Sarah Atcho-Jaquier et le relais aux JO
«Ça aurait presque été une honte de ne pas se qualifier pour Paris»

Géraldine Frey, Salomé Kora, Léonie Pointet et Sarah Atcho-Jaquier ont qualifié le relais suisse 4 x 100 m pour les Jeux olympiques. Blick a appelé la quatrième coureuse aux Bahamas pour prendre ses premières impressions. Interview.
Publié: 06.05.2024 à 16:02 heures
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Dernière mise à jour: 06.05.2024 à 18:49 heures
Géraldine Frey, Salomé Kora, Léonie Pointet et Sarah Atcho-Jaquier (de g. à dr.) ont qualifié le relais suisse pour les Jeux de Paris.
Photo: SRF
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Matthias DavetJournaliste Blick

Il y aura un relais suisse 4 x 100 m femmes aux Jeux olympiques de Paris. Dimanche soir, Géraldine Frey, Salomé Kora, Léonie Pointet et Sarah Atcho-Jaquier ont obtenu un ticket pour les JO. Aux Bahamas, les sprinteuses ont obtenu la deuxième place de leur série de repêchage et ont donc validé la participation du relais aux JO. Il en a été de même pour les relais mixte du 4 x 400 m (Ricky Petrucciani, Annina Fahr, Lionel Spitz, Giulia Senn) et les relais féminins du 4 x 400 m (Lena Wernli, Annina Fahr, Julia Niederberger, Giulia Senn). Finalement, seul le 4 x 100 m hommes n'est pas parvenu à décrocher un billet pour Paris pour… 5 malheureux millièmes.

Au lendemain de cette qualification, Blick a appelé Sarah Atcho-Jaquier. Depuis les Bahamas, la Vaudoise est revenue sur cette qualification… qui ne lui assure toutefois pas d'être présente à Paris. En effet, le relais est qualifié, mais pas les athlètes. Ce sera à l'entraîneur de l'équipe de Suisse que reviendra la décision finale. Mais avant de se projeter sur cet été, retour sur cette course aux Caraïbes avec la quatrième et dernière relayeuse.

Sarah, félicitations pour cette qualification. Quel est ton ressenti après une nuit de sommeil?
Franchement, on a eu un peu peur le premier jour (ndlr: la Suisse ne s'est pas qualifiée pour la finale samedi). On n'arriverait même pas à mettre des mots dessus. Je ne sais pas ce qui s'est passé. On n'était pas là, on n'était pas dedans. Mais hier (ndlr: dimanche), on sentait qu'il y avait une ambiance et un état d'esprit complètement différents. Et ça s'est clairement ressenti sur la piste. On n'avait pas peur. On savait ce qu'il fallait faire, on était motivées. Individuellement, on a super bien couru. Et ça a fait une grosse différence.

Tu arrives à expliquer ce changement de mentalité entre samedi et dimanche?
Une des choses qui nous a peut-être mis des bâtons dans les roues le premier jour, c'est qu'on avait tellement le poids de l'importance de ce qu'on faisait là. Ça nous a un peu freinés parce qu'on s'est bien rendu compte que si on faisait n'importe quoi, on n'allait pas à Paris. Ça a été presque négatif le premier jour. Le dimanche, on s'est bien rattrapées et on a bien compris qu'on était là pour montrer que la Suisse faisait partie des meilleures.

Mais c'est un peu paradoxal. Car samedi, si vous vous ratiez, vous aviez encore une seconde chance. Dimanche, c'était quasi quitte ou double.
Oui, mais je pense que ce qu'on a fait différemment, c'est dans la prise de risques. Samedi, on n'a vraiment pris aucun risque. On n'a pas montré notre plein potentiel. Et dimanche, le coach a aussi pris des décisions différentes. Il nous a fait sentir plus en sécurité.

Tu étais la dernière relayeuse et c'est donc toi qui as franchi la ligne d'arrivée pour qualifier la Suisse. Explique-nous ce que tu as ressenti.
Purée… C'est une des premières fois que je cours à la quatrième position. C'est un stress que je n'avais pas l'habitude d'avoir. Quand je suis deuxième relayeuse, peu importe comment je cours, on voit peu l'impact. Sauf que quand tu es dernière, si l'on se fait rattraper par une concurrente, ça se voit (rires). J'avais énormément de stress, mais c'était finalement une pression positive. C'était bien.

Et tu as le meilleur temps de toutes les dernières relayeuses de ta série, donc ce n'est pas si mal…
Je n'ai pas vraiment réalisé cela mais j'ai effectivement fait une bonne petite remontada – c'était assez gratifiant. Et ce qui est vraiment cool, quand tu es la dernière, c'est que c'est toi qui célèbres la victoire à la fin.

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Est-ce que c'est une des plus belles non-victoires de ta carrière?
C'est en tout cas dans mes plus belles émotions. C'est sans doute dû à l'enjeu: pour nous, ça aurait presque été une honte de ne pas se qualifier pour Paris – car on a des attentes hautes. C'était normal de nous qualifier – mais on est peut-être trop arrogantes à ce niveau (rires). Quand on l'a fait, ça a été un tel soulagement et une telle joie. On s'est toutes sautées dans les bras, c'était incroyable.

Effectivement, on a pu voir les images. Vous avez pu fêter un peu après?
Non. On est directement rentrées. Le seul truc qu'on voulait faire, c'était aller manger un burger, mais le restaurant était fermé donc on n'a rien fêté (rires). Le problème, c'est que la saison commence maintenant. Et c'est plus de notre âge. En tout cas, Salomé (ndlr: Kora) et moi, on était au lit.

La Suisse est désormais qualifiée pour Paris. Est-ce que c'est déjà un accomplissement pour toi?
Concrètement, je ne suis pas encore sûre d'y aller. L'équipe est qualifiée, mais je ne sais pas si j'en ferai partie. C'est ce qui est un peu frustrant vu qu'on a donné notre vie pour le relais, qu'on s'est vraiment concentrées et qu'on s'est qualifiées. Maintenant, de savoir si je serai sur la piste avec mes pointes, c'est encore autre chose. Mais je vais m'entraîner comme une acharnée et me battre tous les jours pour être dans celles qui courent.

Ce n'est pas trop frustrant justement?
C'est le jeu. Le problème, c'est qu'on veut faire quelque chose de grand aux Jeux et obtenir une médaille. Mais pour ça, il faut être la meilleure équipe. L'avantage, c'est que notre sport est très objectif. Si tu cours très vite, tu seras dans l'équipe. C'est la responsabilité de chacune de faire de son mieux pour être en forme au bon moment.

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On se souvient de ta dernière expérience aux JO. Tu nous avais parlé de «torture» pour toi. As-tu peur pour Paris?
Non. Cette année, je suis tellement zen et en paix avec moi-même. Je n'ai pas encore prouvé ce que je veux prouver. Mais dans ma tête, je sais ce que j'ai à faire. Je vais faire mon maximum pour aller aux Jeux – déjà individuellement. Mais ça ne vaut pas la peine de me mettre dans des états comme en 2021 – détruire ma santé – pour ça. Mais je ne suis pas stressée.

Et dernière question: quelle est la suite pour toi?
On rentre ce lundi des Bahamas et je débute ma saison droit derrière avec trois compétitions en Grèce. Ensuite, j'enchaîne. Mon but va être de me qualifier pour les JO sur 200 m et, pour ça, je vais faire un maximum de compétitions pour être le mieux placée au ranking. Après, il ne restera plus qu'à croiser les doigts.

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