Des tapis rouges, des cocktails, des tenues de soirée, la gloire et beaucoup d’argent: voilà ce qui vient en tête en premier quand on pense au métier d’acteur. Bien souvent pourtant, les coulisses sont moins reluisantes. Et chaque médaille a forcément un revers. Parfois, les réalisateurs sont des psychopathes. Stanley Kubrick avait fait faire 127 fois la même scène des escaliers à Shelley Duvall et Jack Nicholson pour «The Shining».
Souvent, la météo s’y met: il faisait -40° sur le tournage du «The Revenant» d’Alejandro González Iñárritu avec Leonardo DiCaprio. Enfin, les blessures ne sont pas rares. Natalie Portman a continué de danser avec une côte disloquée dans «Black Swan», tandis que sa partenaire Mila Kunis s’est disloqué une épaule et déchiré un ligament. Et les acteurs et actrices de séries ne sont pas non plus épargnés.
Des scènes de sexe toujours pénibles
Alors que la quatrième saison de «You» vient de sortir sur Netflix, son acteur principal, Penn Badgley, n’a jamais caché avoir eu des difficultés à incarner le rôle de Joe, psychopathe à tendance harceleur. La mise en scène de la sexualité de son personnage déséquilibré lui a donné beaucoup de fil à retordre. «J’ai joué tellement de scènes de masturbation pour Joe…
C’est bizarre, on pense toujours que ça ne va pas être grand-chose. Et puis on se retrouve à simuler une séance de masturbation devant une équipe de tournage, avec une caméra devant son visage, en sachant que la séquence sera probablement vue par des millions de téléspectateurs», a raconté l’acteur découvert dans «Gossip Girl» dans le podcast américain Podcrushed. «La production me disait des trucs du genre: ‘va plus vite, va moins vite’. J’ai toujours reçu comme consigne de rendre ces scènes moins dérangeantes… alors que mon personnage est très dérangeant.»
Les scènes de sexe sont très souvent traumatisantes pour les acteurs et les actrices, d’autant plus que, pendant longtemps, elles n’ont pas été encadrées du tout. Emilia Clarke, qui joue Daenerys dans «Game of Thrones», a expliqué à plusieurs reprises avoir été complètement démunie lorsqu’elle avait dû se mettre nue devant toute une équipe.
Seule la bienveillance de son partenaire de jeu, Jason Momoa, l’a aidée à surmonter le tournage de scènes de viol pendant la première saison. Depuis quelques années, l’arrivée de coordinatrices d’intimité, chargées de mettre tout le monde à l’aise et de répéter les scènes érotiques pour éviter qu’elles soient trop pénibles, a réellement changé la donne.
Découper des cadavres et gérer des chevaux
Mais la nudité n’est pas le seul problème rencontré par les acteurs. La violence en est un autre. Penn Badgley a d’ailleurs beaucoup souffert en tournant une autre scène de «You», pour le deuxième épisode de la saison 2. Joe tue alors un autre personnage, dont il découpe le corps par la suite. L’acteur a eu droit à un faux corps «grandeur nature, très réaliste»… et peu ragoûtant. «Tous les poils de ce corps étaient de vrais cheveux humains fixés un par un… Et le moment est venu de le couper. Cette partie était vraiment écœurante», a-t-il confié.
Certains comédiens sont confrontés à leur pire phobie sur un plateau. Celle de Kit Harington, qui joue Jon Snow dans «Game of Thrones», est d’être enterré vivant. Manque de chance, dans l’épisode 9 de la saison 6, c’est ce qui manque de lui arriver. Lors de la fameuse «Bataille des bâtards», devenue culte tant il s’agissait à l’époque (et encore aujourd’hui) de l’une des scènes de combat les plus spectaculaires du petit écran, Jon Snow suffoque, écrasé par ses propres soldats.
«On a répété pendant des jours et des jours parce que c’était un plan continu avec seulement quelques coupes, raconte le comédien au ‘Hollywood Reporter’. La plupart des chevaux sont vrais. Ils galopaient dans tous les sens et je leur tournais le dos la plupart du temps. Il fallait être très, très précis sur le timing.»
Pour donner l’illusion de la suffocation, le cadreur Sean Savage a également demandé à une demi-douzaine de cascadeurs de se jeter sur Kit Harington, alors au sol, sans lui permettre de se relever. Une scène dantesque à l’écran, qui n’a pu voir le jour que parce que les deux hommes avaient une confiance totale l’un envers l’autre. Ils avaient même convenu d’un «safe word» à dire si cela devenait insupportable pour le comédien.
Commotion cérébrale sur «Grey’s Anatomy»
En matière de cascade, Ellen Pompeo aurait aussi son mot à dire. On pourrait pourtant croire que le quotidien de l’interprète de Meredith Grey sur le tournage de «Grey’s Anatomy» était plus tranquille. Il n’en est rien. Dans l’épisode 17 de la saison 2, conformément à l’adage qui veut que les séries hospitalières présentent toujours plus de cas médicaux totalement hors normes, un homme débarque à l’hôpital avec un explosif dans le thorax. Celui-ci finit par exploser en tuant deux personnes et en projetant Meredith dans les airs. Pour cette scène, c’est une cascadeuse qui prend la place d’Ellen Pompeo.
Dès la première prise, elle se blesse sévèrement et, victime d’une commotion cérébrale, quitte. Le réalisateur, Peter Horton, demande alors à Ellen Pompeo de faire la cascade elle-même. Les débats sont houleux, a raconté l’actrice, qui avait alors déjà enchaîné 18 heures de tournage. «On se criait dessus. Quoi qu’il en soit, j’ai fini par le faire alors que je ne voulais pas. Et bien sûr, ils ont utilisé la première prise.»
Les émotions fortes, le plus difficile à jouer
Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, la dureté du tournage n’est pas toujours indexée sur l’aspect spectaculaire de la scène finale. Sur toutes les saisons de «La Casa de Papel», l’acteur Alvaro Morte, qui joue le Professeur, n’a eu aucun mal à gérer les fusillades et les courses-poursuites. Dans le dernier épisode de la saison 3 en revanche, son personnage entend des coups de feu et pense que Raquel, la femme dont il est amoureux dans la série, a été tuée. Et c’est là que les choses se sont compliquées pour le comédien.
«Le coup de feu lui fait l’effet d’une flèche dans la poitrine. Il est encore plus choqué en entendant le second, il tombe à genoux avec cette expression étrange, pleine de terreur, sur le visage -mais sans être capable de pleurer, raconte Alvaro Morte au magazine ‘Identify’. Je me souviens avoir beaucoup discuté avec le réalisateur pour savoir comment nous pouvions tourner la scène et donner à voir la réaction surréaliste du Professeur.»
Larmes et méditation
Même chose pour Bryan Cranston, inoubliable Walter White dans «Breaking Bad». Rouler dans le désert en slip au volant d’un camping-car brinquebalant? Aucun problème. En revanche, dans la saison 2, son personnage laisse Jane, la petite amie de son associé et ami Jesse, mourir d’une overdose. Elle s’étouffe dans son vomi et lui n’essaie pas de la sauver. «Walt qui regarde Jane mourir, c’était la scène la plus difficile à jouer émotionnellement, a confié Bryan Cranston à ‘Entertainment Weekly’. Brièvement, j’ai vu le visage de ma propre fille à la place de celui de Krysten Ritter (ndlr: l’actrice qui joue Jane). Je ne voulais pas pleurer, je ne l’avais pas prévu. Je pense que c’est pour ça que j’ai fermé les yeux.»
La charge émotionnelle est parfois si forte que les acteurs et actrices doivent trouver des moyens de sortir de leur personnage. Dans la deuxième saison de «The White Lotus», l’actrice Aubrey Plaza incarne Harper, une trentenaire mariée à Ethan, avec lequel elle passe un temps considérable à s’engueuler.
«C’est épuisant physiquement et psychologiquement de se disputer avec son mari pendant des heures, raconte la comédienne au ‘Hollywood Reporter’. Quand vous avez une conversation difficile avec votre partenaire, cela dure quelques heures. Mais quand vous tournez une conversation difficile avec votre partenaire, c’est toute la journée. C’est super déprimant.»
Aubrey Plaza avait donc pris l’habitude de s’enfermer dans sa loge pour faire de la méditation entre les prises.