«Je suis vraiment désolée pour mes amis et ma famille qui ont déjà réservé leur voyage en train pour Berlin avec des hôtels.» C’est ce qu’a écrit Annik Kälin. La championne d’épreuves combinées, qui possède des capacités exceptionnelles en saut en longueur, a décidé de tirer un trait sur le meeting indoor dans la capitale allemande. Elle vient pourtant de signer un nouveau record suisse en salle à Paris et semblait en excellente forme après sa victoire dimanche.
La cause de cette décision abrupte? La révolution préparée par la Fédération internationale de saut en longueur. Celle-ci souhaite instaurer une zone de saut de 40 centimètres de large au lieu de la traditionnelle barre de saut. A l’intérieur de cette zone, le coureur pourrait ainsi décoller depuis le point de leur choix. La distance exacte serait mesurée à l’aide d’une technologie de pointe, au lieu de la barre fixe comme jusqu’à présent. Ainsi, il devrait y avoir plus de sauts lointains et beaucoup moins de tentatives ratées.
Cette nouveauté est désormais testée à Berlin. «Cela a été communiqué à très court terme», regrette Annik Kälin. Elle a ainsi annulé sa participation au meeting sans hésiter.
Tout comme la star italienne Larissa Iapichino. Ce week-end, la révolution du saut en longueur a été testée pour la première fois sur le circuit à Düsseldorf. Annik Kälin a partagé le message de son homologue italienne de 22 ans. Elle met aussi en garde: «C’est dommage que cela divise la famille du saut en longueur et que les athlètes doivent se positionner les uns contre les autres.»
Même la fédération suisse est sceptique
Mais c’est le double champion olympique masculin qui s’exprime le plus violemment. Miltiadis Tentoglou avait déjà prévenu l’année dernière: «Si cela se produit, je ne ferai plus de saut en longueur, mais du triple saut.» Le Grec a expliqué sa position: «Tu dois courir comme un sprinter et ensuite toucher parfaitement la poutre – c’est la partie difficile. Le saut lui-même est facile. S’ils enlèvent les premiers éléments, le saut en longueur serait l’épreuve la plus simple qui soit.» Les arguments d’Annik Kälin sont les mêmes.
En Suisse, même les officiels émettent de grandes réserves. Philipp Bandi, chef du sport de compétition à la fédération, répond à Blick: «Nous considérons qu’il est important et juste que l’athlétisme continue à se développer et que de nouveaux formats soient testés dans notre sport. Dans ce cas précis, nous sommes toutefois sceptiques quant à la possibilité de rendre les compétitions plus passionnantes et plus équitables. De notre point de vue, il est indispensable que les avis des athlètes soient pris en compte pour des nouveautés aussi radicales.»
La championne olympique veut au moins essayer
Trouve-t-on tout de même des athlètes favorables à ce changement? La championne olympique allemande Malaika Mihambo se montre légèrement optimiste: «Il est probable qu’il y ait davantage de meilleurs sauts avec la zone de décollage, car nous ne devons pas seulement nous orienter sur la planche, mais nous pouvons utiliser tous les aspects pour un point de décollage optimal. Je suis prête à essayer», a-t-elle déclaré.
La Fédération internationale poursuit cette idée en raison d’un très grand nombre de sauts non valables enregistrés lors de grandes compétitions. La réforme doit rendre la discipline plus attrayante, mais elle est loin de faire l’unanimité.