L'année ou jamais pour le 3x3?
«On ne sait pas lorsqu'une telle situation va se représenter»

Le 3x3 masculin helvétique est à la croisée des chemins. Admise dans deux Tournois de Qualification Olympique, l'équipe de Suisse doit concrétiser son rêve.
Publié: 18.03.2024 à 16:52 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2024 à 16:05 heures
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Responsable du 3x3 suisse, Domenico Marcario est confronté à de multiples défis.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

La concurrence se fait de plus en plus grande, et la génération de la star suisse de la discipline Westher Molteni (36 ans) est plutôt en fin de cycle.

«Les JO, c'est notre voeu, c'est notre souhait. C'est un rêve qui est devenu un objectif. Avec ces entraînements spécifiques, c'est vraiment du concret», explique Domenico Marcario, responsable du 3x3 à Swiss Basketball, qui a ouvert ses portes à Keystone-ATS à l'occasion de l'un des quelque 30 entraînements spécifiques programmés à Lausanne dans l'optique de ces TQO.

«On a mis quelque chose en place, il y a une feuille de route, il y a un plan d'action et nous avons deux opportunités de nous qualifier pour les Jeux de Paris», poursuit le Québécois, conscient que le premier TQO (12-14 avril à Hong Kong) sera plus difficile à négocier que le troisième et dernier (16-19 mai à Debrecen).

D'une part, un seul ticket pour Paris sera attribué à Hong Kong, où huit équipes seront engagées et où la Suisse figurera dans un groupe très relevé avec les Pays-Bas et l'Autriche en favoris. D'autre part, si les membres de la Team Lausanne de 3x3 sont bien présents à Beaulieu pour cette première phase de préparation, ce n'est pas le cas des joueurs engagés avec Fribourg Olympic en basket «classique».

Natan Jurkovitz et Jonathan Kazadi étaient bien là lors du rassemblement en février. Mais pas Arnaud Cotture, qui a décliné cette convocation. Tous trois ne rentrent de toute manière pas en compte pour le TQO de Hong Kong, qui débutera six jours après la finale de Coupe de Suisse entre Olympic et les Lions de Genève. Ils seront en revanche disponibles pour la préparation au TQO prévu en mai, soit après la finale des play-off de SBL.

Si feuille de route il y a, elle reste difficile à esquisser. Entre les engagements à cinq, les tournois internationaux de 3x3 et les obligations professionnelles de ceux - nombreux - qui ne vivent pas que du basket, le coach Vladimir Ruzicic a une petite dizaine de joueurs sous ses ordres chaque lundi et chaque mardi.

«Ce n'est pas toujours simple à gérer», regrette Domenico Marcario, qui a dû convoquer des internationaux M23 dans un cadre élargi comprenant aussi Brunelle Tutonda, Tshi Kashama ou Titouan Vannay. «Il y a des défis logistiques, avec des joueurs qui ne jouent qu'au 3x3, et d'autres qui évoluent en club à cinq contre cinq et ne jouent que pendant l'été au 3x3», rappelle-t-il.

«Avec des tournois comme le premier TQO (réd: pour lequel la Suisse a récupéré une place initialement réservée à Israël) qui se déroulent en pleine saison de cinq contre cinq, il fallait trouver des solutions. C'est notre réalité et on en est là, avec certains joueurs qui ont pu être libérés par leur club (réd: Jonathan Dubas et Thomas Jurkovitz) et certains qui le seront plus tard», poursuit Domenico Marcario.

Il s'agit de saisir pleinement cette double opportunité. «On ne sait pas lorsqu'une telle situation va se représenter. Maintenant, il faut se focaliser sur notre premier objectif, qui est de performer dans le premier TQO, et on aura ensuite une éventuelle deuxième opportunité. Mais le fait d'avoir ces deux occasions montre qu'on a mis en place les choses nécessaires pour atteindre les plus hauts sommets que sont les JO», se réjouit Domenico Marcario.

Est ce l'année ou jamais pour le 3x3 masculin suisse? «Je pense que oui», répond Westher Molteni, habitué aux tracas logistiques puisqu'il vit au Tessin tout en s'entraînant à Lausanne. «Quand le 3x3 a commencé à se développer, la Suisse était en avance sur de nombreux pays, mais nous sommes désormais un peu en retard», souligne-t-il.

«De plus en plus de nations ont des joueurs qui pratiquent exclusivement le 3x3, de manière professionnelle, alors qu'en Suisse le 3x3 dépend avant tout des initiatives privées. En Suisse, seuls la Team Lausanne et Montreux jouent au 3x3 toute l'année. Les autres équipes n'évoluent dans cette discipline que l'été, alors que la saison de 3x3 a déjà commencé», rappelle «King Wes».

L'expérience de la Team Lausanne est d'ailleurs indispensable. Sauf accident, la Suisse alignera le trio lausannois Westher Molteni-Gilles Martin-Marco Lehmann à Hong Kong, au côté d'un quatrième homme qui reste à désigner. «Nous connaissons nos adversaires, et les avons déjà tous battus», lâche Molteni.

Le Tessinois ne cache pas sa déception que tout le monde n'ait pas pleinement joué le jeu du 3x3 dès cette fin d'hiver. «La Suisse peut aller aux JO aujourd'hui, et dans l'avenir je ne vois pas vraiment d'autre option pour aller aux JO que le 3x3. C'est peut-être notre seule chance: le niveau moyen des autres pays augmente vraiment. Mais je comprends les clubs, leurs intérêts sont dans le cinq contre cinq. Et ils ont déjà fait un sacré pas en avant en libérant certains joueurs pour cette préparation», conclut-il.

(ATS)

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