Ce vendredi, André et Romain se lanceront dans une course longue d'un peu plus de 60 kilomètres qui les mènera de l'Université de Lausanne, où ils réalisent leurs études, à leur ville natale, Genève. Mais pas de quoi toutefois effrayer les deux amis, qui prennent part tous les deux à différentes courses longues distances tout au long de l'année. «C'est pour cela que nous avons osé être ambitieux», sourit André.
Reste que ce vendredi, au travers de leur performance sportive, les deux étudiants voudront avant tout faire passer un message. Et pas des moindres. «Il manque de logements étudiants à Lausanne», pestent-ils au moment d'expliquer leur démarche.
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Trop de temps perdu sur la route
Mais rembobinons. Comment est née cette idée? «On était un matin dans les bouchons entre Genève et Lausanne et puis on s'est dit en rigolant qu'une fois, on pourrait faire le trajet en courant, explique Romain. Le projet est né un peu comme ça. Et en le préparant, on s'est demandés pourquoi on allait le faire, pour quelle raison on doit faire cette route tous les jours, etc. Et la réponse est simple: parce qu'on ne trouve pas d’appartement.»
«C'est compliqué de jongler avec les cours, les trajets, les visites d'appartements, poser des dossiers, ...», ajoute de son côté son ami André, résigné après plusieurs mois de recherches conclues par des refus. Selon leurs calculs, pour 350 heures de cours sur le semestre d'automne, ils doivent passer environ 180 heures sur la route. «Du temps de perdu», jugent-ils.
«Nous voulons ouvrir la discussion pour trouver des solutions»
Du simple défi sportif, les étudiants en sport, qui ne peuvent suivre ce cursus qu'à Lausanne, souhaitent donc utiliser leur performance pour mettre la lumière sur un problème. Sans toutefois s'apitoyer sur leur sort. «Cela dure depuis plusieurs années et on n'est pas les seuls à être dans cette situation-là. André et moi, on est un peu privilégiés, car on a une voiture, un peu d'argent de côté et on arrive à trouver des solutions. Mais il y a sûrement plein d'étudiants qui n'ont pas cette chance-là, qui connaissent des difficultés financières et qui passent des moments compliqués. Nous voulons ouvrir la discussion pour trouver des solutions», reprend Romain, qui pointe également du doigt le prix des transports publics.
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Les deux étudiants ont-ils reçu le soutien de l’UNIL? «Ils s’intéressent, mais ils ne m'ont pas montré leur soutien. Ils ont reposté une story sur Instagram et nous ont demandé de leur dire comment cela se sera passé, mais c’est tout», répondent les deux coureurs. Qu'en est-il des politiques? «Cela sort un peu de notre zone de confort, on ne se sentirait pas à l'aise d'en parler, d'autant plus que nous n'avons pas de contacts dans ce domaine. Donc on s'intéresse à l'aspect sportif, à utiliser le sport pour véhiculer un message. Et derrière, s'il y a des gens qui sont compétents là-dedans, qui s'intéressent, on est ouverts au dialogue», lancent-ils.
Le départ sera donné à 14h30 vendredi, du stade d’athlétisme de Dorigny, sur le campus de l’Université de Lausanne. L'arrivée à Genève, et plus précisément à l’entrée des Bains de Pâquis, est prévue aux alentours de 20h.