Blessures et dépression
Meriame Terchoun, la battante qui revient de très loin

La Zurichoise défiera Servette Chênois ce dimanche (16h) pour le choc au sommet du championnat suisse. L'attaquante enchaîne les buts. Un petit miracle pour celle qui avait arrêté le football.
Publié: 06.02.2022 à 12:42 heures
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Meriam Terchoun a ses habitudes au «Café Hubertus», pas loin de là où elle a grandi.
Photo: Sven Thomann
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Le sport se nourrit dans ces histoires héroïques, de ces «come-backs» inespérés, de ces athlètes qui défient les pronostics. Pour Meriame Terchoun, la côte était proche de zéro. «Après mes blessures, ce n’est pas normal que je puisse encore jouer, reconnaît l’attaquante du FC Zurich. Beaucoup auraient abandonné à ma place.» Se déchirer trois fois les ligaments croisés à seulement 24 ans, il faut le faire. Pourtant, ni les blessures, ni la dépression ou les prémices d’un burn-out n’ont réussi à la freiner.

Avec son numéro 19 sur le dos, Meriame Terchoun fait trembler les défenses du pays. Elle est la deuxième meilleure buteuse de Super League (6 goals), juste derrière sa coéquipière Fabienne Humm (7). Les Zurichoises se déplacent ce dimanche à Genève pour la reprise du championnat (16h).

«Elle avait tout plaqué»

Ce choc au sommet contre Servette Chênois, Meriame Terchoun a failli ne jamais le disputer. Au printemps 2020, elle n’en pouvait plus. «Jongler entre plusieurs jobs et ma carrière de footballeuse, c’était devenu trop lourd, explique-t-elle, attablée à la terrasse du Café Hubertus à Zurich. J’enchaînais les matches et mon corps n’a pas tenu. Il me manquait du temps pour récupérer.»

Pour freiner ce surmenage, elle plaque tout: destination le Golfe persique. «J’y ai retrouvé une partie de ma famille. Mon père est algérien. J’avais besoin de renouer avec mes racines, d’apprendre l’arabe, de faire le ramadan pour la première fois.»

La pandémie est venue dribbler une partie de ses plans. Mais au Qatar, terre de la prochaine Coupe du monde masculine, l’étincelle est revenue. «J’y ai joué avec une équipe de femmes, se souvient-elle. Le niveau n’était pas très bon mais j’ai retrouvé ce plaisir simple, comme quand je tapais dans le ballon avec mon petit frère dans le quartier. J’ai aussi réalisé l’importance du football pour ces filles dont l’accès au sport n’est pas un acquis.»

Trois mois «dans le noir»

À son retour en Suisse, «son» FC Zurich lui propose de reprendre les entraînements. Elle y va, mais sans penser à un retour à haut niveau. Les semaines, les mois passent. Son état de forme revient aussi. «Au bout d’un moment, je me suis dit: «vas-y, tu n’as rien à perdre».» La suite lui a donné raison.

Plusieurs fois, Meriame Terchoun a pensé à tourner le dos au football. Après sa deuxième blessure, elle est tombée en dépression. «J’avais beaucoup perdu: même mon job. J’avais été virée au téléphone alors que j’étais à l’hôpital. Pendant trois mois, j’étais dans le noir. Je mangeais et dormais mal. Je suis allée consulter une psychologue et cela a changé ma vie. Il n’y a aucune honte à avoir, au contraire. La pandémie et les confinements ont permis à tout le monde de se rendre compte de l’importance et de la fragilité de la santé mentale.»

Star de la pub Galaxus

Aujourd’hui, Meriame Terchoun a trouvé «un juste équilibre»: «J’ai aussi su mettre mon bien-être et ma personne en premier, être égoïste dans le bon sens terme. Je pense plus à moi.» La Zurichoise travaille pour le syndicat des joueuses et comme assistante de production pour la chaîne de TV «Blue».

INSTAGRAM

Star de la pub Galaxus pendant l’Euro 2021, aux côtés de Gilbert Gress et Stéphane Chapuisat, Meriame Terchoun est suivie par plus de 11’000 fans sur Instagram. Une célébrité et une audience qu’elle n’hésite plus à utiliser. La joueuse de football s’était par exemple exprimée lors de la votation sur l’interdiction du voile. «Les athlètes ont souvent peur de s’exprimer sur le plan politique ou sociétal. Mais, je suis une citoyenne presque comme une autre, j’ai des valeurs et c’est naturel de me battre, de m’exprimer pour les femmes qui n’ont pas ce luxe.»


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