Quelques minutes avant sa grande entrée en scène, Iouri Podladtchikov quitte la zone de départ. «Il y a encore dix athlètes qui arrivent, puis ce sera ton tour», lui lance un accompagnateur. Le champion olympique passe incognito devant la trentaine de spectateurs, attache son snowboard à ses pieds et s’élance.
Il réussit sans problème les huit sauts du mini half-pipe. Les sensations sont bonnes. La tension monte. Podladtchikov a senti dès le réveil que ce vendredi serait particulier. «Je me suis levé très tôt», dira plus tard le Suisse.
Le Suisse a dû lutter contre la nervosité. «Elle était plus élevée que je ne l’aurais souhaité», confie-t-il. Cinq ans après sa dernière compétition, Iouri Podladtchikov a fêté son retour à Laax (GR). À 12h18, le speaker l’a annoncé à haute voix. «Podladtchikov is back, baby!», crachaient les haut-parleurs.
Du Depeche Mode dans les oreilles
Quelques dizaines de personnes applaudissent. À quelques mètres de là, la majorité des spectateurs se dirigent déjà vers la vallée. Sur les tribunes qui bordent le half-pipe de 6,90 mètres de haut et 200 mètres de long, on compte de nombreuses places vacantes. Le speaker demande en vain plus de bruit.
Mais Iouri Podladtchikov ne remarque rien de tout cela. Une chanson du groupe britannique Depeche Mode résonne dans ses oreilles. Celle-ci l’accompagne tout au long de sa course. Il semble déjà bien en jambe. Iouri Podladtchikov réussit tous ses sauts et prend la neuvième place après la première manche. «Il peut encore le faire», constate un spectateur.
Éloge d’un coéquipier
Pour se qualifier pour la finale, l’ancien roi du half-pipe devrait encore gagner trois rangs. Il s’améliore, mais rate la sensation d’un point. «Je suis très content», avoue ensuite le troisième meilleur Suisse, avant d’ajouter: «Comme j’ai tout essayé ces deux dernières semaines, je n’ai rien à me reprocher.»
Il reçoit les félicitations de son coéquipier blessé Jan Scherrer. Celui-ci a observé ses manches de très près et s’enthousiasme: «Iouri a sauté encore mieux que prévu. Ses figures étaient très propres.» Avec cette performance, il a prouvé qu’il fait toujours partie de l’élite mondiale, ce dont certains ne le croyaient plus capable.
L’annonce de son retour a suscité beaucoup de discussions dans le petit monde du snowboard. Iouri Podladtchikov en a également fait les frais. «Certains ont trouvé ça bien, d’autres pas», commente-t-il sobrement.
Les Jeux olympiques dans le viseur
Après ces premières sensations, l’athlète se tourne vers l’avenir. «Les championnats du monde de Saint-Moritz ne sont pas un objectif pour moi», assure-t-il. Pour remplir les critères de sélection de la fédération, il devrait se rendre aux prochaines étapes de la Coupe du monde en Amérique du Nord.
Pour lui, il n’en est pas question. «Je reste ici à Laax. Actuellement, j’entraîne une jeune snowboardeuse ambitieuse de 12 ans.» Il souhaite aussi apprendre d’autres tricks. Son tour d’honneur, comme il aime l’appeler, il espère l’effectuer lors des Jeux olympiques de 2026. Iouri Podladtchikov semble pour le moment en bonne voie.