«Je trouve que ce qu'Annik a fait est bien», souligne Simon Ehammer. L'Appenzellois se prépare pour les championnats suisses en salle qui se dérouleront à Saint-Gall ce week-end. Sa coéquipière Annik Kälin, la meilleure athlète du pays en heptathlon, s'est retirée la semaine dernière du meeting de Berlin lorsqu'elle a appris à la dernière minute que les règles de sa discipline de prédilection, le saut en longueur, allaient changer.
La Fédération internationale teste pour la première fois une révolution lors de grands meetings, Düsseldorf a ouvert la voie, Berlin a suivi. Avec Simon Ehammer, c'est un autre sauteur en longueur de haut niveau qui exprime son mécontentement: «J'ai entendu peu d'athlètes en parler de manière positive. Comme eux, je n'y suis pas favorable.»
Simon Ehammer n'est pas le premier à parler de boycott
Pour le contexte: au lieu d'une planche, il existe désormais une zone de saut de 40 cm de large. On peut s'y élancer de n'importe où. Les mesures sont effectuées à l'aide de caméras modernes depuis l'endroit où le pied se trouvait au moment du saut, et non depuis la planche. L'objectif est de réduire les nombreux essais infructueux et de permettre des sauts plus longs, ce qui devrait être plus attrayant pour les fans.
«Moi aussi, j'ai réfléchi à ce que je ferais s'ils l'introduisaient définitivement, entame Simon Ehammer. Je pense que je n'arrêterais pas le saut en longueur, mais que je renoncerais probablement aux compétitions pendant un an.» Une déclaration presque à l'image du double champion olympique Miltiadis Tentoglou, qui a déclaré: «Si cela arrive, je ne ferai plus de saut en longueur, mais du triple saut.» Mais pourquoi tant de stars s'opposent-elles à ce changement qui entraînerait des sauts supplémentaires?
Selon les mots de Simon Ehammer, «le saut en longueur vit de la perfection absolue. Il s'agit d'optimiser la course d'élan de telle sorte que l'on obtienne un saut parfait et que l'on puisse ensuite réaliser une super distance. Les essais nuls et ceux où l'on perd parfois 15 ou 20 centimètres en font partie.» La nouveauté serait que l'installation de saut en longueur ressemblerait à une autoroute sur laquelle les athlètes se précipiteraient le plus rapidement possible vers l'avant, avant de sauter sans grand effort. Moins de technique, plus de vitesse.
Un projet pilote - est-ce crédible ?
Dans le même groupe d'entraînement se trouve Andrin Huber, qui, en l'absence de Simon Ehammer, a été sacré champion suisse de l'heptathlon il y a un peu plus d'une semaine à Macolin (BE). Lui aussi dit: «Cela enlève de la tension. Il faut beaucoup plus de capacités pour être précis que de courir à fond et d'avoir une énorme puissance de saut.»
La fédération internationale affirme qu'il ne s'agit que d'un projet pilote et qu'elle recueille les réactions des athlètes. Est-ce crédibl? Simon Ehammer en doute: «De mon point de vue, les athlètes ne sont pas du tout impliqués, on ne m'a jamais demandé ce que nous, les athlètes, en pensions.»