L'heure tourne et Jan Christen tremble. Le jeune homme de 20 ans, si ambitieux et sûr de luio d'habitude, regarde l'écran de télévision avec anxiété, met ses mains devant son visage, stresse complètement. Son chrono suffira-t-il pour aller chercher une médaille? Son objectif dans le contre-la-montre des championnats du monde était l'or - mais Ivan Romeo (21 ans, Espagne) a été plus rapide.
Puis le Suédois Jakob Söderqvist (21 ans) franchit la ligne d'arrivée et se classe deuxième. Il est suivi par Alec Segaert (21 ans), le grand favori belge. «J'étais extrêmement tendu, mais j'ai remarqué que ses jambes devenaient de plus en plus lourdes», explique Jan Christen. Effectivement: Alec Segaert s'effondre sur la route de Bellerive. Le bronze est dans la poche! «J'ai tremblé, mais maintenant je suis aux anges», dit Jan Christen.
Mais n'aurait-il pas été possible de faire mieux? Le jeune Argovien aurait peut-être pu battre Jakob Söderkvist et remporter l'argent - mais le Suédois, parti en avant-dernière position, a pu profiter de routes qui séchaient de plus en plus. «Les conditions n'étaient malheureusement pas les mêmes pour tout le monde. Dans la descente, il a pu prendre plus de risques».
Jan Christen se roule au sol
Jetons un coup d'œil en arrière. A 15h52, Christen prend le départ à Gossau. Il ne le fait pas n'importe comment, mais avec une conviction totale. Il pédale comme s'il n'y avait pas de lendemain, il est explosif et accélère comme un forcené à chaque virage. «J'ai eu un super feeling», raconte-t-il. Au premier temps intermédiaire, l'Argovien est le plus rapide - et il le restera jusqu'à la fin.
Mais peu à peu, la chance tourne pour Jan Christen. Lors de la montée suivante, les ennuis commencent. Le Suisse ressent de plus en plus de douleurs à l’estomac et peine à respirer. «Peut-être que j’ai mangé quelque chose de mauvais, je ne sais pas», confie-t-il. Plus tard, sur l’interminable ligne droite qui longe le lac de Zurich, Jan Christen prend une décision radicale: il essaie de se faire vomir en se mettant les doigts dans la gorge. «Je voulais vomir en pédalant», raconte-t-il. Mais ça ne fonctionne pas.
Jan Christen a l’impression que quelque chose reste bloqué dans sa gorge. Il refuse d’abandonner, sachant que chaque seconde compte. La bouche grande ouverte, il franchit la ligne d’arrivée, épuisé, s’effondre sur l’asphalte mouillé, se tord de douleur et crache. Il finit par vomir. Beaucoup se demandent: est-ce normal? Son entraîneur, Bruno Diethelm, pense qu’un mauvais repas n’est peut-être pas en cause: «Quand tu es aussi tendu et que tu n'arrives plus à bien respirer, ce genre de chose peut arriver».
Ensemble avec son frère Fabio vers l'or?
Jan Christen n'était pas dans son meilleur jour - sa chute dix jours avant les championnats du monde était également loin d'être idéale en guise de préparation. «Je suis d'autant plus heureux que j'ai maintenant une médaille en poche. Vendredi, je n'aurai rien à perdre, je vais attaquer à fond», dit-il.
La course sur route des championnats du monde des moins de 23 ans aura lieu ce jour-là. Son frère Fabio (22 ans) sera également de la partie. «Il roule énormément et ensemble, nous pouvons faire de gros dégâts dans le peloton. Nous nous entendons parfaitement et je suis sûr que ce sera une belle course».