Il y a quatorze ans, Gaëlle Thalmann faisait ses débuts dans les buts de l’équipe de Suisse. Depuis, la Bulloise (87 sélections) est l’un des piliers de cette sélection nationale qui a décroché son ticket pour l’Euro 2022 en Angleterre… grâce à «Gaga». La gardienne avait été décisive dans la séance de tirs au but lors des barrages face à la République tchèque en avril. À 35 ans, elle ne compte pourtant pas s’arrêter en si bon chemin et vise déjà une place à la Coupe du monde 2023, à condition que la Nati se qualifie bien sûr.
2023, c’est justement l’échéance du nouveau contrat qu’elle vient de signer en Espagne. Gaëlle Thalmann s’apprête à découvrir un troisième championnat étranger après l’Italie et l’Allemagne. Elle s’est engagée pour deux ans avec le Bétis Séville, après avoir fêté un titre historique avec le Servette FCCF. Un club genevois qu’elle quitte sans regret aucun.
Après deux saisons à Servette, vous rejoignez l’Espagne. Pourquoi ce choix?
Je veux encore progresser. Le championnat d’Espagne me correspond bien, avec un jeu très technique. C’est aussi l’opportunité de découvrir un nouveau pays et une nouvelle langue. Les deux gardiennes du Bétis Séville ont quitté le club et l’entraîneur (ndlr: Juan Carlos Amorós, ex-Tottenham) m’a contactée. J’ai senti qu’il voulait vraiment que je vienne.
À quand remontent les discussions?
J’avais annoncé à l’interne au mois de mars que je voulais quitter Servette. C’était déjà clair dans ma tête. Avec Séville, on a discuté début juin. Cela a pris un peu de temps parce que j’avais aussi d’autres offres, mais j’ai été très vite convaincue par ce choix.
Vous signez pour deux saisons au Bétis Séville. Ce n’est pas rien à 35 ans.
En effet, c’est un signal positif pour moi. J’ai encore de gros objectifs avec l’équipe de Suisse (ndlr: les qualifications pour la Coupe du monde 2023 dès cet automne et l’Euro l’été prochain). Je me sens physiquement prête. Le travail effectué durant toutes ces années paie.
Vous allez être l'une des joueuses plus expérimentées du vestiaire à Séville.
Exactement, c’est une équipe jeune. Je me réjouis de pouvoir apporter mon vécu. Mais ce qui m’a surtout plu, c’est cette volonté du coach de construire le jeu depuis derrière. Je serai la première à participer à la relance. Je m’en réjouis.
Est-ce que le titre remporté avec Servette vous a fait hésiter à quitter Genève?
Non, c’était clair pour moi. Comme je l’ai dit, je veux continuer d’apprendre et de progresser. Les conditions n’étaient plus réunies à Genève pour cela. J’avais fait le tour et je voulais continuer à m’entraîner à un niveau suffisant pour être performante au niveau international.
Les entraînements n’étaient pas à la hauteur au SFCCF?
Le staff est pro, et largement fourni en comparaison suisse. Cela dit, les entraînements spécifiques ne correspondaient pas à ce dont j’avais besoin. Je cherchais une meilleure qualité et une intensité plus élevée.
Que retenez-vous de ces deux saisons en grenat?
Je ne veux garder que l’aspect sportif, avec ce titre historique. Le but était d’être championnes de Suisse en deux ans. Nous avions donc la pression sur cette deuxième saison mais nous avons répondu aux attentes.
Vous travaillez à temps partiel à l’Association suisse de football. Est-ce que vous allez garder cet emploi?
Oui, grâce à l’ouverture d’esprit de mes chefs et la généralisation du télétravail, je continuerai depuis Séville. Je m’occupe d’un programme mis en place par l’UEFA qui vise à encourager la pratique chez les jeunes filles, de 5 à 8 ans. Je suis très heureuse de pouvoir garder cela à côté du football.
Est-ce que vous avez déjà repris l’entraînement avec le Bétis Séville?
On a eu le premier entraînement collectif ce mercredi matin, après deux jours de tests médicaux. Il fait très chaud ici donc on doit s’entraîner tôt pour esquiver les fortes chaleurs. Pour l’instant, je vis en colocation avec d’autres joueuses mais je vais rapidement me trouver un autre appartement en ville.
Et votre niveau d’espagnol?
Je comprends pas trop mal. Enfin, si les gens parlent lentement. Je peux sortir deux ou trois phrases aussi mais ce n’est pas encore ça. Je vais devoir bosser, et ce en dehors du terrain (rires).