Julien Wanders se relève
Le joyau oublié de l'athlétisme suisse est de retour

«J'étais presque au sommet du monde, puis j'ai chuté.» Ces mots de Julien Wanders résument parfaitement sa carrière. Mais le Genevois pourrait connaître un second souffle. Blick l'a rencontré.
Publié: 26.04.2025 à 15:14 heures
1/7
Ce temps réalisé en 2019 par Julien Wanders est toujours le record d'Europe.
Photo: Twitter
RMS_Portrait_AUTOR_465.JPG
Simon Strimer

En février 2019, Julien Wanders a fait sensation. Lors d’un semi-marathon aux Émirats arabes unis, le Genevois a réalisé un temps fabuleux: 59: 13 minutes pour 21 kilomètres. Le coureur de fond suisse a pulvérisé le temps de la légende britannique de la course Mo Farah. Six ans plus tard, son record européen tient toujours, malgré les avancées technologiques pour les chaussures de course.

Julien Wanders, fils d’une famille de musiciens genevois, est soudain devenu, à 22 ans, le meilleur coureur d’endurance du continent. Et cela n’aurait dû être que le début. «A ce moment-là, j’étais presque au sommet du monde», se souvient-il avec nostalgie. «Et puis la chute a suivi, c’était dur à accepter.»

200 à 220 kilomètres par semaine

L’homme est au bout du fil depuis son pays d’adoption, le Kenya, lorsqu’il parle à Blick de ses dernières années turbulentes. Il a connu de nombreux revers, mais aussi des moments forts en privé. Mais si nous nous entretenons avec lui, c’est parce qu’il repart à l’assaut: «J’espère vraiment que 2025 sera l’année de mon retour. Je crois en la possibilité de retrouver mon niveau d’antan», assure-t-il. Ce dimanche, il courra le marathon de Hambourg avec l’ambition de réaliser de grandes choses.

«Pendant environ trois ans, je n’ai plus été en mesure de courir plus de 30 kilomètres», reprend-t-il. Maintenant, son corps s’est rétabli. Julien Wanders partage des photos de courses d’entraînement de 40 kilomètres. Une «douce douleur», comme il l’appelle. Ces derniers temps, il a parcouru entre 200 et 220 kilomètres par semaine. Cela le rend heureux.

Blessures, surentraînement, crampes d’estomac

Car il n’y a pas si longtemps, son corps était à bout. Au printemps 2023, il a subi un net coup d’arrêt, révélant plus au «Tages-Anzeiger»: «Mon corps était tout simplement très fatigué. Je devais être en surentraînement – pas seulement pendant quelques mois, mais peut-être pendant des années.» Un aveu brutal pour celui qui voulait devenir le meilleur du monde et qui poursuivait ce rêve avec toute la ténacité possible.

Il a dû apprendre à se contrôler. «Mon tempérament est de me pousser quand je le peux. Mais plus je me poussais, plus je descendais. Je pense que je suis plus patient maintenant», confie-t-elle. Cela doit aussi lui permettre de briller en marathon. Lors de ses deux essais précédents, il n’avait pas performé comme il le voulait: à ses débuts à Paris en 2022, des crampes d’estomac l’avaient tourmenté (2:11:52). Puis à Valence, il avait dû abandonner. Désormais, «tout ce qui est en dessous de 2h10 me va», dit-il.

Une vie au Kenya

Lorsqu’il a une idée en tête, l’homme va jusqu’au bout. Déjà au lycée, il écrivait sur le secret des coureurs kenyans. Après son baccalauréat, il s’est envolé pour Nairobi à l’âge de 18 ans. Peu de temps après, il a émigré. Il s’est installé en Afrique de l’Est, est devenu kényan pour s’entraîner comme les meilleurs et a rencontré sa femme Kolly. Ils se sont mariés l’année dernière. Sur place, le couple a construit une maison: «C’est comme un grand chalet, au cœur de l’Afrique», a-t-il raconté à la «Schweizer Illustrierte».

C’est dans le temple des coureurs, à Iten (2400 mètres d’altitude), qu’il travaille à retrouver son niveau d’antan. «Je pense que c’est possible», dit-il. Mais cela prend du temps. Le marathon de Hambourg dimanche (9h30) sera une première étape. Il se fiera entièrement à ses sensations. «Je ne porte pas de montre lors des courses», lance-t-il. Julien Wanders est donc bien de retour, tel qu’on le connaît.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la