Sur quel transfert penchez-vous actuellement?
Barthélémy Constantin: En tout cas, aucune arrivée. Pour l’instant, nous devons alléger l’effectif et nous débarrasser de certains joueurs. Nous en avons trop, ce qui nous a rendu la vie difficile ces derniers temps.
Comment en est-on arrivé à cette situation avec, par moments, quarante joueurs dans l’effectif?
La période qui a suivi la perte de la finale de la Coupe 2017 a été très mauvaise pour le club. Nous avons commis une série d’erreurs dont nous n’étions pas conscients. Par la suite, nous avons recruté beaucoup trop de joueurs pour effectuer un changement radical.
Où en est le FC Sion actuellement?
Nous sommes sur la bonne voie. Surtout car je pense qu’il y a désormais une prise de conscience pour ne pas répéter les erreurs commises par le passé. Mais nous sommes toujours au milieu de la tempête.
Et à quoi va ressembler la deuxième partie de saison?
Nous sommes en train de restructurer le club et de mieux le positionner. L’objectif est de terminer la saison dans la première moitié du classement.
Qu’avez-vous offert à votre père pour son 65e anniversaire?
Rien pour l’instant. Je suis sorti de quarantaine le 8 janvier. C’était le lendemain de son anniversaire. Nous n’avions pas encore eu le temps de passer du temps ensemble. Ce dimanche, ça devrait être possible. Je lui offrirai une journée de ski et une autre surprise.
Votre père a désormais atteint l’âge de l’AVS…
(Barth rit aux éclats)
…ça fait un peu bizarre, non?
Et comment! Mais il ne s’est pas inscrit pour le versement l’année dernière, il ne peut donc pas toucher l’AVS. On peut le faire jusqu’à 70 ans. C’est ce qu’il va faire. Si tant est que cela soit possible. Mais il continuera certainement à travailler.
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Il ne fallait pas non plus s’attendre à ce que les choses se passent normalement au FC Sion. Dans une PME «normale», si le fils travaille dans l’entreprise, il reprend le flambeau de son père lorsque celui-ci prend sa retraite.
Non. De toute façon, le mot retraite n’existe pas dans notre famille. Quand je vois mon grand-père, qui aura 90 ans en février et qui travaille encore aujourd’hui, après avoir eu de longs problèmes à cause du Covid… Non, le mot retraite n’existe pas dans la famille Constantin.
Que fait votre grand-père Martial?
Il a vendu son entreprise de pierres artificielles il y a deux ans. Mais il s’occupe toujours de chantiers où il faut du granit, du marbre, etc. Lors de la vente de l’entreprise, il a dit qu’il resterait employé encore trois ans.
Votre père a dit l’autre jour: «Si vous aimez quelqu’un, ne lui donnez pas ce travail». Il parlait du poste de président du FC Sion. Votre père vous aime-t-il?
Je pense que oui. J’ai de l’admiration pour mon père, c’est un fait. Mais il y a aussi une réalité financière. Ce que coûte le club, et le football en général. Il faut générer un sacré paquet d’argent au quotidien et encore plus dans les mauvais moments. On dépense plus que ce que l'on gagne.
En 2013, vous avez dit que vous vouliez lui succéder…
Quel âge j’avais à l’époque? Dix-huit ans… Bien sûr, j’admirais mon père et je voulais suivre ses traces. Mais pour l’instant, je pense plutôt à partir dans un autre club qu’à dépenser des millions ici.
Quel est votre grand rêve actuellement?
Devenir champion avec Sion, en compagnie de mon père. Comme nous avons gagné la coupe ensemble en 2015. C’est ça mon grand rêve!
Pour cela, il vous reste encore trois ou quatre ans, car il a fait part de son intention de prendre sa retraite.
On verra bien. Mais il a juste parlé de prendre en tant que président. Pas de vouloir vendre le club.
Si vous deviez quitter Sion, dans quel club aimeriez-vous avoir un poste de directeur sportif?
Il y a encore beaucoup à faire à Sion. Je vais rester encore un peu ici. Jusqu’à ce que nous vivions des jours meilleurs. Après? On rêve toujours de grands clubs, c’est logique. Mais c’est en Argentine que j’ai vu la plus grande passion pour le football. C’est incroyable là-bas! Bien sûr, l’enthousiasme est aussi énorme à Marseille, dans les grands clubs turcs, un peu à l’AC Milan. Mais il n’y a rien en Europe qui ressemble à l’Argentine.
Comment se fait-il que vous n’ayez jamais terminé votre apprentissage?
Quand j’étais adolescent, mes parents se sont séparés. Mon père était alors loin de moi. Pourtant, je voulais absolument être proche de lui. Cela n’était possible que pendant les heures de travail.
Qu’avez-vous entrepris que vous n’avez pas pu mener à bien?
Avant tout, l’école de théâtre à Paris. A l’époque, mon plus grand rêve était de devenir acteur. J’ai fait du théâtre pendant sept ans. Mais ce projet a perdu du terrain face au deuxième, devenir directeur sportif.
Votre père vous a aussi mis à la porte une fois.
Oui. C’était après que nous avons été en désaccord dans l’affaire Gattuso. J’étais récalcitrant. Et un idiot. J’ai alors travaillé comme employé communal à Martigny, surtout dans la rue. Trois mois seulement. Mais ils m’ont marqué. C’était un travail avec de vraies personnes. Et cela m’a sensibilisé à des choses que je n’avais même pas perçues auparavant. Cela m’a fait du bien.
Quels travaux avez-vous effectués?
J’ai accroché des décorations de Noël dans la ville, nettoyé des machines. J’ai aussi été l’homme à tout faire de l’électricien de la ville, j’ai fait des travaux de jardinage, etc.
Depuis, vous êtes-vous encore pris la tête avec votre père?
Entre lui et moi, ce n’est pas du cinéma. On se dit ce qu’on pense. Et puis on se rabiboche, car le respect mutuel est grand.
Votre père est-il devenu plus doux avec l’âge?
Oui, c’est clair.
Comment cela s’exprime-t-il?
Il est devenu plus calme, plus détendu, moins émotif. En bref: plus sage. Encore plus sage!
Ce changement est-il bénéfique?
Oui, absolument. Cela aide aussi notre travail commun.
Pour la première fois, il a un vice-président à ses côtés. Qu’est-ce qui a changé avec Gelson Fernandes?
Gels le décharge. Et nous formons un trio de direction qui est une véritable équipe. Il ne connaissait pas cela auparavant.
Comment les tâches sont-elles réparties entre vous et Gelson?
Nous sommes très compatibles et nous nous complétons parfaitement. Parfois, c’est lui qui est au premier plan, parfois c’est moi. Cela fonctionne très bien.
Quel sport pratiquez-vous?
Je me promène beaucoup, je fais du vélo de temps en temps, à l’intérieur comme à l’extérieur, et je joue de temps en temps au football.
Quelles sont vos relations avec les joueurs? On dit qu’elles sont très étroites. Souvent trop étroites.
Je suis là pour eux, même si ce sont mes employés. L’aspect humain est extrêmement important. Et pourtant, je leur dis les choses franchement. Si quelque chose est négatif, je ne vais pas leur dire du positif.
Vous n’êtes donc plus simplement fan d’eux comme autrefois?
Avant, je me laissais fortement guider par les émotions. Trop fortement. J’aime les gens. Mais quand il s’agit de prendre des décisions, il faut faire preuve de sang-froid. Et quand on doit partir à la guerre, on part à la guerre – comme avant chaque match.
En dehors de votre mère et de vos deux sœurs, y a-t-il une femme dans votre vie?
Non. J’ai toujours dit que les femmes de ma vie étaient ma mère et mes sœurs.
Votre mère organise-t-elle toujours la tombola pour le gala du FC Sion?
Oui. S’il y en a encore une. Mes parents se sont peut-être séparés, mais ils n’ont pas divorcé et ils continuent à très bien s’entendre. Nous sommes allés tous ensemble chez ma mère à Noël. Nous fêtons également la fête des mères et les anniversaires ensemble.
Et quelle est votre relation avec Emma Collombin, la copine de votre père?
Nous nous entendons bien, il n’y a pas de problème. Pourquoi?
Quel âge a-t-elle?
Trente-cinq ans, je crois.
Elle pourrait aussi être votre petite amie, cela correspondrait au niveau de l’âge…
(rires) C’est vrai. Mais je n’ai pas trente-cinq ans… Non, je ne me mêle pas de la vie privée de mon père. Et j’ai commencé à comprendre certaines choses dans la vie. Comme respecter ces choses-là.
(Adaptation par Matthias Davet)