Il y a dix ans, l’époque était aux grands changements dans cette équipe de Suisse. De grands noms de la Nati comme Alex Frei et Marco Streller avaient claqué la porte après un match nul 0-0 en Bulgarie en 2011. Ottmar Hitzfeld, alors entraîneur de la Nati, avait recommencé d’une page blanche.
L’Allemand a notamment compté sur le jeune Xherdan Shaqiri, alors âgé de 19 ans. Pour le deuxième match de qualification, la Suisse reçoit cette même équipe de Bulgarie le 6 septembre 2011. Les visiteurs mènent au score jusqu’au festival de «Shaq».
Le Bâlois a marqué trois fois (45e, 62e et 90e) pour porter la Nati vers une large victoire 3-1. «XS» brandit trois doigts dans un Parc Saint-Jacques sous le charme. Un moment fort de sa carrière, même si l’équipe nationale allait finir par rater le championnat d’Europe 2012 quelques semaines plus tard.
«Presque» de classe mondiale
Ottmar Hitzfeld (72 ans aujourd’hui) se souvient bien de cette soirée. «Xherdan a marqué les esprits. Une telle réussite vous donne des ailes. La Bulgarie est son adversaire préféré et cela peut certainement aider la Nati lundi.»
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Le double vainqueur de la Ligue des champions (1997 et 2001) salue son ancien protégé qui va fêter sa 100e sélection. «C’est incroyable. Je l’ai lancé pour la première fois quand il avait 18 ans contre l’Uruguay, en 2010 déjà. J’aurais difficilement pu imaginer à l’époque qu’il fasse un tel parcours en équipe de Suisse même si c’était clair que Xherdan avait un grand potentiel. C’est presque un joueur de classe mondiale. Un footballeur pur-sang avec une intelligence de jeu, une forte technique et de l’instinct.»
Pour Ottmar Hitzfeld, le joueur de l’Olympique Lyonnais va détrôner un jour le recordman suisse de sélection, Heinz Hermann (118 sélections).
Une arrivée facile dans le groupe
L’ancien sélectionneur avait beaucoup apprécié la façon dont Xherdan Shaqiri s’était intégré dans le groupe. «Il s’entendait bien avec les joueurs plus âgés. Toujours de bonne humeur, il peut faire des blagues et se concentrer dans la seconde qui suit sur le jeu. Il sent quand c’est le moment d’être sérieux. Je n’ai que de bons souvenirs et j’ai toujours pu compter sur lui.»
«Bien sûr, il faut aussi savoir le ménager et lui montrer sa confiance par moments», ajoute «Gottmar». Un exercice dans lequel le sélectionneur actuel, Murat Yakin, excelle parce qu’il était lui-même un joueur parfois suivi par les controverses.
«Son départ du Bayern a été précipité»
Ottmar Hitzfeld est revenu de manière plus large sur la carrière du «Shaq» qui a récemment fêté ses 30 ans. L’Allemand estime encore aujourd’hui qui son départ en 2015, du Bayern Munich vers l’Inter Milan, était une mauvaise décision. «C’était précipité. Il aurait dû être plus patient. Robben et Ribéry allaient bientôt être poussés vers la sortie. Il aurait pu leur succéder.» L’ancien sélectionneur est plus clément sur ses autres décisions: «Liverpool est une institution et Xherdan y a remporté des trophées. À Lyon, l’important c’est qu’il joue le plus possible.»
«Le meilleur, c’était Chapuisat»
Est-ce que le Bâlois fait partie des meilleurs joueurs que le mythique entraîneur a eu sous ses ordres? «Xherdan est exceptionnel, mais le meilleur c’était Stéphane Chapuisat. Il a été meilleur buteur, a remporté la Ligue des champions. «Chappi» était plus fort que tous les joueurs que j’ai eus au «Bayern».
«Shaqiri aurait pu réussir encore plus de choses dans sa carrière. Peut-être a-t-il cru qu’il y était arrivé trop tôt. Probablement, tout lui est venu avec trop de facilité quand il était junior. Les choses sont différentes si vous devez vous battre depuis toujours pour avoir une chance.»
Des éloges pour Murat Yakin
Ottmar Hitzfeld, qui a entraîné la Suisse de 2008 à 2014, est impressionné par l’équipe actuelle. «Ils se sont surpassés à Rome et ont mieux joué que les Italiens. Ces derniers ont ressenti la pression et j’espère qu’il en sera de même pour eux lundi en Irlande du Nord.» Murat Yakin est un «entraîneur de haut niveau, tactiquement très bon» qui rayonne par sa «sérénité».
L’Allemand sera forcément devant sa TV lundi soir pour suivre le match décisif contre la Bulgarie. «Il sera important de bien commencer, de marquer tôt et de ne pas trop réfléchir à cette différence de buts. Finir premier serait fantastique. Avec les bons souvenirs de Xherdan Shaqiri contre la Bulgarie, cela devrait être possible.»