C'est un message publié tard lundi soir qui a obtenu immédiatement un fort écho: le «booster» a-t-il mis sur la touche Sarah Atcho? La sprinteuse souffre d'une péricardite et doit observer une pause forcée d'un mois, sur les conseils de ses médecins. Faut-il y voir un lien avec la 3e dose de vaccin contre le Covid, que la Lausannoise à reçue juste avant Noël?
Pour Sarah Atcho, cela ne peut pas être une coïncidence en raison du timing, et ce même si les complications sont plus fréquentes avec une infection au Covid, comme l'avait montré une étude israélienne, relayée par l’OFSP. Afin d'en savoir plus, Blick a contacté l'athlète en marge de son camp d'entraînement en Espagne.
Sarah, comment allez-vous?
Globalement, ça va bien. J’ai encore des palpitations et une pression sur la poitrine de temps en temps. Je suis actuellement en camp de préparation à Tenerife. Je dois adapter mon programme jusqu’à la fin janvier au moins.
Quand est-ce que vous avez compris qu’il y avait un problème?
Durant les fêtes, je me suis rendue avec mes proches à Lisbonne pour quelques jours de vacances. Je m’entraînais quand même sur place. En montant les escaliers un jour, j’ai été étourdie, comme si mon cœur ne pouvait plus battre correctement. C’est surtout lors de mon premier entraînement sérieux, de retour en Suisse, tout début janvier que j’ai eu de forts symptômes. Je ne me voyais plus les mains. Je suis tout de suite allée chez un cardiologue.
Quel a été le diagnostic?
Une péricardite, une inflammation de la membrane du cœur. J’ai demandé l’avis de plusieurs spécialistes, dont le médecin de la fédération suisse ainsi que le chirurgien cardiaque René Prêtre, qui est un proche de la famille. Ils étaient unanimes: je devais observer un mois de pause totale.
Est-ce que vous avez été soutenue par la fédération suisse?
J’ai eu des échanges avec des entraîneurs. Mais aucun officiel de la fédération ne m’a appelée. Pas le moindre message, alors qu’ils sont au courant de ma situation.
Sur les réseaux sociaux, vous établissez un lien avec le vaccin.
Oui, personne ne veut faire le lien clairement entre le vaccin et la péricardite, l’écrire sur papier. Mais les spécialistes m’ont confirmé que c’était possible. J’ai fait un contrôle à l’automne et tout allait bien. Ce n’est pas venu de nulle part. J’ai reçu la troisième dose juste avant Noël.
Vous faites partie des 80 personnalités qui ont appelé les Suisses à se faire vacciner en novembre dernier. Votre avis a-t-il changé sur la question?
Non parce que j’ai aussi des amis dans le milieu médical et que je me suis renseignée sur le sujet. Il y a plus de risques de faire une inflammation cardiaque avec le virus. Au début, je n’étais pas convaincue par le vaccin, mais c’était le meilleur moyen de ralentir la pandémie et de prévenir des morts. À titre personnel, je me suis surtout fait vacciner pour aller aux Jeux de Tokyo l’été dernier. Cela m’a facilité la vie. Si on veut pouvoir s’entraîner à Macolin ou en salle à Zurich, il faut être vaccinée ou testée tous les jours.
Votre publication a relancé le débat sur la vaccination.
Je ne pense pas que les gens ne devraient pas se faire vacciner. Vu mon expérience, j’ai des doutes aujourd’hui sur la nécessité pour les plus jeunes personnes qui sont en bonne santé.
C’est un sujet qui divise la société. Vous n’avez pas peur de vous avancer publiquement sur le sujet?
Oui je n’ai rien dit depuis deux semaines. Je n’osais pas prendre la parole. Je n’avais pas envie d’être prise comme ambassadrice par les antivax. Je n’ai rien à voir avec leur camp. Je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. Ce qui me frustre, c’est que j’ai fait tout juste et que je suis embêtée dans ma préparation.
Pourquoi avoir pris la parole lundi?
J’avais l’impression d’être hypocrite. Je ne montrais que ce qui allait bien sur les réseaux sociaux. Je ne voulais pas mentir aux gens qui me suivent, à cette communauté qui m’a beaucoup soutenue dans ma carrière. J’étais vraiment motivée et bien partie dans ma saison.
À quoi va ressembler les prochaines semaines pour vous?
Je dois mettre une croix sur ma saison en salle. J’ai un traitement sur trois mois, avec des anti-inflammatoires. J’espère pouvoir reprendre normalement fin janvier. J’ai quand même voulu venir en camp de préparation pour être entourée d'athlètes pros, de gens motivés. Si j’étais restée chez moi, je me serais complètement découragée, démotivée. Je m’entraîne tous les jours en faisant du yoga, du pilates, des exercices de contractions musculaires avec des machines ou des brèves séries basées sur l'explosivité.