la jambe) sont désormais un lointain souvenir. En championnat, après quelques hauts et bas, le défenseur offensif a retrouvé son rythme de croisière: lors des deux derniers matches, il a fait partie du onze titulaire des Xeneizes. Dans le Torneo Apertura, le club, 35 fois champion, est remonté à la troisième place.
Lucas Blondel a vécu l’échec historique de la Copa Libertadores depuis le banc de touche, ce qui pourrait finalement lui avoir été bénéfique. La colère des supporters s’est d'abord abattue sur les titulaires. Après l’élimination contre l’outsider péruvien Alianza Lima, les fans de Boca ont explosé de rage: «Vous pouvez tous partir!» ont-ils scandé à plusieurs reprises, retirant symboliquement leur soutien aux joueurs après cet échec dès le deuxième tour.
L'ancien joueur de Boca, Christian Gimenez, mesure bien l’ampleur du phénomène. Bien plus de dix millions de fans s’identifient à l’ancien club de Diego Maradona. Seuls ceux qui résistent à cette pression quotidienne sont considérés comme psychologiquement solides: «Porter le maillot de Boca est une responsabilité. Il faut savoir gérer ça. Pour ma carrière, les expériences vécues là-bas ont été fondamentales.»
Les Blondel, une famille de tennismen
Derrière cette première convocation en équipe nationale se cache une histoire de vie passionnante. Le père de Lucas, Jean-Yves Blondel, a parcouru l’Amérique du Sud en tant que jeune joueur de tennis, atteignant le top 600 à l'ATP. Au Buenos Aires Lawn Tennis Club, dans le quartier de Palermo au début des années 90, il fait la connaissance de Mariana Borlle, une étudiante en anglais. Des années plus tard, leur fils Lucas retrouve à son tour la capitale argentine, mais cette fois en tant que footballeur talentueux, via l’Atlético Rafaela de Santa Fe.
La famille Blondel s’est d’abord faite un nom en Suisse dans le milieu du tennis. Le grand-père Paul a remporté plusieurs titres nationaux et a même représenté la Suisse en Coupe Davis. Aujourd’hui, Jean-Yves, le père de Lucas, travaille comme entraîneur privé dans une école de tennis à Berthoud.