Suite et (presque) fin
Sur Netflix, «Stranger Things» amorce sa conclusion en beauté

La première partie de la quatrième et dernière saison de «Stranger Things» sera diffusée à partir du 27 mai sur Netflix. Toujours efficace, la série gagne en maturité et penche de plus en plus vers l’horreur. Critique garantie sans spoiler.
Publié: 25.05.2022 à 16:04 heures
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Dernière mise à jour: 25.05.2022 à 17:07 heures
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Dans cette 4e saison, la bande d'amis est séparée: Eleven vit en Californie avec Will et Jonathan.
Photo: Courtesy of Netflix
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Voilà près de trois ans que les fans de «Stranger Things» n’avaient plus rien à se mettre sous la dent. Après trois saisons très suivies sur Netflix, la série désormais culte des frères Matt et Ross Duffer a pris du retard, le Covid-19 empêchant tout tournage pendant plusieurs mois. Mais l’attente est enfin terminée!

La première partie de la quatrième et ultime saison, soit sept épisodes, est disponible à partir du 27 mai. Deux autres, plus longs (2h30' annoncées pour le dernier…), viendront mettre un point final aux aventures des adolescents de la petite bourgade de Hawkins au mois de juillet. Plus sombre, plus gore, cette première partie de saison 4 creuse encore les sillons tracés par les précédentes, avec une efficacité qui ne se dément pas, malgré quelques répétitions.

Reprenons pour ceux qui seraient passés à côté du phénomène, ou qui auraient eu la mémoire altérée par ces trois années de disette. «Stranger Things» suit, dans les années 1980, une bande de garçons fans de jeux de rôles, rattrapés par la réalité lorsque disparaît l’un d’entre eux, Will. Ils découvrent alors que les monstres ne sont pas que dans «Donjons et dragons», mais aussi dans un monde parallèle au leur, l’«upside down» («monde à l’envers»).

Avec l’aide d’Eleven, une mystérieuse jeune fille dotée de pouvoirs de télékinésie, les voilà contraints de se battre contre des créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres et qui, saison après saison, reviennent inlassablement les harceler en passant par des portes entre les mondes. La quatrième commence comme les autres: alors qu’ils pensaient être (enfin) tranquilles après une bataille épique en fin de saison 3, un nouveau super-vilain fait son apparition. Vecna, hommage clair à l’icône du cinéma d’horreur Freddy Krueger, s’infiltre dans les cauchemars des adolescents pour les tuer.

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Voyage entre Hawkins, la Californie et l’URSS

La nouveauté, c’est que cette fois, la petite bande est séparée. Eleven, Will et Jonathan sont partis en Californie avec Joyce, la mère des garçons. De leur côté, Lucas, Dustin et Mike sont toujours à Hawkins avec Nancy, Max, Steve et la nouvelle venue de la saison précédente, Robin. Quant à Hopper, le teasing de Netflix n’avait laissé aucune place au doute: il n’est pas mort comme tout le monde (ou plutôt personne) le pensait, mais bien vivant et prisonnier en URSS.

Si vous êtes déjà perdu à la lecture de ces lignes, pas de panique! Le premier épisode a le mérite de tout bien remettre en place. Il faut dire qu’il y a le temps: chacun d’entre eux dure entre 1h02' et 1h40'. C’est long, certes, mais aussi diablement efficace. Comme toujours lorsque des arcs narratifs éclatés s’entremêlent, certains restent plus passionnants que d’autres, mais la série parvient à un équilibre appréciable et ces changements perpétuels de lieux et de protagonistes lui permettent de se renouveler un peu.

C’est là, sûrement, que «Stranger Things» trouve sa plus grosse faiblesse: dans la répétition. Les enjeux restent toujours les mêmes que dans les trois saisons précédentes, avec les mêmes protagonistes contraints de combattre des monstres et fermer les portails qui les laissent entrer dans leur univers. On sent que les frères Duffer ont un peu de mal à se séparer de leurs personnages favoris, qu’ils renoncent bien souvent à faire disparaître (une frilosité que n’avaient pas, par exemple, les scénaristes de «Game of Thrones»).

Mais cela n’empêche pas cette quatrième saison de se montrer plus mature. Visuellement, d’abord, en penchant plus franchement vers l’horreur, voire le gore, avec une débauche de moyens mis dans les scènes d’action. Et aussi dans son intrigue, puisqu’elle met en place des explications crédibles à la malédiction de Hawkins, préparant soigneusement sa fin.

Un univers toujours hyper-référencé

La maturité est également celle de ces adolescents qui n’en sont plus vraiment. «Stranger Things» continue d’explorer des thématiques très universelles telles que la solitude et la difficulté à trouver sa place dans le monde, mais ce sont bel et bien dans leurs relations les uns avec les autres que ces nouveaux «goonies» sont les plus intéressants. À Hawkins, Lucas est tiraillé entre son amour pour les interminables parties de «Donjons et dragons» avec ses amis d’enfance et son désir d’intégrer l’équipe de basket et le cercle fermé des gens cool par la même occasion.

L’idylle entre Mike et Eleven, comme l’amitié naissante entre Robin et Steve, font partie des éléments les plus réussis d’une nouvelle saison qui fait aussi la part belle à la mélancolie. Celle de Will, à jamais marqué par son séjour dans l’upside down, et remarquablement bien interprété par Noah Schnapp, mais aussi celle de Max, endeuillée par le décès de son demi-frère. «Stranger Things» réussit à intégrer un propos très pertinent autour du traumatisme dans son histoire et ses références continues aux années 1980.

Celles-ci sont toujours aussi présentes, toujours aussi plaisantes. Elles permettraient même presque d’oublier que les acteurs et les actrices censés incarner des ados de 15 ans et demi en ont bien quatre de plus. Après tout, on pourra toujours y voir un hommage supplémentaire à l’histoire du cinéma américain, rompu à ce décalage. C’est la grande force de «Stranger Things»: avoir créé des personnages iconiques et un univers hyper-référencé suffisamment puissants pour que la machine continue de tourner, en dépit de quelques grains de sable dans les rouages et d’épisodes interminables.

Finalement, cette série s’impose comme le symbole de ce que fut Netflix et de ce qu’elle est devenue: une plateforme capable de mettre en branle l’imaginaire foisonnant de créateurs aux concepts forts, mais qui garde une fâcheuse tendance à tomber dans l’excès et le simple «fan service». Peut-être sera-t-il temps, une fois la page «Stranger Things» tournée, de soigner cette boulimie sérielle pour se concentrer sur l’essentiel.


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