L'entraîneure de Chelsea, Emma Hayes est un personnage. La réponse à une consœur de «Sky Sports» à la question «quel est votre objectif pour le match contre Servette (ndlr ce mardi soir, 18h45)?» était simple, claire et concise: «Gagner». Loin d’être découragée, la journaliste a relancé la coach de Chelsea: «Comment allez-vous y parvenir?». Réponse de la principale intéressée: «En marquant plus de buts que nos adversaires».
À ce moment de la conférence de presse, il est difficile d’imaginer qu’Emma Hayes a remporté il y a une semaine le «2021 Broadcast Award for Pundit of the Year», grâce à son rôle de consultante durant l’Euro 2020. Heureusement, sa langue se délie à mesure que le temps passe. «Je ne sais pas vraiment quoi penser de cette récompense, souligne la Britannique. Bien sûr que je suis fière, j’ai bien apprécié mon été mais je suis entraîneure avant tout.»
Son destin n'était toutefois pas tout tracé. Dans sa jeunesse, elle était une excellente joueuse mais une grave blessure de ski a mis un terme à sa carrière à l'âge de 17 ans. Quand les médecins lui ont annoncé qu'elle ne pourrait plus jamais jouer au football, elle était inconsolable. La Londonienne a rejoint l'université à Liverpool, avec comme but de devenir espionne. «Elle peut dire si vous mentez», explique son père, Sid, au «Guardian». À Liverpool, elle a commencé à entraîner de nombreuses équipes, du football au tennis de table, en passant par la natation. Elle s'est ensuite exilée aux États-Unis pour une courte expérience, avant de revenir en Grande-Bretagne et de prendre la tête de Chelsea.
Et elle le fait plutôt bien puisqu’elle a mené les Blues en finale de la dernière Champions League (défaite 4-0 face à Barcelone). Servette est prévenu: en face, un des meilleurs effectifs d’Europe et, à sa tête, une coach exceptionnelle.
«Un pas dans la bonne direction»
Ses performances avec l'équipe de Chelsea font parler dans le football britannique, au point que certains l'imaginent même devenir la première femme à entraîner une équipe masculine. C’est par exemple le cas de Joe Cole, ancien international anglais (56 sélections). Mais qu’en pense la boss de Chelsea? «Joe Cole est de la même ville que moi, je pense qu’il me charriait.» En voyant les images, l’ancienne star de Chelsea et Liverpool semblait toutefois bien sérieuse.
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Pour l’instant, Emma Hayes se plaît dans le football féminin. Le nouveau format de la Champions League avec, pour la première fois, l’instauration d’une phase de poule, n’y est pas étranger. «J’aime beaucoup cela, martèle-t-elle. C’est bien plus compétitif et cela va aider les équipes à se développer. C’est par exemple le cas de notre adversaire de demain (ndlr mardi soir). C’est un pas dans la bonne direction.»
La Londonienne sait l’importance d’engranger de l’expérience. Lorsqu’elle a pris en charge Chelsea, les Blues n’étaient qu’une simple équipe amateur. D’ailleurs, elle souhaite le meilleur à Servette: «Pour arriver au sommet, vous devez souffrir et expérimenter des choses, développe-t-elle. Elles ne sont pas encore à notre niveau mais elles ont appris des deux premiers matches. Et j’espère que les Genevoises vont apprendre de nous et que ceci les aidera dans leur aventure.»
«Le championnat suisse s’est développé»
Le match de ce mardi (18h45) sert donc à nouveau d’apprentissage pour Servette. Emma Hayes est honnête, elle ne sait pas grand-chose sur son adversaire. «Je sais que le championnat suisse s’est développé et que Servette est très agressif, précise-t-elle. Même si elles n’ont pas encore marqué de buts dans cette compétition, elles se sont créé de nombreuses chances.»
Certes, les Genevoises sont moins expérimentées mais cela ne sera peut-être pas un facteur décisif pour la troupe d’Emma Hayes: «Quand vous jouez contre une nouvelle équipe, vous ne savez pas vraiment à quoi vous attendre.» De plus, la Londonienne souligne que les Grenat seront bien aidées par la foule (le club a annoncé que 10’300 billets ont trouvé preneur pour cette rencontre).
Même si son équipe remporte ce match, Emma Hayes ne gardera pas un souvenir impérissable de sa visite dans la cité de Calvin: «La Suisse est jolie mais je ne peux que voir la gare depuis la fenêtre de ma chambre, peste-t-elle. J’aurais bien aimé avoir la vue sur les montagnes.» Heureusement pour elle, la coach n’est pas venue en Suisse pour faire du tourisme.