La distance n'est que de 80 mètres. Et pourtant, deux mondes sont séparés de manière bien distincte. Ici, près du monument Zwingli, le monde du cyclisme est en deuil. Une photo en noir et blanc de Muriel Furrer est accrochée à un arbre - la jeune Zurichoise de 18 ans a succombé à ses blessures après sa chute lors de la course des juniors filles vendredi.
A moins d'une minute de marche, sur le pont de la cathédrale dans la vieille ville de Zurich, Tadej Pogacar s'élance seul vers le titre de champion du monde en ce dimanche après-midi. Les spectateurs applaudissent, sont enthousiastes et profitent de la douceur de la météo.
Les championnats du monde de cyclisme vivent donc deux réalités ambivalentes et contradictoires en apparence. Sur le lieu du deuil, 15 bougies funéraires sont allumées, une camarade de classe de Muriel Furrer a rédigé des mots d'adieu émouvants. «Chère Muriel, tu resteras à jamais dans nos cœurs», peut-on y lire. Il y a également une photo sur laquelle de nombreuses personnes - apparemment aussi des camarades de classe - forment un cœur allongées dans un gymnase. A côté, plusieurs bouquets de fleurs ont été déposés et un drapeau suisse est accroché à un arbre.
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Des gens vont et viennent sans cesse - pour une fois, le monument de Zwingli, qui se trouve juste à côté du mémorial sur la rive de la Limmat, n'intéresse personne. «C'est la cycliste qui est morte», dit une mère à sa jeune fille. Il y a aussi de nombreux touristes qui ne sont apparemment pas au courant de la tragédie qui s'est déroulée jeudi dans la partie de la forêt située en amont de Küsnacht. Eux aussi regardent tranquillement le tableau, s'arrêtent et se taisent.
C'est la famille de Muriel Furrer qui a souhaité que le championnat du monde se poursuive malgré la tragédie. Sur les rives de la Limmat, où les fans slovènes notamment sont en délire, on voit bien à quel point la tristesse et la joie sont proches en ce dimanche après-midi.