Inès Sebayang ne fêtera son 16e anniversaire que le 2 novembre prochain mais Servette FCCF a déjà offert un contrat professionnel à l’adolescente genevoise. Si la néophyte devra encore batailler pour se faire une place sur le front de l’attaque grenat, elle a déjà démontré de belles dispositions en préparation. «Inès a joué pendant une heure face à la Juventus et elle ne s’est pas cachée, saluait son entraîneur Eric Sévérac. Cela dit, il faudra aussi la préserver. Elle doit encore apprendre et écouter les conseils donnés par les cadres de l’équipe.»
Celle qui portera le numéro 34 a encore le temps. Elle s’est engagée jusqu’en 2024 avec le club genevois. Un horizon à moyen terme que beaucoup lui prédisent radieux. «Son potentiel est très grand, résume d’entrée Veronica Maglia, responsable de l’équipe de Suisse M17. Au niveau du caractère aussi, Inès a tout pour faire une grande carrière. Elle a déjà intégré le projet «Futura» qui réunit les meilleurs talents suisses, appelées à jouer un jour en équipe nationale A.»
Au-dessus du lot chez les garçons
Avant de rejoindre le centre de formation de l’ASF à Bienne, Inès Sebayang a fait toutes ses classes avec le FC Donzelle. Olivier Waelti a été l'un de ses derniers entraîneurs dans ce modeste club de la campagne genevoise. «Servette voulait la faire venir plus tôt (ndlr: elle a rejoint les M17 du SFCCF en 2018) mais Inès a préféré rester le plus longtemps possible pour jouer chez nous avec les garçons. Son équipe de juniors C était l’une des meilleurs du Canton de Genève. Sa famille l'entoure très bien. Avec son tempérament de battante, elle n’a pas eu de la peine à se faire respecter. Elle était au-dessus du lot. Je me souviens d’un match amical à Vernier où elle s’était fait applaudir par l’autre équipe à la fin du match.»
Même quand elle quittait la pelouse du stade du Moulin, Inès ne lâchait pas son ballon pour autant. Les habitants de Dardagny la croisait toujours balle aux pieds dans la rue. «Elle la prenait même en classe», s’amuse Olivier Waelti dont la femme est enseignante à l’école du village.
Sponsorisée par un team de skate
Une passion dévorante qu’elle doit partager avec son amour pour le skateboard. La prometteuse attaquante est aussi douée avec une planche qu'avec le cuir. À tel point qu’elle a été repérée par 242, une marque dont la «team» fait référence en Suisse. «On savait qu’elle jouait au foot, mais pas à un tel niveau, explique le boss Jason Singer, pionniers de la culture skate dans la région. Plusieurs skateurs sont fans de foot. La team est fière d’elle.»
La joueuse servettienne apparaît sur certaines vidéos, enchaînant les figures par-dessus des escaliers ou du mobilier urbain. «C’est une skateuse plutôt technique. Elle a vraiment son style à elle, se démarque des autres filles. C’est aussi pour cela qu’elle a intégré le team 242.»
Déjà alignée lors du match d'ouverture?
Technique, le mot revient aussi lorsqu’il s’agit de la décrire sur un terrain de football. «C’est une joueuse imprévisible, s’enthousiasme Veronica Maglia qui ne tarit pas d'éloges. Elle est capable de sortir des gestes incroyables. Inès peut faire ce qu’elle veut sur un terrain. Quand elle veut… Elle doit encore gagner en constance mais il ne faut pas oublier qu’elle n’a que 15 ans.»
Un âge qui ne l’empêche pas de brûler les étapes. Eric Sévérac a glissé au moment de raccrocher que ce n’était «pas impossible» que la joueuse gratte ses premières minutes avec Servette en Super League dès le match d’ouverture contre Zurich ce jeudi soir (ndlr elle a finalement joué 5 minutes). Même si la route est encore longue pour elle, le talent d’Inès Sebayang s’annonce comme l’une des attractions de la saison.