Le Zurichois est de retour
Iouri Podladtchikov: athlète à l'esprit libre et à la conduite claire

Le champion olympique Iouri Podladtchikov veut remettre ça à 36 ans. Son parcours de carrière volontaire et sans compromis le ramènera dès la semaine prochaine sur le halfpipe de Laax.
Publié: 08:31 heures
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Iouri Podladtchikov est de retour - et toujours aussi ambitieux.
Photo: keystone-sda.ch
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Marco Pescio

Lorsque Iouri Podladtchikov (36 ans) a décidé, un matin d’août 2020, qu’il n’y aurait désormais «plus d’hiver» pour lui, le sport suisse a subi une lourde perte. Avec «iPod», ce n’est pas seulement un champion du monde, médaillé d’or aux X-Games et champion olympique de half-pipe à Sotchi qui quittait la scène sportive, mais aussi l’une des figures les plus brillantes et charismatiques du paysage sportif helvétique.

Podladtchikov voulait une fin sans fioritures ni grandes annonces. Pas de conférence de presse. Juste l’intuition qu’il était temps de tourner la page. Son instinct lui dictait de ranger ses affaires, de jeter ses trophées, car ce chapitre de sa vie était terminé. Fidèle à son esprit libre et éloquent, il avait une explication toute trouvée: «Dans le ballet, j’ai appris que le mouvement final est essentiel: on ouvre un chapitre, mais on le referme aussi. Sans une fin propre, tout est vain». Cette philosophie, il l’a appliquée tout au long de sa vie: lorsqu’il voulait ou ressentait quelque chose, il agissait sans compromis.

Un retour sans surprise

Il n’est donc pas étonnant que Podladtchikov fasse aujourd’hui son retour dans le sport, avec fracas et sans prévenir. Vendredi matin, le Zurichois a annoncé qu’il reprenait la compétition, et dès la semaine prochaine, il sera au départ du Laax Open. Fou? Non. Iouri Podladtchikov a toujours été ainsi: il fait ce qu’il veut.

Dès ses débuts, on a vite compris qu’il suivrait une trajectoire unique. Non prétentieux, mais incroyablement sûr de lui. Intégré dans son équipe, mais déterminé à être le meilleur. Les demi-mesures lui ont toujours été insupportables. Ses entraîneurs, Marco Bruni et Pepe Regazzi, ont su gérer son tempérament avec calme et intelligence.

Le rêve de Kate Moss

Pour la Suisse, qu’il représente en compétition depuis 2007, cet athlète d’origine russe est devenu le freestyler le plus populaire de tous les temps. Il a créé le légendaire «YOLO Flip», un «cab double cork 1440» qui a même laissé son éternel rival Shaun White (38 ans) sans voix.

Mais Podladtchikov ne s’est pas limité au snowboard. Il s’est aventuré dans l’écriture créative, a étudié la photographie et l’histoire de l’art à Zurich et New York, poursuivant ses passions avec la même ambition. Lors d’un entretien, il avait déclaré: «Si la petite photo dans le portefeuille de chacun existait encore, mon rêve serait que tout le monde y garde une photo prise par moi». Il rêvait de capturer une beauté intemporelle et s’était fixé comme objectif de photographier un jour Kate Moss.

Une personnalité fascinante

Volontaire, Podladtchikov s’est engagé en 2020 dans l’armée suisse pour contribuer à la lutte contre la pandémie. Ascète et perfectionniste, il impressionnait par son attention à son corps et son travail acharné. Il étonnait aussi par son tic: ranger obsessionnellement son espace personnel. «Sinon, je ressens une grande inquiétude en moi», expliquait-il.

Cependant, il sait aussi se montrer extravagant. En 2011, il est apparu nu dans une station-service, vêtu uniquement d’un chapeau et d’une montre-bracelet. «Je venais de recevoir une Audi Q5 avec un toit panoramique énorme. Je l’ai ouvert, j’ai regardé le ciel comme dans un film, puis j’ai enlevé mon pull. Les autres dans la voiture m’ont suivi, alors j’ai voulu les surpasser.» Son interview après sa victoire olympique de 2014 reste également mémorable, lorsqu’il avait déclaré avec émotion: «Mon père est très soûl!»

Aujourd’hui, onze ans après cette anecdote et quatre ans après avoir quitté le sport «définitivement», Podladtchikov revient sous les projecteurs. Si son départ en 2020 avait laissé un vide, son retour ne peut être que bénéfique pour le sport suisse. Réussira-t-il à retrouver immédiatement le succès? L’avenir le dira. Mais son objectif est clair: les Jeux olympiques de 2026. Fidèle à lui-même, il ne fait jamais les choses à moitié – sauf lorsqu’il s’agit de conquérir la moitié d’un tube de neige et de glace, où il compte bien s’envoler à nouveau très haut.


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