Paris-Roubaix vu par Silvan Dillier
«L'horreur! J'ai vu la peur dans les yeux des coureurs»

Silvan Dillier a déjà vécu beaucoup de choses durant sa carrière. Toutefois une telle bataille dans la boue comme dimanche lors de Paris-Roubaix, c'était nouveau pour lui. Mais c'est pour cela qu'il tenait à participer coûte que coûte.
Publié: 05.10.2021 à 08:47 heures
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Dernière mise à jour: 05.10.2021 à 08:51 heures
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Silvan Dillier (au centre) après son arrivée à Roubaix. L'Argovien a vécu des montagnes russes émotionnelles, mais il est heureux. Il a maîtrisé «L'Enfer du Nord».
Photo: Getty Images
Mathias Germann

Après 257,7 kilomètres à travers «L'Enfer du Nord», Silvan Dillier a franchit la ligne d'arrivée du Vélodrome de Roubaix. Le cycliste argovien était couvert de boue de la tête aux pieds. Crevé par une journée éreintante. Quelle est la première chose qu'il a voulu faire après l'épreuve? Il ne s'est pas affalé ni n'a bu ou mangé. «On m'a pris en photo, rigole-t-il. Un moment comme celui-ci, vous vous devez de l'immortaliser. Peut-être que je ne vivrai plus jamais quelque chose de tel.»

L'Argovien fait allusion au pire Paris-Roubaix depuis 19 ans. Cela faisait presque deux décennies que les conditions n'avaient pas été aussi désagréables. «Je voulais à tout prix finir la course, même si je n'avais plus aucune chance de gagner. C'est important car on ne cesse jamais d'apprendre. Vous ne pouvez pas simuler de telles conditions à l'entraînement. Et qui sait, peut-être que ce sera pareil l'année prochaine. Je profiterai alors de mon expérience.»

«C'était l'horreur»

Dillier a finalement terminé 49ème, à 12'24'' du vainqueur. Un nombre impressionnant de coureurs - 79 - n'a pas franchi la ligne d'arrivée. Beaucoup ont chuté plusieurs fois, se sont blessés ou ont abandonné. «Je m'en suis bien sorti. Ce n'est que dans la Tranchée d'Arenberg que ma selle s'est cassée», relate le cycliste argovien. Dans sa voix, cela sonne pourtant comme une petite péripétie.

Après cette mésaventure, il est parvenu à ne pas tomber de la journée. «Lors de la reconnaissance, les sections pavées étaient sèches et propres. Mais alors que nous approchions du premier secteur de la course, j'ai vu la peur dans les yeux de nombreux coureurs. C'était l'horreur, de la boue partout. On a roulé comme si on était sur de la glace et j'ai mangé beaucoup de terre pendant ces six heures.»

Dillier ne pense pas que la course était irrégulière. «C'est juste que les compétences techniques que vous avez sur le vélo comptent aussi ici. Cela fait partie du jeu. Et comme tout était très tortueux, il n'a pas fallu jouer autant des coudes que sur le Tour de France, par exemple.» C'est déjà ça.

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